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Saddam Hussein condamné à mort

05 Novembre 2006 À 15:49

L'ancien président Saddam Hussein et deux de ses co-accusés ont été condamnés à mort "par pendaison", dimanche, par le Haut tribunal pénal irakien, pour leur responsabilité dans l'exécution de 148 chiites à Doujaïl dans les années 1980, en représailles à un attentat.

Les statuts du tribunal prévoient cependant une procédure automatique d'appel en cas de condamnation à mort ou à la prison à vie, ce qui pourrait repousser de plusieurs semaines ou plusieurs mois l'exécution du verdict.

Saddam Hussein a constamment tenté d'interrompre le juge Raouf Rachid Abdel Rahmane lors de l'énoncé du verdict, en criant "Longue vie à l'Irak".
Il est apparu visiblement secoué par la condamnation. "Dieu est plus grand que l'occupant", a-t-il clamé, alors que quatre gardes l'ont emmené à l'extérieur de la salle d'audience, les mains liées dans le dos.

Saddam Hussein a aussi été condamné à 10 ans de prison pour "crime contre l'humanité (torture)" et 10 autres années pour "déplacement de population".
Barzan Ibrahim al-Tikriti, l'un des trois demi-frères de Saddam Hussein, et l'ancien président du tribunal révolutionnaire, Awad Ahmed al-Bandar, ont également été condamnés à la peine capitale par le tribunal, siégeant dans le secteur fortifié de la Zone verte à Bagdad. A l'énoncé de sa condamnation, M. Bandar a lancé "Allah Akbar pour tous les traîtres" avant d'être expulsé.

Pour sa part, Barzan al-Tikriti, dont les imprécations ont provoqué de nombreux incidents de séance au cours des 40 audiences du procès, a clamé à plusieurs reprises "Vive le Baas, le parti des valeurs", alors que le juge lui demandait de se taire.

L'ancien vice-président irakien, Taha Yassine Ramadan, un dur parmi les durs de l'ancien régime, a été condamné à la prison à vie, alors que la peine de mort avait été requise contre lui par le procureur général Jaafar al-Moussaoui.

Trois anciens dirigeants locaux du Baas, le parti dissous au pouvoir sous Saddam, Abdallah Kadhem Roueid, son fils Mezhar Abdallah Roueid et Ali Daeh Ali, ont été condamnés à 15 ans de prison. Un quatrième, Mohamed Azzam al-Ali, a été acquitté, conformément aux réquisitions du procureur général.

Dans une première réaction, l'ambassadeur américain en Irak, Zalmay Khalilzad, a salué le verdict et invité les Irakiens à "tourner la page" et à s'unir pour un avenir meilleur. "Ce jour marque une étape importante pour l'Irak, qui vient de franchir un nouveau pas vers la construction d'une société libre fondée sur le respect de la loi", a estimé l'ambassadeur américain.

Peu après le début de l'audience, le juge a expulsé de la salle l'avocat américain de Saddam Hussein, l'ancien ministre de la Justice Ramsey Clark, lui reprochant son attitude vis-à-vis du tribunal. "Sortez de la salle, vous êtes venus d'Amérique pour vous moquer du peuple irakien et du tribunal", a lancé le juge. L'avocat américain avait critiqué l'annonce du verdict, à deux jours des élections parlementaires américaines du 7 novembre.

L'audience a duré moins de 40 minutes, clôturant un procès qui s'est tenu du 19 octobre 2005 au 27 juillet 2006.

Saddam Hussein, qui a dirigé le pays d'une main de fer de 1979 jusqu'à la chute du régime en avril 2003, et sept anciens responsables de son régime étaient poursuivis pour le massacre de 148 villageois chiites de Doujaïl, tués en représailles après un attentat manqué contre l'ex-président en 1982.
Avant même l'ouverture de l'audience, opposants et nostalgiques de Saddam Hussein ont manifesté à Bagdad et dans une localité du nord de Bagdad.

A Sadr City, bastion des milices de Moqtada Sadr, le chef chiite radical opposé à l'occupation américaine, des habitants, enfreignant le couvre-feu imposé par les autorités à Bagdad, se sont rassemblés devant les bureaux de l'organisation de Moqtada Sadr pour attendre ensemble le verdict.

A al-Dawr, près de Tikrit, ancien fief de Saddam Hussein au nord de Bagdad, des dizaines de partisans du président déchu ont manifesté dans les rues, brandissant ses portraits et ceux d'Ezzat Ibrahim al-Douri, originaire de cette localité, ont rapporté des témoins à l'AFP.

Ezzat Ibrahim, ancien numéro deux du régime de Saddam Hussein, est toujours recherché par les Américains qui l'accusent d'organiser et de financer la rébellion.
"Avec notre sang, avec notre âme, nous nous sacrifions pour toi Saddam", a crié la foule, composée de femmes, d'enfants et de membres de tribus.
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