Spécial Marche verte

Myriam L'Aoufir, une femme de terrain

26 Juin 2006 À 15:37

Il est des femmes qui, portées par des sentiments nobles et de la volonté à déplacer des montagnes, arrivent à réaliser des actions qui décourageraient plus d'un.

Une catastrophe naturelle, une fibre sociale à fleur de peau, un peu de bon sens et beaucoup de travail sont les ingrédients qui ont permis à Myriam L'Aoufir de contribuer à changer le réel de Marocains qui souffraient de l'exclusion et de l'indifférence.

« ... l'une des choses qui m'ont fait quitter mon pays, c'est la fracture exorbitante entre les classes sociales. Moi, je n'arrivais pas à admettre cette réalité, je ne voulais plus la voir... c'est un peu la même raison qui me fait revenir avec une attitude plus positive et pratique... »
Dans sa vie, tout a commencé à partir un rêve : faire du cinéma.

Née à Rabat d'un père marocain et d'une mère allemande, Myriam L'Aoufir ne jurait que par cette idée de faire des études cinématographiques.
Cependant, et durant ses études universitaires en France, elle prit une tout autre direction.

A 17 ans, elle quitte Rabat pour Montpellier où elle entame des études en littérature. Deux ans plus tard, elle tente sa chance à la FEMIS, sans succès.
« ... J'ai compris que je n'étais pas vraiment une artiste, mais plutôt une femme de terrain ! Je me suis dit alors pourquoi ne pas tenter ma chance à la télévision, j'ai intégré France 2 en 1991 et après avoir fait le tour des services, j'ai atterri au service presse où on a voulu me garder pour enfin devenir, au bout de quatorze ans, chargée de communication pour la presse internationale et régionale... »
Son parcours de battante, elle en parle avec pudeur, sans mentionner les difficultés qu'elle a dû rencontrer sur son chemin, « ... j'étais un peu propulsée toute seule en France, mais je savais que je pouvais y arriver... quand on a vraiment envie d'atteindre quelque chose et qu'on se donne les moyens pour le faire, on finit par réussir... mais franchement, il faut se battre, surtout lorsqu'on ne peut compter que sur soi ! »
Quand bien même elle dut jongler entre trois cultures, son identité marocaine semble prendre le dessus, toujours.

A juste titre, les images du tremblement de terre d'Al Hoceima ont été pour elle comme une sorte de déclic «... je me suis dis alors, «C'est vrai que je me suis battue pour être là où je suis, mais pour eux, il fallait absolument que je réagisse»... au début je ne savais pas quoi faire, j'ai voulu organiser une sorte de Téléthon, mais faute de tranches horaires, et de programmation, j'ai dû changer de direction.

Avec mon partenaire, on s'est dit qu'on allait faire un disque. J'ai tout de suite entamer les contacts, tous les artistes que j'ai vus ont répondu présent à cet appel, et le disque "Agir Réagir" naquit... »
Cette chanson, c'était une véritable locomotive pour la création de l'association «Juste pour Eux ».

Les écoles primaires d'Al Hoceima, d'Imzouren et d'autres localités touchées par le séisme ont pu être fournies en livres, matériel multimédia et bien d'autres équipements si nécessaires à une bonne scolarité.

Depuis, l'association ne s'est pas arrêtée là, les demandes de soutien à des initiatives solidaires parvenaient de toutes les régions du Maroc, en particulier de zones rurales. Respectant à la lettre son slogan «Ensemble on peut tout faire ! », Myriam L'Aoufir s'est attelée à la tâche pour créer des partenariats à même de réaliser des projets concrets et découlant des besoins exprimés par les demandeurs de soutien.

Pour preuve, l'année 2006 a vu le lancement d'une nouvelle opération : «Un vélo pour elle», qui ne manque pas d'originalité.
En fait, c'est à la demande d'inspecteurs de la délégation du ministère de l'Education nationale du Maroc pour la province de Tiznit et des enseignants qui en dépendent qu'un projet a été conçu pour offrir plus de 100 vélos à des collégiennes. Dans les régions rurales, il y a en effet cinq fois moins de collèges que d'écoles primaires.

Ces collèges se situent souvent à plusieurs heures de marche du domicile, étant donné que généralement il n'existe ni transports scolaires ni publics dans ces zones.
Si la durée de certains trajets pouvait être divisée par deux et la sécurité des collégiennes augmentée, du fait qu'elles peuvent circuler à vélo, les taux de scolarisation des filles rurales pourraient sensiblement augmenter.
Des enquêtes à ce sujet ont été effectuées par les enseignants auprès des parents.

Avec cette approche, qui tient d'abord compte des besoins exprimés par les concernés, l'association contribue de manière efficace à transformer une réalité injuste en un élan positif pouvant donner un autre sens à la vie pour ceux qui en manquent vraiment.
Pourvu que ce navire persiste dans sa voie !
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