La guerre des mots entre les frères rivaux
Le Fatah et le Hamas s'accusent mutuellement
AFP
10 Janvier 2007
À 14:47
Le Hamas et le Fatah se livraient à une guerre des mots mardi à Gaza, où la tension demeurait vive, en dépit d'une relative accalmie dans les violences partisanes qui ont fait rage ces derniers jours. Des échanges de tirs qui ont fait deux blessés ont opposé toutefois en fin de soirée à Gaza, aux abords de la présidence, des hommes de la garde présidentielle du président Mahmoud Abbas, à des hommes armés, apparemment du Hamas, selon des témoignages.
Dans la matinée, trois membres de la "force exécutive" relevant du ministère de l'Intérieur contrôlé par le Hamas ont été blessés par un obus lancé sur leur voiture par des hommes armés à Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza. Le porte-parole de la "force exécutive", Islam Shahwan, a accusé des activistes du Fatah, du président Abbas, d'avoir mené cette attaque.
Dans la nuit, cinq membres du Hamas, dont trois appartenant à la "force exécutive" controversée, ont été enlevés par des activistes du Fatah à Jabaliya avant d'être libérés peu après sains et saufs, ont indiqué des sources sécuritaires. D'autres enlèvements se sont produits en début d'après midi à la suite de tirs qui ont visé un chef des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa liées au Fatah, Samih Al-Madhoun, à Beit Hanoun, également dans la bande de Gaza, selon les mêmes sources. M. Madhoun n'a pas été touché.
Ces heurts sont survenus alors que le Hamas, qui contrôle le gouvernement, et le Fatah continuent d'échanger des accusations par porte-parole interposés. Celui du Fatah, Abdel Hakim Amer, a ainsi dénoncé lors d'une conférence de presse "un courant sanguinaire au sein du Hamas", l'accusant de saboter toute tentative de mettre en place un gouvernement d'union nationale. "Pour le Hamas, l'unité nationale et le pluralisme ne sont que des slogans. Celui qui exprime des désaccords avec le Hamas est taxé d'être un putschiste, un agent et un conspirateur", a affirmé le porte-parole.
Il a pris la défense du député Mohammad Dahlane, homme fort du Fatah dans la bande de Gaza et bête noire du Hamas. "Le fait que le Hamas l'attaque est pour le Fatah et la majorité de notre peuple la preuve qu'il a raison", a-t-il dit. Se référant à M. Dahlane, le porte-parole du Hamas Fawzi Barhoum, s'en était pris lundi soir "au courant putschiste" du Fatah. "Nous ne permettrons pas à ces putschistes d'entraîner notre peuple dans les affres d'une guerre civile", avait-il affirmé.
Le Hamas et le Fatah sont à couteaux tirés depuis l'annonce par M. Abbas le 16 décembre de sa décision de convoquer des élections générales anticipées après l'échec de six mois de discussions sur la formation d'un gouvernement d'union nationale avec le Hamas. La tension est encore montée d'un cran depuis que M. Abbas a déclaré samedi "hors-la-loi" la "force exécutive".
Les violences partisanes ont fait plus de trente morts depuis la mi-décembre. Un activiste du Hamas blessé il y a quelques jours a succombé mardi.
Le Hamas contrôle le gouvernement depuis mars dernier après avoir remporté les législatives au détriment du Fatah. Mais ce cabinet est boycotté politiquement et financièrement par l'Occident, à cause du refus du Hamas de reconnaître le droit d'Israël à l'existence et les accords israélo-palestiniens déjà passés Par ailleurs, le porte-parole d'un groupe armé palestinien qui a participé au rapt d'un soldat israélien fin juin à la lisière de la bande de Gaza a affirmé que celui-ci était "en bonne santé et se portait bien".
En Cisjordanie, un activiste du Jihad islamique a été arrêté par l'armée israélienne à Bethléem avec deux de ses frères, ont indiqué des sources sécuritaires palestiniennes.
A Ramallah, l'armée israélienne a arrêté Abdelqaher Srour, directeur du bureau du président du Parlement palestinien issu du Hamas, Aziz Doweik, lui même détenu par Israël depuis août, selon les mêmes sources.
REPÈRES
Le nombre
de colons juifs
En Cisjordanie les colons ont augmenté de près de 6% en 2006, contre 1,4% en 2005,
Il y avait 268.379 Israéliens vivant dans les 126 colonies de Cisjordanie à la fin 2006, contre 253.748 fin 2005, soit une hausse de 5,8%.
Statistiques du ministère israélien de l'Intérieur, rendues publiques mardi.