Elles roulent en Jaguar et se font un réel plaisir à dérober un cendrier à deux balles
LE MATIN
26 Janvier 2007
À 16:32
Voleurs plus respectables que d'autres ? Les cleptomanes peuvent aspirer à cette sorte d'atténuation de circonstances. Et pour cause. La psychologie a plutôt tendance, à raison d'ailleurs, de traiter les cleptomanes avec un peu plus de respect que leurs frères d'armes, les voleurs tout court, ceux sans scrupules, menaçants, n'hésitant point à porter préjudice et, surtout, capables de tout.
Ils sont partout, les cleptomanes, ça peut être vous ou moi, ils n'ont aucun besoin matériel de chaparder le premier objet qui a le malheur de se trouver à portée de main, mais, pourtant, ils n'hésitent pas à passer à l'acte et à voler pour… voler tout simplement. C'est que le cleptomane ne peut résister à la tentation de s'approprier un objet qui ne lui appartient pas et ce, loin des règles morales, qui stipulent qu'il faut s'acquitter de son montant au préalable, s'il est à vendre, naturellement.
Justement, tout le mystère réside dans cette façon d'appropriation. Scientifiquement parlant, la cleptomanie (ou kleptomanie) siège parmi les troubles du contrôle des impulsions. L'étymologie de ce mot puise sa source dans les mots d'origine grecque« kleptês » (voleur) et du bas latin« mania » (habitude, mais aussi folie ou fureur), la cleptomanie est classée comme une maladie qui consiste en une obsession à voler des objets.
Le cas d'une dame de la haute société est édifiant à ce propos. L'histoire se passe à Marrakech, dans un magasin d'articles électroménagers. Une foule d'employés s'est subitement rassemblée autour de l'une des caisses du magasin. L'un d'eux s'empresse de passer un coup de fil à untel, un respectable homme d'affaires. «Nous venons de coincer votre épouse alors qu'elle voulait quitter le magasin avec un thermos caché dans son sac…», expliqua l'employé de service. L'épouse en question, également fille d'un richissime homme d'affaires, éclate en sanglots, le regard porté sur sa «Jaguar», qu'elle avait de garer devant le magasin.
Le thermos en question ne vaut pas plus d'une centaine de dirhams, l'équivalent de ce que cette dame laisse parfois au gardien du parking. C'est un cas parmi d'autres, mais c'est un cas exemplaire.
La cleptomanie est en fait une aliénation caractérisée par la tendance à dérober sans nécessité, sans qu'on y soit poussé par le besoin, la misère ou d'autres mobiles ordinaires du vol. Pis encore, le cleptomane obéit à un besoin irrépressible de voler. L'acte, une fois commis, met en effet fin à une lutte douloureuse entre la conscience et cette obsession d'accaparer un objet quelconque. Dans la plupart des cas, la cleptomanie touche la gent féminine. Généralement, les cleptomanes sont issues de familles aisées et sont aisées elles-mêmes.
Autre caractère du cleptomane, les objets volés sont sans aucune valeur et finissent, en général, dans un débarras ou, vulgairement, dans une poubelle. Le plus important, c'est l'acte en soi, celui de franchir le pas, de s'approprier un objet, préalablement sous surveillance, et d'outrepasser cette vigilance, d'en triompher en quelque sorte.
Le risque que cela suppose, celui de se faire prendre la main dans le sac, la montée d'adrénaline qui l'accompagne et tout le reste constitue la jouissance du cleptomane. Cependant, généralement de nature honnête, ce dernier ne tarde pas à éprouver des sentiments de culpabilité juste après l'accomplissement de son forfait.
En effet, les annales relatives à nos amis cleptomanes regorgent d'histoires où les protagonistes, une fois leur acte commis, n'hésitent pas à se faire remarquer explicitement. Une façon de se faire absoudre de la souillure d'un tel acte, vu qu'ils sont honnêtes à la base.
Pour bien différencier un cleptomane d'un vulgaire voleur, la préméditation n'est pas le fort du premier, alors qu'elle représente une solide base pour le second.
En d'autres termes, contrairement au voleur, le cleptomane ne calcule pas son coup. Il est là, dans un simple exercice quotidien comme celui de faire des courses lorsque, subitement, ses pulsions prennent le dessus, en vertu d'une situation donnée.
A ce moment, tous ses sens se mettent en éveil. Le premier objet qui passe sous son regard est scanné et fait, de facto, l'objet de sa convoitise, ou de son défi pour ainsi dire.
A ce moment précis, si quelqu'un arrive à lire dans ses pensées et vient à lui offrir l'objet de la convoitise, cela n'aura d'autre effet que de le décevoir, sans lui procurer le plaisir qui a été derrière ce signal d'alerte. C'est, ainsi, le mode de fonctionnement d'un kleptomane. Passer à l'acte est la seule source de satisfaction.
Par ailleurs, la cleptomanie est souvent liée à une impulsion sexuelle, tournant autour du secret, de l'intimité, etc., et nombreux sont les cleptomanes à associer leurs actes à des orgasmes intenses.
D'ailleurs, les cleptomanes éprouvent une réelle souffrance à se confier, car leurs confidences reviendraient à étaler leur vie intime, tout simplement. ------------------------------------------------
Clepto ou Klepto, et après ?
La cleptomanie est une maladie mentale qui se caractérise par une obsession à voler. La cleptomanie se caractérise par des vols impulsifs, sans organisation, portant la plupart du temps sur des objets sans valeur. Le voleur kleptomane n'est pas motivé par la valeur du produit dérobé, ses vols n'ont pas de motifs financiers.
La jouissance se trouve dans l'acte, dans le fait même de dérober. La nature même de l'objet du vol et son caractère compulsif font que le kleptomane se fait fréquemment arrêter, par exemple aux portiques de sécurité qu'il franchit sans aucune précaution, parfois animé par un sentiment de culpabilité le poussant à se faire prendre.
L'intensité de la pulsion éprouvée durant l'acte de vol permettrait au voleur cleptomane de surmonter une phase dépressive. En se faisant arrêter, celui-ci fait ensuite le plein de "strokes" (signaux de reconnaissance en analyse transactionnelle) par l'attention qu'il s'attire.
Une personne concernée par ce trouble ne peut se retenir de dérober des objets, la plupart du temps sans aucune valeur (des pièces, des couverts, des pin's, ...). Souvent, elles ne se rendent compte d'avoir effectué ce vol que quelque temps après. La personne atteinte de cette maladie est la plupart du temps une personne aisée qui n'a nul besoin matériel de voler.