Tony Blair, avocat de l'islam
LE MATIN
04 Juin 2007
À 17:04
Le Premier ministre britannique sortant, Tony Blair vient de lancer un Fonds pour la promotion des valeurs de tolérance de l'islam, d'un montant de 1 million de livres Sterling.
Cette initiative a été prise et proclamée par le chef du gouvernement britannique devant quelque 200 oulémas dans une réunion qu'il a présidée et au cours de laquelle il a procédé, tout à son honneur, à une sorte de « mea culpa ». Il a reconnu, en effet, que plusieurs chrétiens et musulmans ont exprimé leur désaccord et leur opposition à sa politique étrangère en Irak et en Afghanistan, autrement dit à son soutien explicite à la guerre que George W. Bush mène dans les deux pays.
Tony Blair a souligné que l'islam préconise la tolérance, la modération et le modernisme, mais qu'il est « pris en otage par les extrémistes qui ne représentent en rien cette religion, tout comme les extrémistes chrétiens qui, au Moyen Age, utilisaient la torture pour obliger les gens à les rejoindre». Se fondant sur un rapport officiel, publié à l'occasion d'une conférence de deux jours sur l'islam à l'université de Cambridge, qui souligne que « l'enseignement des valeurs islamiques au Royaume Uni ne reflète pas les réalités de cette religion et de ses adeptes dans la société britannique», le gouvernement anglais entend ainsi y pallier au plus vite.
Mieux, une telle mesure contribuera, à ses yeux, à renforcer l'enseignement et surtout la formation d'imams britanniques au lieu d'en faire appel à d'autres à l'étranger. Si des voix se sont élevées au sein même du parti travailliste pour dénoncer une «tentative de division de la communauté islamique de Grande Bretagne», Tony Blair ne semble pas enclin à l'entendre de cette oreille.
Il a justifié son projet par le fait que «plusieurs membres de la communauté musulmane ne veulent plus voir l'islam associé à la violence et à l'extrémisme». Il n'a pas tort, en effet, car la Grande Bretagne est aujourd'hui le pays le plus tolérant en matière confessionnelle, le plus ouvert en termes de métissages et de concentrations ethnico-religieuses. Une telle situation a fini, à terme, par l'exposer aux revendications qui se sont muées en actions terroristes et que Scotland Yard ne cesse et n'en finit pas de déjouer.
Tony Blair, confronté plus que d'autres pendant son mandat au problème du terrorisme, proclame que l'étude de l'islam en tant que discipline à l'université est «d'une importance stratégique». Il quitte le pouvoir sur une note conciliatrice, car son ralliement au bellicisme de George W. Bush l'avait relégué dans le camp des faucons et des adversaires de l'islam. La décision qu'il vient de prendre, controversée voire combattue, ne peut pas ne pas constituer un signe positif aux yeux de la communauté musulmane dans le monde.