Un rapport tendancieux
LE MATIN
29 Janvier 2007
À 16:53
La conférence régionale arabe sur les systèmes de justice, réunie les 26 et 27 janvier au Caire, vient de défrayer la chronique. Elle a, peu s'en faut, rejeté un rapport sur la justice au Maroc qu'un groupe de juristes marocains a soumis à son approbation. Ni plus ni moins, ce rapport se caractérise par une partialité insoutenable et de « graves lacunes ». Le mot est faible, il pèche par euphémisme car le rapport en l'occurrence est un véritable réquisitoire mené sous le prisme politique et idéologique.
Et ce faisant, il perd de sa substance et de sa portée. Qu'il relève une série de problématiques ou d'anomalies, liées au fonctionnement, à la lenteur voire à l'inadaptation de certains textes, ne fait pas de doute. Après tout, les responsables concernés, les avocats, les magistrats sont enclins à le reconnaître.
La justice, par ailleurs, n'est-elle pas depuis quelques années sous les Fourches caudines des critiques et n'est-elle pas devenue en même temps un vaste chantier de réformes ? Or, le rapport présenté au «Centre arabe pour la primauté de la loi et de la probité » semble inspiré davantage par une critique systématique que par l'esprit d'efficacité.
Et c'est la raison pour laquelle, dans un même élan et faisant chorus, magistrats, avocats, hommes de loi et responsables du ministère de la Justice au Maroc en ont dénoncé la teneur et déploré les lacunes et les erreurs.
Il convient de rappeler, sur ces entrefaites, que les acteurs qui incarnent véritablement la justice au Maroc étaient réunis au Caire. Ils se distinguent par leur diversité, leur sensibilité politique et culturelle. Ce qui ne les a pas empêchés, pourtant, de condamner d'un bloc un rapport jugé tendancieux et inspiré du dénigrement.
C'est une démarche qu'il faut louer, d'autant plus que la Conférence arabe de la justice a opposé une nette fin de non-recevoir au compendium en question et s'est engagée à produire « une version corrigée du rapport tenant compte des avis de tous les acteurs de la justice au Maroc».
Elle a recommandé la mise en œuvre d'un Code régional de déontologie pour les magistrats et les avocats. Si l'interpellation relève de l'éthique ici, elle n'en rejoint pas moins la volonté des responsables marocains, confortés dans leur conviction qu'il faut, en matière de justice, constamment aller de l'avant et adapter celle-ci à l'évolution de la société.
Le secrétaire général du ministère de la Justice n'a-t-il pas rappelé «l'existence d'un chantier» pour soutenir les propositions de son département sur la « révision du statut de la magistrature et la consécration de son indépendance» ? L'exemple du Maroc, au sein du monde arabe, en termes de droits de l'Homme, de respect des libertés, de bonne gouvernance et de procédures de recours n'a pas son équivalent. Les détracteurs du Caire le savent, peut-être mieux que quiconque…