George W. Bush a rejeté mercredi la lettre de son homologue iranien, jugeant qu'elle ne répondait pas aux attentes internationales, et confirmé que Washington donnait du temps aux Européens pour proposer des mesures incitatives permettant de régler pacifiquement la crise.
La lettre de Mahmoud Ahmadinejad «semble ne pas répondre à la principale question que le monde pose et qui est: quand allez-vous renoncer à votre programme nucléaire», a dit le Président américain, dans sa première réaction à l'initiative de son homologue iranien.
«La diplomatie prend du temps lorsque vous négociez avec différentes nations», a déclaré M. Bush, confirmant que la balle était désormais dans le camp européen pour faire une nouvelle offre à l'Iran. Une précédente démarche similaire des Européens, avant que le dossier nucléaire iranien soit saisi par le Conseil de sécurité, s'était soldée par un échec.
Ignorant les inquiétudes internationales, l'Iran enrichit depuis le début de l'année de l'uranium, une procédure qui fournit le combustible des centrales civiles mais pouvant être détournée pour fabriquer l'arme nucléaire.
Pays musulman le plus peuplé de la planète, «l'Indonésie croit que le programme nucléaire de l'Iran est pacifique» et que le conflit peut être résolu «par la diplomatie», a déclaré à Jakarta le Président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono en recevant Mahmoud Ahmadinejad. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui a échoué lundi à convaincre la Russie et la Chine de soutenir une résolution de l'Onu contraignante pour Téhéran, a évoqué, peu avant George W. Bush, une temporisation des ardeurs américaines à manier le bâton.
Les Occidentaux attendront «quelques semaines» avant de faire pression pour une telle résolution afin que les Européens puissent préparer des mesures destinées à convaincre Téhéran de renoncer à ses activités nucléaires suspectes. Ces mesures montreront «clairement aux Iraniens qu'ils ont un choix leur permettant d'envisager un programme nucléaire civil», a dit Mme Rice. A Londres où il était l'hôte de Tony Blair, le chef du gouvernement français Dominique de Villepin a exclu un recours à la force contre l'Iran.
Il a expliqué que le plan européen était à deux voies. L'une passe par une résolution ferme du Conseil de sécurité, «même si nous excluons une action militaire» a-t-il dit. L'autre, a-t-il ajouté, prévoirait «s'il y a respect des engagements, des mesures incitatives y compris une assistance dans le domaine du nucléaire civil».
A New York, le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan a appelé Téhéran à «renoncer à toute attitude agressive et à rester ouvert à la discussion» avec les Européens. Au nombre des «carottes» envisagées, figurent des «propositions ambitieuses, premièrement dans le domaine de l'énergie nucléaire civile, puis dans le domaine commercial, et, pourquoi pas, dans le domaine de la sécurité», a indiqué le chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy.
Téhéran va avoir le choix entre un programme nucléaire civil jugé «convenable» par la communauté internationale et «l'isolement», a résumé Condoleezza Rice. Selon une source officielle allemande, des experts remettront lundi aux ministres des Affaires étrangères de l'UE-3 (Allemagne, France, Grande-Bretagne) des propositions sur une nouvelle offre pour l'Iran.