Commerce et culture solidaires
Réunion les 15 et 16 décembre des acteurs de l'économie équitable
LE MATIN
13 Décembre 2006
À 16:31
Le Réseau marocain de l'économie sociale et solidaire (REMESS) organise en partenariat avec l'ONG Oxfam Québec, les 15 et 16 décembre à Kénitra, un atelier sur les enjeux de l'économie solidaire au Maroc.
Des experts étrangers participeront à ce rendez-vous centré sur l'aspect éthique de cette deuxième voie de développement. Les participants discuteront du projet de charte nationale et du plan d'action pour ce secteur émergent, notamment les aspects liés au commerce équitable. Mais avant de se lancer dans ce débat, quelle est sa définition? Selon la charte de la Plate-forme pour le commerce équitable (PFCE) en France, l'objectif de ce commerce est de permettre aux producteurs et aux consommateurs de vivre leur dignité.
Dans ce sens, les invités traiteront des produits éligibles à cette nouvelle forme d'échange économique telles que l'argan et l'huile d'olives avec présentation des expériences réussies. Pourquoi avoir choisi précisément la capitale du Gharb pour débattre de ce thème ? "Dans cette ville, il existe déjà un début d'expérience avec la création d'une boutique solidaire qui vend exclusivement des produits issus de cette nouvelle voie de développement", lance Abdeljalil Cherkaoui, président du REMESS.
Cette réunion sera l'occasion d'intégrer la culture dans l'esprit solidaire par le lancement d'un CD réalisé avec les "Issaoua" (confrérie religieuse) à Meknès qui sera vendu pour 18 euros en Europe. "Cette opération d'intégration de la musique à l'économie solidaire a été initiée par l'association solidarité développement (SODEV) à Kénitra. Elle consiste à verser 20% du prix de ce CD pour financer des projets de développement durable.
Déjà une expérience similaire a été réalisée avec une tribune à Boulemane", ajoute l'ancien président de l'Association marocaine d'appui à la promotion de la petite entreprise (AMAPPE).
Les participants chercheront également à définir de nouveaux concepts liés à ce secteur émergent, car aujourd'hui, il y a confusion entre économie sociale et solidaire. La première cherche à mettre l'Homme au centre de ses activités comme les coopératives et les mutuelles. Tandis que la seconde ajoute à cette préoccupation la responsabilité environnementale. Plus précisément, elle intègre dans sa démarche la notion de développement durable accompagné de l'engagement de payer un produit avec un prix équitable. Si cette forme d'échange économique reste encore embryonnaire dans notre pays, il existe à l'étranger des expériences innovantes. Exemple du Crédit coopérative en France qui finance actuellement des boutiques solidaires.
Le débat sur l'économie solidaire ne fait que commencer au Maroc en raison de l'évolution de notre pays ainsi que de la transformation de la cellule familiale. Devant cette situation, l'Etat n'a pas entamé une réflexion sur les ressources humaines qui répondraient dans l'avenir aux demandes résultant de ces changements sociaux. "Pour le moment, nous assistons à la transformation du lien social ; il n'existe pas encore des personnes s'occupant des personnes âgées. Nous pouvons créer dans les secteurs sociaux des emplois de services pour développer l'économie solidaire", estime M. Cherkaoui.
Face à la crise de l'Etat providence, l'économie sociale est devenue un thème de confrontation entre politique et société civile. D'un côté, des pouvoirs publics affirment ne pas avoir les moyens pour s'occuper de tout ; de l'autre, des associations demandent de quantifier l'utilité sociale et de lui donner une valeur économique.
C'est dans ce sens qu'une expérience menée en France accorde des points aux bénévoles pour pouvoir les échanger contre des services.n
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Le consommateur devient militantLe fonctionnement de l'économie mondiale souffre de déséquilibres qui affectent les producteurs de produits agricoles des pays pauvres, victimes d'une politique basée sur les rendements et le profit.
Les prix et les conditions d'achat leur sont imposés sans négociation et ces prix d'achat ne couvrent même pas les coûts de production. Ainsi, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), sur les 840 millions de personnes qui souffrent de la faim en 2005, 800 millions sont des agriculteurs.
" Face à ce constat, l'objectif du commerce équitable est de permettre aux producteurs et aux consommateurs de vivre leur dignité et leur autonomie, en retrouvant la maîtrise et le sens de leurs actes ", indique la charte de la Plate-forme pour le commerce équitable (PFCE) en France où on trouve 250 points de vente spécialisés, des entreprises de vente par correspondance et des sites internet consacrés à la vente en ligne de produits issus du commerce équitable.
Ajouté à cela, la distribution via les 500 boutiques " bio " et plus de 10 000 grandes et moyennes surfaces distribuant des produits alimentaires. Cette " consommation responsable " induit des changements de comportement : le " consommateur " laisse place au " consom'acteur", citoyen pour qui l'acte d'achat revêt une dimension militante.