Sarkozy défend son texte de loi sur l'immigration choisie
Les députés français ont commencé mardi à examiner un projet de loi controversé du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy durcissant l'entrée et le séjour des étrangers au nom de la volonté d'instaurer une immigration «choisie».
Le texte veut mettre en adéquation l'immigration avec «les capacités d'accueil de la France et ses besoins économiques» en augmentant la part des étrangers arrivant sur la base de leurs compétences professionnelles, et qui représente aujourd'hui à peine 5% des flux.
Au cours de sa présentation à l'Assemblée nationale, M. Sarkozy, accusé de vouloir chasser sur les terres de l'extrême droite en matière de contrôle des étrangers, a assuré que «les Français refusent d'être prisonniers de deux extrémismes. L'immigration zéro d'un côté, l'immigration totale de l'autre».
A l'adresse de l'extrême-droite, il a expliqué que «l'immigration zéro, c'est un mythe et un mythe dangereux», «contraire à l'histoire de la France, à l'identité de la France».
«La France n'a pas vocation à être repliée sur elle-même, derrière on ne sait quelle ligne Maginot, et la consanguinité serait synonyme de déclin national», a ajouté le ministre et chef de file de la majorité, qui ambitionne de succéder à Jacques Chirac à la présidence de la République l'an prochain.
Mais M. Sarkozy a aussi vigoureusement critiqué la gauche.
«Je refuse avec la plus grande fermeté les opérations globales de régularisation d'étrangers sans papiers», menés par les gouvernements socialistes en France de 1981 à 1997, a-t-il déclaré.
Il a aussi cité comme mauvais exemples les récentes vagues de régularisations de clandestins en Italie et en Espagne.
«Un étranger en situation irrégulière n'a pas vocation à séjourner en France, il a vocation à retourner dans son pays», a asséné le ministre dont le projet de loi supprime le principe des régularisations automatiques des clandestins pouvant prouver dix ans de séjour en France.
Le gouvernement estime le nombre de clandestins en France entre 200.000 et 400.000.
Avec le nouveau texte, un étranger devra disposer d'un travail procurant des ressources équivalentes au moins au salaire minimum (environ 1.200 euros) et résider en France depuis plus de 18 mois, au lieu de douze jusqu'à présent, pour pouvoir faire venir sa famille.
Le projet de loi, qui doit être soumis au vote à l'Assemblée nationale le 9 mai, où le parti UMP de M. Sarkozy a la majorité, a été critiqué par la gauche, les églises et de nombreuses associations, et des syndicats. Le texte de M.Sarkozy a suscité des réserves jusque dans son propre camp.
Le ministre de l'Intérieur a défendu son concept d'immigration «choisie», qu'il a opposé ces derniers mois à celui d'immigration «subie».
«Nous refusons des gens pour qui nous avons un travail et nous acceptons des gens malheureux pour qui nous n'avons ni logement ni travail et qui terminent dans des squats», a-t-il déploré.
Son projet de loi instaure une carte de séjour de trois ans destinée à des migrants «hautement qualifiés», comme des informaticiens, ingénieurs, artistes.
Il a toutefois souligné qu'il ne cherchait à aligner la politique française en matière d'immigration sur un quelconque modèle étranger.
«Nous ne sommes pas un Etat continent comme le Canada ni une île comme l'Angleterre. Nous sommes un Etat méditerranéen qui a des liens particuliers avec l'Afrique et qui regarde au loin, vers l'autre mer, vers les terres francophones», a-t-il dit en soulignant la nécessité pour les immigrés de maîtriser le français.