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Washington essaye de calmer les ardeurs turques

Ankara met en garde contre une vague anti-américaine qui risque de leur coûter cher
>Les Etats-Unis ont intensifié leurs efforts lundi pour tenter d'éviter une incursion de l'armée turque au Kurdistan irakien, tandis que le président George W. Bu

23 Octobre 2007 À 14:58

Le président américain a appelé lundi son homologue turc Abdullah Gül et l'a assuré de l'engagement américain à coopérer avec la Turquie pour combattre les rebelles, selon la Maison Blanche.

Il a également eu des entretiens distincts avec le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, dans l'intention évidente d'essayer de réfréner les ardeurs militaires turques, au lendemain d'une embuscade qui fait craindre aux Etats-Unis une incursion turque dans le nord de l'Irak contre le PKK.

Par ailleurs, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband ont appelé lundi à Washington l'Irak et le gouvernement du Kurdistan irakien à prendre "des mesures immédiates" pour mettre un terme aux opérations du PKK à partir du nord de l'Irak.

Les deux ministres qui se sont entretenus dans la journée, ont publié un communiqué commun à l'issue de leurs entretiens. "Le gouvernement irakien doit démontrer son engagement envers la stabilité régionale", indique le communiqué "au moment où l'on voit des progrès réels en matière de sécurité à l'intérieur de l'Irak et des efforts pour promouvoir la paix dans la région".

Evoquant l'entretien par téléconférence de M. Bush avec le Premier ministre irakien, un porte-parole de la Maison Blanche a précisé que les deux dirigeants "sont convenus de travailler ensemble, en collaboration avec le gouvernement turc, pour empêcher le PKK de se servir d'une partie quelconque du territoire irakien pour projeter ou mener des attaques terroristes".

Mme Rice et M. Miliband ont indiqué avoir été en contact au plus haut niveau avec les gouvernements turcs et irakiens.
La chef de la diplomatie américaine a également été en contact dimanche avec le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, selon le département d'Etat.

Le porte-parole, Sean McCormack, a précisé que la secrétaire d'Etat était en fréquentes discussions sur ce dossier avec la Maison Blanche et le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, actuellement en tournée en Europe de l'Est.

Celui-ci a souligné dimanche la nécessité d'obtenir des renseignements précis sur la localisation des rebelles du PKK en Irak avant toute action contre eux. "Nous devons voir si nous pouvons travailler ensemble pour réagir à cette menace" du PKK, a déclaré
M. Gates à l'issue d'une réunion à Kiev avec le ministre turc de la Défense, Vecdi Günl.

"Il est essentiel de collecter des renseignements qui nous permettent de trouver ces gens", a dit le responsable américain. "Cela doit précéder toute action de quiconque" contre le PKK en Irak, a-t-il déclaré.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé, lundi dans un entretien au Times, les Etats-Unis de faire preuve d'immobilisme à l'encontre des rebelles kurdes, estimant que cela contribuait à nourrir une "vague d'anti-américanisme" croissante en Turquie. Washington craint une dégradation de ses relations avec la Turquie, mises à mal par les tensions à la frontière turco-irakienne mais aussi par le possible vote d'une résolution du Congrès américain reconnaissant un génocide arménien sous l'Empire ottoman pendant la Première guerre mondiale.

L'accès à l'espace aérien turc est crucial pour les Etats-Unis: 70% du fret aérien américain, 30% du carburant et 95% des nouveaux véhicules blindés destinés à l'Irak transitent par la base aérienne d'Incirlik (sud de la Turquie).
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Un cessez-le-feu rejeté

Le ministre turc des Affaires étrangères Ali Babacan a rejeté mardi à Bagdad l'offre de cessez-le-feu conditionnel du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), assurant qu'Ankara ne traitait pas avec une "organisation terroriste".
"La question du cessez-le-feu concerne deux pays, deux armées, et pas une organisation terroriste.

Le problème est un problème de terrorisme", a déclaré le ministre au cours d'une conférence de presse commune avec son homologue irakien Hoshyar Zebari.

Lundi soir, le PKK a annoncé qu'il était disposé à respecter un cessez-le-feu si l'armée turque renonçait à ses projets d'incursion et si l'Etat turc respectait les droits politiques et culturels de la minorité kurde en Turquie.
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