Vente aux enchères mais aussi hommage aux peintres marocains
C'est ce samedi que sera organisée la vente aux enchères d'œuvres d'art exposées par Eldon et Choukri Auctioneers à Casablanca.
Si la journée de samedi est entièrement consacrée à la vente, drainant un large public de connaisseurs et d'amateurs, il convient de souligner que l'exposition publique a démarré déjà le 1er février dernier. La vente d'aujourd'hui en constitue le prolongement, le moment fort aussi parce qu'il met à la disposition du public spécialisé ou familiarisé un kaléidoscope – bien fourni et présenté dans un élégant répertoire – d'objets d'art traditionnels, de décoration et de peinture marocaine et orientaliste.
Une belle sélection qui ouvre les portes à une gamme d'objets recherchés, accompagnée d'une recherche experte menée par Abderrahmane Choukri, connu comme un spécialiste des beaux arts et de l'Antiquité.
Ils ont décidé de faire de cette nouvelle édition «l'exposition de la diversité», proposant ainsi quelque 168 lots, dont quelques-uns restent exceptionnels. La vente proposera également une sélection de bijoux, d'armes, de broderies et de tapis relevant des arts traditionnels marocains du XIXème siècle et du début du XXème siècle.
En matière d'œuvres picturales, des toiles signés Gharbaoui, Ben Yessef, Chaïbia, Drissi, Hamri, Louardiri et Mégara figurent en bonne place, faisant face aux représentants de la peinture orientaliste comme Anger, Brindeau de jarny, De Gaetano, Endres, Favre, Lazarev, Horel, Mantel, Marin et Patureau.
Le clou de la vente des objets de peinture restera tout de même l'œuvre du grand peintre marocain Ahmed ben Driss El Yacoubi, né à Fès en 1928 et décédé à New York en 1985 dont on découvre, pour la première fois sur le marché national de l'art, une huile sur toile de celui qui était considéré comme un «peintre poète», voisin aussi des Tenessee Williams, Peggy Guggenheim, Albert Rotschild, Stanley Marcus.
Ahmed El Yacoubi n'était pas très connu au Maroc, tant s'en faut. Ses œuvres étaient d'autant plus rares qu'elles étaient exposées à l'étranger, elles reflétaient un enracinement dans la culture musulmane de Fès et du spiritualisme.
Sa rencontre avec Paul Bowles sera décisive parce que l'écrivain américain lui fera la courte échelle et le conduira jusqu'aux salons lambrissés de New York. On le comparait à Paul Klee, Miro, Breughel voire Hieronymus Bosh ! Mais il était plus proche de son ami, son initiateur à la peinture, Francis Bacon.
Que l'exposition Eldon et Choukri Auctioneers lui consacre une large part de son événement, constitue plutôt l'un des rares hommages à un peintre marocain de renommée mondiale, très largement admiré à l'étranger mais méconnu dans son propre pays.
Sa peinture , fixée sur les cimaises de la nouvelle salle d'exposition, fera écho aux autres objets d'art comme ces vases japonais, ces meubles syriens nacrés, ces tapis de Chiraz, ces consoles, ces diadèmes, ces pendants d'oreille.