Qui ne connaît pas l'émission fétiche des Marocains, "Walima", remplacée quelques années plus tard par "Maida", qui faisaient la joie des femmes passionnées d'une cuisine aussi bien traditionnelle que novatrice, et ce grâce à leur initiateur et présentateur, le spécialiste en art culinaire Abderrahim Bargach.
Abderrahim Bargach, artiste jusqu'au bout
MAP
06 Décembre 2007
À 16:57
Celui qui a donné de la valeur à notre cuisine dans toute sa diversité et sa saveur, tout en prodiguant des conseils nutritifs et en innovant des astuces pour enrichir notre table quotidienne.
L'instigateur de ces programmes que nous n'oublierons jamais, vient de nous quitter, mercredi, à l'âge de 59 ans, laissant derrière lui tout une panoplie de souvenirs dans son univers culinaire, ainsi que celui du petit écran ou du 7e art, car feu Abderrahim Bargach était, également, un acteur de talent, qui a incarné de nombreux rôles avec beaucoup de passion et de professionnalisme. Nous l'avons, ainsi, apprécié dans le long-métrage «A la recherche du mari de ma femme» où il a campé avec brio le rôle du coiffeur, puis dernièrement dans le feuilleton «Al-Moustadâafoune», ainsi que le dernier cru du réalisateur Hassan Benjelloun «Où vas-tu Moshé» où il a campé avec perfection le rôle d'un rabbin. «C'était un grand monsieur, qui ne se limitait pas uniquement à jouer son rôle, mais qui contribuait à la conception pour donner une certaine épaisseur au personnage. Il était aussi très méticuleux dans son travail et ne laissait rien passer. Sur le plan humain, feu Abderrahim était quelqu'un de très sensible et plein d'humour.
C'était aussi un grand intellectuel et une véritable encyclopédie de culture, qui trouvait toujours le mot qu'il fallait à la place qu'il fallait. C'est une perte pour l'univers artistique et culturel. Ce qui me chagrine le plus est le fait qu'il n'a pas vu le film «Où vas-tu Moshé» au Festival de Tanger où il était invité», affirme avec beaucoup d'émotion le cinéaste Hassan Benjelloun, dont la rencontre avec feu Bargach ne date pas d'aujourd'hui, puisqu'ils avaient déjà travaillé dans le film «Yarit» en 1992, puis constitué une société de production ensemble. Une belle relation d'amitié qui ne s'est jamais démentie.
Sa première apparition en tant que comédien humoriste, qui en a surpris plus d'un, s'est effectuée en compagnie de son ami Said Naciri, dans l'inoubliable sit-com «Ana ou khouya ou mratou» (Moi et mon frère et sa femme). «Ma relation avec feu Abderrahim Bargach n'était pas simplement basée sur le travail, mais un fort lien nous a réuni pendant plusieurs années. Je me rappelle ma première rencontre avec Abderrahim, en 1988, alors que je présentais un «One man show» à Mohammedia. Mon interprétation l'avait séduit, alors il m'a présenté à la télévision.
Un coup de main de sa part que je n'oublierai jamais et qui a été très marquant dans ma carrière artistique. Comme je n'oublierai jamais les différentes festivités que nous avons animées ensemble, lui en français et moi en arabe. J'ai beaucoup appris de lui dans ce domaine. Notre relation s'est encore fortifiée lorsque je l'ai choisi pour participer au sit-com «Ana ou khouya ou mratou» qui était sa première apparition en tant que comédien. D'autres travaux ont suivi, notamment la pièce théâtrale «Cheffar ou ândou damir» (Voleur, mais possède une conscience). Il était très doué pour l'humour, sans parler de son côté humain, car Abderrahim était un homme très généreux qui aimait faire le bien et en plus un très bon vivant, dont on ne se lassait jamais. Que Dieu l'ait en Sa Sainte Miséricorde». Tous ceux qui ont approché Aderrahim Bargach ont décelé en lui l'homme sensible et l'artiste-né, ainsi que l'intellectuel dévoué qui a également, collaboré dans différents écrits, dont l'ouvrage "Vivre Marrakech" de Mohamed Sijilmassi avec deux beaux textes intitulés respectivement : "Cuisine et saveurs de Marrakech", puis "Le thé dans le savoir-vivre de Marrakech".
