La Sqala, témoin de l'histoire et âme de Dar El Beida

Ce site s'est en effet métamorphosé avec la création d'un café-restaurant et d'une galerie d'art qui financent une association de sauvegarde du patrimoine de l'ancienne médina.

Offrant une vue imprenable sur l'océan Atlantique, la Sqala se prête parfaitement à l'organisation de manifestations culturelles et à la rencontre des amoureux de la ville blanche. En effet, l'agencement traditionnel de cet espace ancré dans l'histoire du Maroc imprègne le visiteur d'une profondeur qui invite au recueillement et à la méditation. Une visite guidée de ce bastion fortifié met en scène des moments épiques de la fameuse «Ed-Dar El-Beïda».

Reconstruite par le Sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah en 1769 pour compléter le dispositif défensif atlantique, la Sqala est un lieu de mémoire qui porte bien son nom.

«Le nom Sqala (Sekkala, Scala) dans la langue des marins de toutes origines, dérive d'un terme latin devenu en français "les échelles" et plus récemment l'escale. Les échelles offraient des abris sûrs et souvent aussi des institutions qui accueillaient les étrangers. Ici, la Sqala, par sa position intermédiaire entre la mer et la ville, assure surtout la défense de la Médina et menace les navires indésirables de la rade de Casablanca», écrit Jean-Luc Pierre dans son ouvrage «Casablanca et la France, XIXe-XXe siècle».

Inspirée du système de fortification conçu dès le XVIe siècle par les ingénieurs de la Renaissance, cette citadelle est impressionnante par sa masse imposante. Elle séduit par la mémoire parlante de ses pierres, ses hauts plafonds, le murmure de l'eau s'écoulant des fontaines et l'opulence du jardin andalou.

«Protégée» par Sidi Allal El Kairouani et Sidi Bousmara, la Sqala n'en dégage que plus de charme et d'évocations mythiques.

Réconfortées par la présence de ces deux «zaouïas», les trois faces légèrement inclinées de ce fortin présentent une hauteur de mur peu importante. Les fondations posées à même le roc, visibles sur les représentations figurées anciennes, affichent un génie d'architecture interdisant toute tentative de sape souterraine.

Le bourrelet de pierre érigé au sommet du mur avait pour fonction de dévier les boulets de manière à protéger les affûts des canons. Les deux échauguettes installées aux angles du site dévoilent les ruses d'une stratégie de défense bien réfléchie. Sous forme de poivrières, ces échauguettes permettaient aux défenseurs de surveiller et de défendre la base du mur.

Partant de cette base circulaire, de fins ornements montaient jusqu'à une couverture en couvercle aujourd'hui disparue mais visible sur les photographies anciennes.

D'autre part, des réaménagements ont eu lieu après 1907, dont la poterne qui donne accès à la mer et les escaliers à double volée menant à l'esplanade du borj. Les bouches à feu, séparées à l'origine par des merlons, ont été également espacées pour adapter la construction à des pièces d'artillerie plus puissantes.

Le portail surmonté d'un étage et d'une terrasse, et deux portes, forment un décor symétrique. La porte de gauche donne accès à une galerie, en partie excavée qui devait servir de casemate à munitions. La porte de droite a été percée aux débuts des années 1980.
De part et d'autre du vaste portail, deux portes donnent accès à la tour qui permet de surveiller la mer.

L'étage intermédiaire est aménagé en loggia aux belles huisseries ajourées en moucharabieh. La jonction du «borj» avec le rempart se manifeste par deux piliers massifs, surmontés de moulures en couvercle sur un plan carré desquels partent, en retour, deux murs courbes qui rejoignent le rempart, conférant au «borj» un aspect cordiforme.

Bénéficiant d'une architecture majestueuse, la Sqala est un fortin magique où la mémoire préservera l'avenir.