Spécial Marche verte

Les pratiques urbaines de la «Darija»

Du 16 au 18 avril, un colloque socio-linguistique urbain se tiendra à l'Ecole des Beaux-arts

17 Avril 2007 À 16:30

Un réseau de chercheurs venus de France, d'Algérie, du Liban et du Maroc organise un colloque socio-linguistique urbain dont le thème est : «Langues et musiques, pratiques urbaines plurielles». En effet, la scène musicale marocaine a connu un grand essor depuis l'an 2000. Plusieurs festivités semblent aujourd'hui indissociables du mouvement musical actuel, sur le plan à la fois artistique et social.

Partout, on entend utiliser le mot «movida» ou encore «Nayda», des termes qui montrent l'ampleur du phénomène musical marocain.
Il est accompagné de la prise de conscience d'une nouvelle identité plurielle prenant appui sur la «darija» ou «al-maghribiya». Cette langue dialectale souvent considérée comme synonyme d'arriération et d'analphabétisme, est appelée aujourd'hui à jouer un nouveau rôle. Dans un contexte de changement social et culturel, une nette évolution du statut de la darija au Maroc est à remarquer.

Celle-ci pénètre désormais dans des champs dont elle était jusqu'alors souvent exclue (chanson à textes, littérature, par exemple).

Grâce à elle, aujourd'hui, c'est une génération décomplexée qui prend la parole pour parler de son pays.

Forts de ce constat, et pendant trois jours, les 15 chercheurs se sont réunis pour débattre des différents sujets tournant autour des nouvelles pratiques urbaines.

Selon les organisateurs, les participants aux tables rondes vont devoir adopter un ton accessible au grand public via des interventions courtes et claires donnant accès aux discussions.La première table ronde qui a eu lieu hier, à l'école des Beaux-arts, a eu comme thème, «Langues du quotidien, langues maternelles», une conférence qui s'est focalisée sur le retour en force et la prise en main de la «darija».
En effet, les participants ont fait un zoom socio-linguistique sur les divers aspects qu'occupe la «darija» au Maroc. L'exemple a été donné par la musique du groupe «Hoba Hoba Spirit».

Dans un premier temps, les participants, notamment, Jacqeline Billiez, Cyril Trimaille et Myriem Abouzaid ont expliqué que le groupe casablancais Hoba Hoba Spirit est un exemple éloquent du phénomène. Le groupe s'exprime en «darija», en français, en anglais, en espagnol ou en tamazight, assurant ainsi une pluralité linguistique pour décrire un Maroc pluriel.Un troisième angle a été relaté lors de la table ronde du lundi 16 mai.

Il s'agit de la place de la darija sur le devant de la scène et son utilisation dans les NTIC. La «darija» a aussi un passage dans l'écrit spontané sur Internet et dans les SMS, utilisant une graphie latine modifiée. Cet angle a été présenté par Dominique Caubet. Des soirées artistiques et autres tables rondes relatives au mouvement musical et à son bouillonnement au Maroc et en Egypt sont au programme. Le colloque prend fin aujourd'hui.
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Programme du colloque socio-linguiste

Au programme de la deuxième table ronde dont le thème est «Musique et échanges transméditerranéens» les participants vont débattre de «la danse et paroles hip hop, de la richesse des échanges transméditerranéens», de «L'étude populaire et langage générationnel: Billal chantre des Hittistes et des Harragas». «Louzine ou la fabrique d'une culture alternative en France et en Algérie» et «Abd Al Malik, chansons d'une à l'autre rive».

Concernant la troisième table ronde, dont le thème est «Rap: musique de jeunes», les sujets programmés sont «Un nouveau type de chanson politique et sociale: le rap palestinien», «La dynamique créative d'une ville: le cas de Marseille», «Pratiques langagières et mises en scènes dans le rap» et «Conditions politiques et sociales de l'apparition du rap en Algérie».

La dernière table ronde aura comme thème «Bouillonnement musical au Maroc et en Egypte» Elle englobera un «Petit Aperçu de la nouvelle scène musicale cairote de l'année 2006», «Le Boulevard, naissance d'un festival africain», «L'oscillation des attitudes envers la musique des jeunes» et le «Mouvement musical et transformation sociale».
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