L'humain au centre de l'action future

«Je prépare un film sur Omar Raddad»

111view : ROSHDY ZEM, Acteur-réalisateur franco-marocain

04 Novembre 2007 À 12:49

Le festival Casa Ciné a rendu un hommage appuyé à l'acteur Roshdy Zem

LE MATIN : Le festival «Casa Ciné» vous a rendu hommage. Comment vous y avez réagi ?

ROSHDY ZEM :
Je suis très flatté et très ému parce que c'est Casablanca, la ville de mes parents où j'ai passé toutes mes vacances d'été, qui me rend cet hommage. Et puis c'est toujours mieux de faire cela de son vivant. Ce geste a une particularité à mes yeux qui est très importante.

Le fait de recevoir un prix à Cannes en 2006, vous a classé parmi les acteurs consacrés en France. Cela a-t-il eu une influence sur la suite de votre carrière ?

Certainement. Après avoir reçu un prix, l'artiste doit faire plus attention à ses rôles, ses travaux… Cela a été le cas pour moi. Après avoir obtenu ce prix, j'étais conscient de la charge qui m'incombait. En un mot, je n'avais plus droit à l'erreur. Il fallait donc choisir mes rôles et mes sujets, afin d'être toujours à la hauteur des aspirations de mon public.

Vous avez participé au film de Hassan Legzouli «Tenja», en jouant le rôle d'un enfant d'immigrés marocains qui redécouvre ses racines. Est-ce que vous vous êtes retrouvé dans ce rôle ?

Comme vous dites, j'ai 111prété le rôle d'un jeune homme français qui décide de rentrer au Maroc, son pays d'origine pour enterrer son père. Le rôle que j'ai joué dans « Tenja » était très touchant, dans la mesure où je venais de perdre mon père. Ce film m'a permis de redécouvrir le Maroc, sa nature, ses habitants, ses différentes régions... C'était un vrai voyage dans mon pays d'origine.

En 2006, vous avez réalisé votre premier long métrage «Mauvaise foi». Quelles sont les retombées de ce film, qui traite d'un sujet épineux, en l'occurrence la cohabitation entre les Arabes et les juifs ?

A travers ce film, je voulais montrer au public que les acteurs d'origine arabe pouvaient jouer d'autres rôles à part ceux où la fonction du personnage nécessite à poser une bombe et puis disparaître. C'est ce qu'on appelle le cinéma poste 11 septembre. Je voulais changer cette idée que les Occidentaux ont sur les Arabes et les musulmans. Je pense que les acteurs d'origine arabe ne doivent plus accepter ce genre de rôles.

Cette première expérience en tant que réalisateur vous a-t-elle posé des difficultés au niveau de la direction des acteurs ?

Je suis plus compréhensif, en tant qu'acteur à diriger
les autres. D'ailleurs, je ne les ai pas dirigés, je les ai guidés. Les peurs, les craintes et les pudeurs des acteurs, toutes ces sensations, je les comprend parfaitement parce que moi aussi je les ai vécues et les vis toujours.

Vous partagez en ce moment l'affiche avec Mathilde Seigner et François Cluzet dans le film de Bruno Dega «Détrompez-vous». Que pouvez-vous nous dire sur cette nouvelle fiction ?

C'est une comédie sur l'adultère, sur comment garder son mari quand ce dernier aime une autre femme… c'est une comédie assez légère. Après avoir abordé des thèmes dramatiques comme celui de la guerre, je voulais faire quelque chose de léger.

Quels sont vos projets ?

Je suis en train de préparer mon deuxième long métrage qui portera sur l'affaire Omar Raddad. C'est un sujet qui me tient à cœur. J'aimerais pouvoir démontrer l'innocence de Omar, qui a énormément souffert d'avoir été accusé à tort.
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Parcours de l'artiste

Né en 1965 en France, Roschdy Zem est considéré comme l'un des meilleurs acteurs de l'Hexagone. A 20 ans, Roschdy Zem, vendeur de jeans, jouera sous la direction de l'une et de l'autre, d'abord dans Les Keufs puis J'embrasse pas, drame à l'affiche duquel il vole la vedette à Emmanuelle Béart et Philippe Noiret.

Acteur fétiche de Téchiné (il retrouve le réalisateur dans Ma saison préférée et Alice et Martin), il devient également celui de Laetitia Masson (En avoir ou pas, A vendre) et de Xavier Beauvois (N'oublie pas que tu vas mourir, Le petit lieutenant). On le croise ainsi aux côtés d'Atmen Kelif et Lorant Deutsch dans Le Raid ou du duo Alain Chabat/Gad Elmaleh pour Chouchou. En 2006, il est sacré à Cannes, recevant le prix d'111prétation masculine pour sa participation au drame historique Indigènes. La même année, il passe de l'autre côté de la caméra et réalise son premier film : Mauvaise foi.
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