Une activité qui ne lui est pas étrangère, puisque Abderrahim Bargach possédait une formation journalistique, étant donné qu'il était lauréat du Centre de formation des journalistes de Rabat et du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes de Paris (rue du Louvre), tout en collaborant avec plusieurs organes de presse français, à savoir "Le Monde", "Libération", "Psychologie", l'Agence France Presse et l'Agence centrale parisienne de presse. Le défunt a également occupé de multiples postes au sein de l'Agence Maghreb Presse, en tant que correspondant à Paris, rédacteur en chef central, puis chef du bureau régional de l'Agence à Casablanca. Mais, son amour pour le petit et le grand écrans l'ont converti en animateur talentueux et en comédien doté d'un grand charisme.
Le journaliste confirmé est devenu alors un homme de l'image, qui a vite réussi le pari avec des émissions culinaires, fruits de son savoir acquis dans l'International Institute of Food and Wine, puis un comédien sollicité dans plusieurs films de cinéma, de sitcoms et de séries télévisées. -------------------------------
Témoignage
La MAP vient de perdre dans la douleur un des siens, feu Abderrahim Barghach, ex-rédacteur en chef de l'agence à la fin de la décennie 70, qui s'était révélé ultérieurement au grand public, comme un artiste de talent, un animateur de télé et un comédien.
A la MAP, la nouvelle est tombée comme un couperet. A la vitesse de l'éclair, elle a tonné à la rédaction centrale et dans tous les bureaux régionaux et internationaux de l'agence, immobilisant pour un temps, hommes et matériels.
Les services centraux, grouillants en cette période de la journée, se sont trouvés soudainement frappés d'une atrophie générale. C'est que l'homme y a laissé ses empreintes. Qui de ses collègues de la MAP ne se souvient pas de sa grande silhouette, sa barbe bien taillée, petites lunettes rondes posées sur le nez, enjambant à grands pas, couloirs et salles de rédaction avec ses inévitables bretelles qui font partie intégrante de ses préférences vestimentaires ? Qui ne se rappelle pas de ses éclats de rire et parfois de ses coups de colère qui ne durent que le temps de la transmission d'une dépêche ?
Aujourd'hui, c'est avec une grande tristesse, un lourd chagrin et une forte charge émotionnelle que ses confrères de la MAP se remémorent le passage à l'agence de feu Abderrahim Bargach.
Le défunt était certes depuis quelque temps alité, mais personne ne voulait croire à cette fatalité, sauf à se résoudre à la volonté divine, celle-là même qui s'est manifestée ce mercredi 5 décembre 2007.
Voulant tout faire loin de la démesure et tout parfaire dans la mesure, le défunt avait quitté la MAP au milieu des année 80 pour se lancer dans un autre domaine, celui de la télévision où il s'est révélé au grand public en animant la célèbre émission Walima, expliquant avec le talent qui lui est reconnu, la richesse et la diversité de l'art culinaire marocain. En cela, il était incontestablement un pionnier. Et comme le domaine télévisuel est vaste, il a voulu dans son élan, l'investir de bout en bout, mettant à profit son bagage intellectuel et ses penchants avérés pour l'innovation et la créativité.
Et c'est ainsi qu'il s'est lancé dans le cinéma. Le public le découvre à nouveau, mais cette fois-ci dans l'habit de l'acteur assidu et talentueux, un talent que, faute de temps, il n'a pas pu affûter comme il le souhaitait.
La famille de la MAP, solidaire, unie, et compatissante, tient aujourd'hui à s'incliner devant la mémoire du défunt, à saluer le journaliste, l'artiste et l'homme de cœur qu'il était. Que Abderrahim Bargach repose en paix.