Fête du Trône 2006

De Ma-al-Aïnine à Mohammed VI

31 Juillet 2007 À 20:55

Sa Majesté le Roi a présidé hier à Tétouan une importante cérémonie de prestation de serment des officiers lauréats des grandes écoles.

A cette occasion, en s'adressant aux jeunes officiers, il a donné le nom de Ma-al-Aïnine à la jeune promotion et affirmé que le résistant marocain, originaire de Smara, « incarnait la ténacité et la résistance farouche de toutes les tribus du Sahara marocain et de tous nos fidèles sujets de la région face aux convoitises coloniales de l'époque ». Rappelé du haut de la tribune du Méchouar du Palais Royal de Tétouan, le souvenir a valeur de symbole.

Mohamed Ma-al-Aïnine, à la fin du XIXe siècle s'était soulevé contre l'occupation du Sahara au nom du Sultan Moulay Abdelaziz et avait opposé une farouche résistance aux troupes espagnoles, repoussées ainsi jusqu'à Dakhla (Villa Cisneros).

Dans la même tradition d'allégeance au Roi du Maroc, son fils Al Aghdaf était désigné représentant du Roi dans les provinces sahariennes et un autre fils de Ma-al-Aïnine, El Hiba, ira jusqu'à prendre la tête d'une armée formée de soldats originaires du Sahara pour venir défendre la ville de Marrakech alors assiégée en 1912 par les troupes françaises dirigées par le général Charles Mangin.

Il convient d'ajouter qu'au lendemain de l'indépendance du Maroc en 1955, le même Al Aghdaf Ma-Al-Aïnine s'était rendu de Smara à Rabat à la tête d'une importante délégation pour faire acte d'allégeance à feu S.M. Mohammed V qui l'avait longuement reçu au Palais Royal.

C'est donc à juste titre et bien à propos que, plus d'un siècle après cette période si cruciale et marquante dans l'histoire de notre pays, Sa Majesté le Roi Mohammed VI rappelle aux jeunes officiers ce que fut Ma-al-Aïnine, sa légende, ses combats et son patrimoine historique. Nous vivons, de ce fait, une interactivité entre le passé et le présent, ces derniers nous ouvrant la voie d'un avenir qui ne saurait se soustraire à notre mémoire collective. Ma-al-Aïnine ne fut pas seulement le combattant intransigeant, la « figure marquante » du nationalisme marocain à cette époque, mais aussi le maître à penser de nombreuses générations, le chef pieux et le défenseur acharné de l'Islam.

La ville de Smara, ses monuments, son prestige lui doivent beaucoup. Et c'est l'une des raisons pour que, conscient d'une telle dimension, le Sultan Moulay Abdelaziz dépêcha auprès de lui son cousin Moulay Driss qu'il nomma Khalifa dans les provinces du Sud. C'est dire que la continuité du combat ne s'est jamais interrompue, en dépit des vicissitudes de l'histoire, de l'occupation coloniale et, aujourd'hui encore, des velléités hégémoniques – inspirées au demeurant des mêmes principes d'impérialisme d'antan – que nourrit une Algérie que rien n'arrête.

Les générations nouvelles d'officiers sont donc, à l'initiative heureuse de Sa Majesté le Roi, conviées à méditer et à faire siennes un héritage historique marqué du sceau de la lutte patriotique et du feu sacré de la liberté.
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