Mondial de l'Automobile 2006

Suez GDF, un géant mondial est né

La fusion des deux groupes français pèsera plus de 72 milliards d'euros

03 Septembre 2007 À 14:48

Dernier épisode d'un feuilleton laborieux. Après un an et demi de rebondissements, le projet de fusion entre les deux groupes énergétiques privés Suez et GDF est désormais en passe de se concrétiser. Le nouveau mastodonte devient le numéro quatre mondial du secteur en valeur boursière.

Un champion mondial qui, devant peser lourd, avec un chiffre d'affaires de 70 milliards d'euros, entraîne de facto la privatisation du gazier mais l'Etat disposera d'une minorité de blocage en détenant "directement plus de 35% du capital" du nouvel ensemble.
Avec cette nouvelle mouture, GDF Suez devient ainsi le deuxième producteur français d'électricité derrière EDF, le premier groupe gazier en Europe et parmi les trois premières «utilities» (groupes d'énergie ou d'eau) «mondiales cotées».

Avec un chiffre d'affaires combiné de 72 milliards d'euros, les synergies liées à ce rapprochement, qui devrait 111venir courant 2008, seront de l'ordre d'un milliard d'euros par an en année pleine. La mise en œuvre de ces synergies opérationnelles vont toutefois entraîner des coûts "non récurrents d'environ 300 millions d'euros au total".

Les deux groupes promettent par ailleurs «une rémunération attractive des actionnaires combinant une politique de dividende dynamique, offrant un rendement attractif par rapport au secteur, et un potentiel de rémunération additionnelle (distribution exceptionnelle, rachat d'actions)».
Annoncée en février 2006 par Dominique de Villepin, alors Premier ministre, la fusion visait à l'origine à empêcher un rachat de Suez par l'Italien Enel qui souhaitait céder le pôle environnement (eau, propreté). Au mois de février 2006, le groupe italien d'électricité Enel annonce qu'il envisage une OPA sur Suez, intéressé par sa filiale belge Electrabel.

Rejeté par Suez, ce projet est mal accueilli par le gouvernement français au nom du "patriotisme économique". Alors que les autorités italiennes pressent Paris de ne pas 111venir, le Premier ministre Dominique de Villepin convoque précipitamment la presse un samedi à Matignon pour annoncer un projet de fusion entre Suez et Gaz de France.

La participation de l'Etat dans GDF est fixée à 34%, signifiant la privatisation du groupe. Deux jours plus tard, le gouvernement annonce un projet de loi pour modifier un texte de juillet 2004 stipulant que l'Etat ne pouvait pas descendre sous le seuil de 70%.
Au mois de juin, Bruxelles ouvre une enquête, estimant que la fusion risque de poser des problèmes de concurrence. Par ailleurs, le projet de fusion avait buté en effet sur une différence de valorisation entre les deux groupes, qui s'est accentuée au profit de Suez depuis le lancement du rapprochement en février 2006.

En juin dernier, le Premier ministre François Fillon relance les doutes sur l'avenir du projet en évoquant "d'autres options" possibles, à savoir un rapprochement de GDF avec EDF ou avec le producteur de gaz algérien Sonatrach.

Une hypothèse évoquée en mars par le Président français Nicolas Sarkozy. Le projet initial prévoyait l'échange d'une action Suez contre une action GDF, plus le versement d'un dividende exceptionnel d'un euro aux actionnaires de Suez. Or l'action Suez vaut désormais environ 5 euros de plus que celle de GDF, et cet écart risque de dissuader les actionnaires de Suez de soutenir l'opération. La cession du pôle environnement figure parmi les solutions évoquées pour réduire la différence de valorisation entre les deux groupes, sur laquelle bute la fusion.

Vendredi dernier à la Bourse de Paris, GDF valait plus de 36 milliards d'euros et Suez plus de 54 milliards.

L'information a dopé les titres: l'action Gaz de France a progressé de 3,95% à 36,80 euros et celle de Suez de 1,80% à 41,90 euros.

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Multiples rebondissements

Le projet de fusion a donné lieu à de multiples rebondissements, reflets d'importants enjeux politiques, 116iaux et financiers. La nouvelle parité de fusion entre les deux groupes, un des principaux obstacles au projet, a été fixé à 22 actions Suez pour 21 GDF, soit une action Suez pour 0,9545 action GDF.

Dans le projet initial, l'échange se faisait sur la base d'une action Suez pour une action GDF plus le versement d'un dividende exceptionnel d'un euro aux actionnaires de Suez. Suez cède par ailleurs à ses actionnaires 65% de son pôle environnement, qui sera introduit en Bourse.

Le nouveau groupe fusionné qui détiendra 35% de ce pôle et les principaux actionnaires de Suez qui disposeront d'une part de 12%, "s'engagent à conserver leurs actions dans le cadre d'un pacte d'actionnaires à négocier".

Les deux groupes ont confirmé qu'ils prévoyaient "un montant de synergies opérationnelles de l'ordre de un milliard d'euros par an à horizon 2013". L'opposition de gauche et syndicats ont redit ce week-end leur opposition à ce projet, qu'ils avaient vivement combattu l'an dernier.

REPÈRES
Un acteur 111110nal majeur
1er acheteur et distributeur de gaz en Europe
leader mondial du gaz naturel liquéfié (GNL)
5e producteur européen d'électricité
2e producteur français d'électricité
leader européen des services à l'énergie
1er opérateur de réseau de tran114 et de distribution de gaz en Europe
2e opérateur de stockage et de terminaux méthaniers en Europe.
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