Le changement commence par la formation
R>L'Institut royal de police entre pédagogie, pratique et formation continue. L'ère nouvelle se profile à l'horizon
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Derrière la muraille qui abrite ses 20 hectares, l'Institut royal de police de Kenitra (IRP) se dresse, majestueux, avec ses grands bâtiments. Il a pour mission de former une police digne de la confiance que lui attribuent les citoyens. L'ère nouvelle se profile bel et bien à l'horizon.
Créé en 1978, l'IRP a dû voir défiler bien des lauréats. Formation de base ou continue, ces éléments du corps de police continuent à oeuvrer pour la sécurité du pays, des citoyens et de leurs biens.
L'IRP est un complexe dont la vocation est d'assurer à la fois la formation initiale des nouvelles recrues et la formation continue, ainsi que la spécialisation et le perfectionnement.
De ce fait, l'école de police de Bouknadel, qui assure la formation des gardiens de la paix, à travers ses 600 places et l'école de police de la ville d'Ifrane, dont la capacité d'hébergement est 400 places, sont toutes rattachées à l'IRP. Au total, ce sont quelques 3.000 policiers qui suivent actuellement une formation dans diverses spécialisations.
Ali Amhaouch, chef de la Division des écoles et de la coopération, précise que «l'IRP se fixe comme objectif l'organisation des stages de base, de spécialisation et de perfectionnement. Le policier est ainsi formé pour faire face à toute sorte de criminalité. De même, la formation continue constitue notre principal souci». En ce sens, un premier groupe d'une quarantaine de formateurs vient de prendre du service, avec comme mission d'appliquer des programmes bien ficelés et d'assurer la formation continue au profit des fonctionnaires de la Sûreté nationale, au niveau des services préfectoraux et régionaux.
Parallèlement, l'Institut ne se contente pas uniquement de préparer la documentation professionnelle des services demandeurs lors des formations continues, mais il s'attelle également à l'échange d'expertises avec plusieurs pays en matière de sécurité. De même, plusieurs stagiaires en provenance de pays amis sont formés au sein de l'IRP.
Par ailleurs, le cursus de formation est élaboré par la direction des ressources humaines, les formations étant réparties en cinq unités d'enseignement. Abdelaziz Zakaria, directeur de l'IRP, énumère «L'unité de la sécurité publique, l'unité de la police judiciaire, l'unité des renseignements généraux, l'unité de formation sportive et paramilitaire et l'unité de culture générale».
La durée de ces stages varie selon le grade convoité : 7 mois pour les gardiens de la paix, 10 mois pour les inspecteurs, 12 mois pour les officiers et 20 mois pour les commissaires
Cette dernière formation s'avère la plus longue et son programme s'étale sur deux périodes.
«La première période consiste en un tronc commun. Les cours qui y sont dispensés se rapportent à la sécurité publique, à la police judiciaire et aux renseignements généraux, touchant aussi à la formation de la sociologie politique», explique Abdelaziz Zakaria.
Toutefois, et afin d'accompagner les cours pédagogiques, les activités sportives s'avèrent importantes dans le programme des stagiaires. Ces cours ne se limitent pas aux exercices physiques.
Ils cernent des activités paramilitaires, d'armement, d'exercice de tir, de self-défense et de secourisme. Lors de la seconde période de formation, d'autres spécialités s'ajoutent au lot. «Il s'agit notamment de cours sur la lutte contre le terrorisme et la criminalité, le contentieux administratif, l'enseignement des langues, la gestion des crises, la déontologie policière, la topographie, la police de proximité, l'enquête et l'ordre serré», précise le directeur de l'IRP.
Formations continues et spécialisations
Avec ou sans arme, l'ordre serré occupe une place importante dans le cursus de formation à l'IRP et dans les écoles régionales de police. Son objectif est d'enseigner les mouvements collectifs renforçant la cohésion du groupe, pour se préparer à d'éventuelles interventions.
Cette panoplie de formations englobe différents stages.
Le stage de motocyclisme est axé sur les cours théoriques de droit et règlements sur la conduite pratique. Le stage de sécurité rapprochée est souvent organisé à l IRP. Celui de la police montée se fait à l'Ecole royale de cavalerie. Cette formation est basée sur la maîtrise des techniques équestres. Une autre formation se déroule, quand à elle, au Centre cynophile national de police, où le chien et son maître apprennent à former un binôme complice, avant leur affectation dans les services demandeurs.
A cette panoplie s'ajoute bien évidemment d'autres stages en photographie, informatique, conduite et techniques de constatation des crimes et délits.
L'infrastructure locale
Afin d'assurer une formation moderne et efficace, l'IRP s'est doté de plusieurs moyens pédagogiques, de salles de classes aménagés et connectées à Internet, d'un espace réservé au tir, d'une salle de sport, d'un centre audiovisuel, de terrains pour l'entraînement aux diverses activités policières.
Profitant de ses 20 hectares, l'IRP renferme un parcours du combattant présentant 20 obstacles minutieusement étudiés. En effet, tous les lauréats sont amenés à participer aux exercices, afin de renforcer leurs aptitudes physiques.
Un peu plus loin se trouve une autre salle de sport couverte, ouverte aux stagiaires et aux fonctionnaires, qui apporte un soutien efficace à la formation.
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Conditions d'admission
Afin d'être admis à l'IRP, les différents candidats marocains, âgés entre 21 et 30 ans, hommes ou femmes, doivent subir des épreuves écrites, orales et d'aptitude physique. Le niveau d'instruction s'avère important, car il est lié à la formation convoitée.
Ainsi, pour se présenter au concours de commissaire de police, le candidat doit avoir une licence en droit ou en économie.
Pour être admis à celui d'officier de police et de paix, le prétendant doit être muni de son diplôme d'études universitaires générales (Deug) ou équivalent.
La présentation au concours d'inspecteur de police, quant à elle, requiert un baccalauréat et pour s'inscrire à celui de gardien de la paix, le candidat doit avoir un niveau de 3e année révolue de l'enseignement secondaire.
Ali Amhaouch précise qu'«une fois admis à l'IRP, les stagiaires sont soumis au régime d'internat, mais bénéficient de vacances hebdomadaires, trimestrielles et annuelles. Ils sont logés et nourris à l'institut».