Célébration aujourd'hui de l'Achoura
LE MATIN
08 Février 2006
À 14:44
Le Maroc célèbre l'Achoura qui correspond au 10e jour de Moharram, premier mois de l'année musulmane.
Cette manifestation revêt toutefois différentes significations pour les deux grands courants de l'Islam, le sunnisme et le chiisme. Pour les uns, elle marque le début de festivités, pour les autres c'est une journée de deuil commémorant la mort de Hussein, petit-fils du Prophète Sidna Mohammed et fils de Ali Ibnou Abi Talib.
Dans certains pays sunnites, comme au Maroc, cette cérémonie est également perçue, depuis des siècles, comme celle de l'enfance, de la famille et des traditions. Distribution de friandises, cadeaux, pratiques à caractères carnavalesques... l'ambiance est aux festivités. La fête est surtout perçue comme celle de l'enfance. Au cours de cette journée, les enfants, mis à l'honneur, donnent libre cours à leur joie.
La tradition veut aussi que l'on leur offre des jouets. Les jeux vidéo remportent le plus de succès. Des pistolets, des pétards, des feux d'artifice sont offerts aux garçons. Mais, les parents offrent aussi aux petites filles des poupées, «derboukas», «bendirs» et «taârijas».
Achoura, c'est aussi un jour de partage et de charité. Elle rappelle l'obligation de faire l'aumône, de s'acquitter d'une contribution matérielle, la Zakat, destinée à assister les plus démunis. A cette fête se sont greffées des traditions telles que la visite des cimetières et des marabouts. Certaines familles font brûler de l'encens tout au long de leurs veillées. Le soir, la fête continue avec la «chouâla» (feu rituel) sur lequel les enfants sautent à tour de rôle.
Achoura, c'est également le jour de la superstition et de la sorcellerie. C'est l'occasion pour les gens crédules de s'offrir des séances de soins à base de fumigations et de «Ldoun», un alliage de plomb et de minerais. Pour cela, ils vont voir une voyante ou un prédicateur qui fait fondre le métal dans une casserole et le verse dans un seau rempli d'eau froide et placé sous le «patient».
Le contact du plomb fondu avec l'eau provoque une déflagration assourdissante dont l'effet sur le client ressemble à une décharge, prélude d'une libération.
L'eau ayant servi à l'opération doit être versée la nuit dans un cimetière abandonné emportant à jamais le mauvais sort responsable des malheurs.
En ce jour de l'Achoura, l'amulette est également le porte bonheur qui garantit la réussite sociale, aussi bien sur le plan professionnel que scolaire. Certains devins promettent la réussite au baccalauréat, la victoire aux élections ou la promotion à un poste de responsabilité important. D'autres promettent à certaines ménages une procréation bien fertile. Dans les foyers, tout un rituel accompagne la fête. Les familles se régalent d'un couscous au «gueddid» (viande séchée de Aïd El Adha), achètent des fruits secs : noix, amandes, raisins secs, cacahuètes, dattes…
Le lendemain de l'Achoura, c'est «Zem-Zem». Les enfants y disposent d'une totale liberté pour asperger voisins, amis et passants. Garçons et filles trottent dans les rues à la recherche d'une proie ou d'un point d'eau pour s'approvisionner. Pistolets à eau, bombes à eau, sacs et ballons de plastique, seaux … tous les récipients sont mobilisés pour l'événement.