Des élus casablancais veulent renégocier le contrat de la Lydec
5.000, c'est le nombre de signatures collectées en deux jours pour dénoncer l'augmentation des prix pratiqués pour la consommation de l'eau. En effet, le rétrécissement de la première tranche de consommation, qui passe de 8 à 6 m3, a déclenché une grande
LE MATIN
24 Août 2006
À 14:14
Ainsi, des membres du Conseil de la ville, des chefs d'arrondissements, des syndicalistes et des acteurs de la société civile ont lancé une campagne dans les différentes zones de la métropole afin de rassembler 100 mille signatures pour inciter les autorités locales à réviser le contrat de la Lydec.
«Cette initiative a eu l'approbation de tous les citoyens qui ne supportent plus les factures salées de l'eau à chaque fin de mois. Ainsi, nous avons collecté 5.000 signatures en deux jours. On a dû arrêter en ce mois d'août mais j'estime que nous allons largement dépasser les 100 mille signatures vu le grand nombre de réclamations que nous accueillons à ce propos», affirme Mustapha Rahin, membre du Conseil.
A partir de la première semaine du mois de septembre, des élus de la ville vont ainsi relancer cette démarche de protestation «civilisée» contre la «sourde oreille de la Lydec». Objectifs : organiser une session extraordinaire au Conseil de la ville pour décider de la révision du contrat de la Lydec, superviser la mise en place des clauses du nouveau contrat et contrôler tout changement dans les factures de la firme française.
Les conseillers de la métropole se considèrent ainsi de droit pour assister à la révision dudit contrat. «Je trouve insensé que le comité de contrôle et de suivi soit marginalisé par l'entreprise qui tient ses réunions avec des responsables du ministère de l'Intérieur sans que des membres de la commune urbaine n'y assistent. Nous voulons au moins comprendre pour donner des réponses aux réclamations des citoyens», souligne Mustapha Rahin. Faux, répond Jean-Pierre Ermenault, directeur général de la Lydec. «En ce qui concerne la démarche de revue du contrat, le processus suivi actuellement est conforme aux décisions prises par la Commission technique de suivi (CTS)», explique-t-il.
Et d'ajouter que «lors d'une réunion tenue le 26 décembre 2005, la CTS a notamment validé l'objet de la revue, la programmation de ses différentes phases, son organigramme ainsi que la composition et les missions assignées aux trois commissions créées pour la circonstance (commission des investissements, commission économique, commission juridique). Depuis cette date, lesdites commissions - composées de représentants de l'autorité délégante, du ministère de l'Intérieur et de Lydec – ont entamé leurs travaux dont l'état d'avancement a fait l'objet de présentations de synthèse lors des réunions de la CTS des 12 mai et 25 mai 2006 et lors de la réunion du Comité de pilotage tenue le 28 juillet 2006».
Il est à signaler que le wali du Grand Casablanca a déjà pris l'initiative de convoquer le président du Conseil de la ville ainsi que les membres de la commission Régie et gestion déléguée afin d'élucider cette affaire. Toutefois, cette démarche était loin de répondre aux attentes des élus. «Au cours de cette réunion, les responsables de la Lydec n'ont prêté aucune attention aux protestations de la commission de suivi.
Au contraire, ils ont maintenu leur position en annonçant que le nouveau contrat ne sera présenté aux élus qu'une fois achevé pour le voter», explique Mustapha Rahin. Selon cet élu, le dernier changement du barème de la consommation de l'eau est loin d'être le seul point de conflit avec la firme française. «Outre la réglementation du contrat de la Lydec, cette société n'hésite pas à augmenter les tarifs de consommation de l'eau tout les 4 mois sans aviser le Conseil de la ville», affirme-t-il.
Autre point de discorde, celui du fonds de travaux. «Selon le cahier des charges, la Lydec devait utiliser cet argent pour remettre à niveau l'infrastructure de la ville. Toutefois, nous n'avons rien vu jusqu'alors sous prétexte que les investisseurs ne paient pas ou que l'état des infrastructures actuelles achoppe les travaux», affirme un élu.
A ce propos, Jean-Pierre Ermenault indique que «les recettes de ce fonds sont inférieures à celles prévues dans le contrat d'environ 50 % pour différentes raisons telles que le faible taux de participation. Les recettes sont donc insuffisantes pour faire face au financement des projets prévus». Les responsables de la société française affirment, toutefois, que la Lydec a alimenté ce fonds à hauteur de 100 millions de DH par an, suite à une décision du Conseil de la ville en décembre 2003 de prélever annuellement sur le fonds de travaux 100 millions de DH pour financer le fonds de retraite.
Cependant les élus rappellent que la Lydec doit à la ville de Casablanca la somme de 700 millions de DH. Face à ce constat, les conseillers ainsi que les représentants de la Ville blanche ont décidé de s'organiser. «On se réunit deux fois par semaine afin de mettre un terme aux dérégulations de la Lydec», conclut Mustapha Rahin. _______________________________ Où vont les recettes du fonds de travaux ? Le fonds de travaux est alimenté par les participations aux infrastructures pour l'électricité, les participations aux grandes infrastructures pour l'eau potable et les participations au 1er établissement pour l'assainissement. Selon le directeur général de la Lydec, Jean-Pierre Ermenault, les recettes globales du fonds de travaux qui s'établissent à 1,2 milliard de DH pour la période allant d'août1997 à décembre 2005, ont été investies comme suit : - infrastructures assainissement à hauteur de 43% - infrastructures eau à hauteur de 15% - infrastructures électricité à hauteur de 19%. Ces investissements concernent des travaux d'extension et de renforcement des réseaux, des projets de lutte contre les inondations et de grands projets d'infrastructure. A titre d'exemple, le préfinancement du Canal de délestage de Mohammedia (80 millions de DH), l'assainissement des secteurs d'Aïn Diab (60 millions de DH), de Californie-Aïn Chock (30 millions de DH) et d'Oulfa-Dar Bouazza Est (40 millions de DH). Parmi les infrastructures eau, il y a l'adduction d'eau potable de l'étage 60 (zone Bernoussi-Aïn Sebaâ) pour 18 millions de DH, le réservoir d'eau potable de Béni Yakhlef pour 6 millions de DH, l'extension d'eau potable de la zone Anassi pour 11 millions de DH et l'extension d'eau potable d'Ouled Haddou-Aïn Chock pour 12 millions de DH. S'agissant de l'électricité, plusieurs projets de renforcement et d'extension des réseaux moyenne tension et basse tension ainsi que des postes de distribution publique ont été réalisés dans plusieurs arrondissements de Casablanca totalisant un montant global de 250 millions de DH.