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«Grâce à Alegria Festival, la ville connaît une dynamique économique sans précédent»

Pour Mohamed Saâd Alami, ministre chargé des Relations avec le Parlement et président du Conseil municipal de Chefchaouen, Alegria Festival a permis de ressusciter la ville. Selon lui, outre l'animation culturelle et artistique qui attire beaucoup de tou

22 Juillet 2006 À 13:18

Le Matin du Sahara :
Qu'est-ce qui a caractérisé cette édition par rapport aux éditions précédentes ?
Mohamed Saâd El Alami :
Ce que je puis vous dire, c'est que le Festival Alegria, qui en est à sa troisième édition, a pu s'imposer en tant que l'une des plus importantes manifestations culturelles. Il a pu se positionner et asseoir sa notoriété malgré son jeune âge. Le Festival Alegria a vu grand dès le départ et affiché ses ambitions de devenir une rencontre culturelle et artistique distinguée.

Il s'est ouvert à divers horizons, ce qui lui a conféré un triple caractère, local, national et international. Et c'est ce qui fait sa spécificité justement et qui explique son succès. Il permet le brassage de diverses cultures. Le succès de ce festival est dû en grande partie aux potentialités culturelles et artistiques de la ville et de ses habitants : poésie, littérature, théâtre…

Chefchaouen est connue déjà pour ses festivals et ce, depuis longtemps : Festival national du théâtre organisé de façon régulière depuis 1965 ; Festival national de la musique andalouse qui en est à sa 21e édition et le Festival de Madih et de Samaa. C'est dire que Chefchaouen est très animée culturellement. Donc, Alegria Festival a trouvé le terreau favorable pour se développer et c'est la raison pour laquelle il a "repris " sans difficulté.

Ce qui manquait en fait, se sont les ressources financières compte tenu des moyens limités du Conseil de la ville. Il fallait donc trouver des partenaires et, dans ce cadre, je tiens à saluer les efforts fournis par l'Agence pour le développement du Nord qui a allouée un important budget à ce Festival. Je tiens à rappeler aussi que c'est à elle que l'on doit l'idée du festival. Elle l'a conçu et mûrie et a cherché des partenaires pour la mettre en exécution. S'agissant de la commune, elle a apporté surtout un appui logistique.

Dans quelle mesure ce Festival a pu créer une dynamique économique dans la ville?

Il est clair que cette manifestation a pu enclencher une dynamique économique sans précédent dans la ville. Ce qu'il faut savoir également, c'est que parmi les principaux objectifs de ce Festival, ce n'est pas uniquement l'animation de la ville d'un point de vue culturel, mais aussi et surtout la création d'une dynamique économique et sociale à travers notamment la promotion du tourisme. Cela est d'autant plus vrai que Chefchaouen considère ce secteur comme locomotive du développement local.

La ville recèle en effet des potentialités naturelles et cultuelles énormes qui attirent beaucoup de touristes déjà. Mais nous ambitionnons de créer une dynamique touristique autour des produits culturels et artisanaux propres à la région et à forger une image forte qui sera un label pour cette ville. Je vous rappelle que Chefchaouen d'un point de vue urbanistique possède une architecture unique que nous voulons d'ailleurs préserver. Mieux encore, nous voulons que cette ville soit enregistrée comme patrimoine culturel de l'humanité par l'Unesco.

Alegria Festival contribue dans une large mesure à la promotion de la ville et de ses richesses. A cet égard, je peux vous assurer que des centaines de milliers de personnes ont pu découvrir la ville grâce à ce festival. C'est un excellent moyen de promotion touristique. Le taux d'occupation des hôtels qui a augmenté de manière sensible ces dernières années en est la meilleure preuve. La ville est en train de sortir de sa léthargie et de connaître une dynamique nouvelle. Et c'est pour accompagner cette dynamique de croissance que de nouvelles structures d'accueil sont en cours de construction.

Quels sont d'après vous les autres secteurs qu'il faut développer pour faire évoluer davantage la ville ?

Le tourisme est une locomotive pour le développement économique local. Quand ce secteur prendra son réel essor, d'autres activités vont suivre et se développeront par la force des choses. Il s'agit notamment de la restauration, l'artisanat, le transport, le commerce…
Il y a quelques années, l'activité artisanale agonisait. Mais à présent, elle se développe de manière notable grâce en grande partie à ce festival. Mais nous comptons accorder plus d'intérêt à ce secteur pour en faire un levier de développement durable.

Dans ce sens, nous avons travaillé avec des partenaires italiens pour aider nos artisans à développer leurs techniques notamment en ce qui concerne le cuir et le bois. Ce faisant, nous voulons qu'ils soient capables de répondre aux attentes des visiteurs notamment les étrangers.

Est-ce que vous ne pensez pas que la coïncidence d'Alegria Festival avec d'autres /b>

Effectivement, nous aurions bien aimé éviter cette coïncidence de calendrier mais je ne pense pas que nous puissions maintenant changer la date de notre festival. Je crois que les responsables de tous les festivals organisés dans les quatre coins du Royaume auraient dû se concerter et arranger leurs calendriers pour éviter de telles coïncidences. Il faut qu'il y ait un minimum d'harmonie.

Les festivals doivent être organisés tout au long de l'année et dans des périodes qui cadrent avec les spécificités de chaque région en termes de climat, de nature…
J'ignore qui doit prendre l'initiative de coordonner entre les organisateurs des différentes manifestations culturelles, mais je trouve en tout cas que la multiplication des festivals est un signe de leur succès.

Ceci dit, je ne pense pas que Algria Festival ait pâti de la coïncidence de calendriers dans la mesure où les autres festivals sont organisés dans des régions très lointaines. Si c'était à Tétouan ou Tanger par exemple, il y aurait eu incontestablement des effets négatifs.

Ce qui n'est pas le cas avec les festivals organisés à Agadir ou Errachidia qui se situent à plus de mille kilomètres. Et puis, chaque festival est unique et de ce fait attire ses amateurs. Mais ceci dit, il vaut mieux coordonner davantage dans le futur. Ce sera mieux pour tout le monde.
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