Intensification des raids meurtriers israéliens au Liban
AFP
14 Juillet 2006
À 15:58
Israël a intensifié ses raids destructeurs qui ont tué au moins 46 civils jeudi au Liban et le Hezbollah a tiré des dizaines de roquettes sur le nord de l'Etat juif, dans une escalade de la violence déclenchée par la capture de deux soldats israéliens.
Face à l'aggravation de la crise, la pire au Proche-Orient depuis de nombreuses année, une délégation de l'Onu, de même que le Haut représentant pour la politique étrangère européenne Javier Solana sont attendus dans la région pour tenter de limiter les conséquences du conflit. De nombreux pays ont appelé à la retenue dont les Etats-Unis, alors que le Conseil de sécurité de l'Onu prévu hier une réunion en urgence sur la dégradation de la situation, à la demande du gouvernement libanais qui a demandé «un cessez-le-feu immédiat».
Mais sur le terrain, la violence et les menaces ont continué.
Le ministre israélien de la Défense Amir Peretz a affirmé que son pays voulait «briser» le Hezbollah chiite libanais qui a capturé deux soldats et en a tué trois dans une attaque mercredi à la frontière. Cinq soldats ont péri dans des accrochages. De même, le Premier ministre Ehud Olmert a autorisé l'armée à «poursuivre son opération et à frapper plus d'objectifs» au Liban.
Au moins 46 civils dont des enfants ont été tués dans les bombardements de l'aviation, l'artillerie et la marine israéliennes qui ont visé à deux reprises l'aéroport international de Beyrouth, 21 ponts, des bases du Hezbollah et de l'armée libanaise, des routes et ont touché des habitations. Un couple et leurs huit enfants ont péri dans leur maison à Doueir, de même que sept membres d'une même famille chez eux à Baflay, dans le sud. Dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, un missile a touché un immeuble abritant des locaux de sa télévision. Dans le nord et l'est du Liban, des raids ont visé des bases militaires libanaises et des intérêts du Hezbollah.
Le Hezbollah a tiré, selon Israël, une centaine de roquettes sur une vingtaine de localités du nord, où trois Israéliens ont été tués et une centaine blessés. Deux roquettes de type Katioucha sont tombées pour la première fois sur Haïfa, troisième ville d'Israël à une quarantaine de km au sud de la frontière du Liban. Le Hezbollah a démenti toute responsabilité. Malgré cela, l'aviation israélienne a riposté en bombardant une deuxième fois l'aéroport de Beyrouth fermé pour une durée indéterminée, prenant pour cible les réservoirs de carburant, après avoir visé les deux principales pistes.
En soirée, la route internationale reliant Beyrouth à Damas a été la cible d'une série de raids aériens entraînant sa fermeture. Cette voie avait été empruntée par des milliers de touristes, ainsi que des travailleurs étrangers et des Libanais pour quitter le pays via la Syrie. L'aviation israélienne a largué des tracts au-dessus du Liban appelant les Libanais à éviter les lieux où se trouve le Hezbollah. Israël a indiqué vouloir imposer un blocus aérien, maritime et terrestre au Liban «jusqu'à nouvel ordre», six ans après le départ de ses troupes du Liban sud en 2000 après 22 ans d'occupation.
Cette recrudescence fait craindre une extension du conflit, notamment après les accusations lancées par Israël et les Etats-Unis contre la Syrie. Israël a dénoncé un axe «terroriste» Iran-Syrie. Le Hezbollah est «le bras de l'Iran», a affirmé la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni. Et un porte-parole de son ministère a dit que «le Hezbollah ne pourrait pas opérer au Liban sans le soutien clair de la Syrie». Le président George W. Bush, affirmant qu'Israël avait «le droit de se défendre», a aussi accusé la Syrie qui selon lui devrait «rendre des comptes».
Sa secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a ensuite appelé Israël à la retenue et averti que l'offensive israélienne était particulièrement mauvaise pour le fragile gouvernement du Premier ministre libanais Fouad Siniora.
Le gouvernement libanais a d'ailleurs démenti toute responsabilité dans la capture des soldats par le Hezbollah, représenté au cabinet, affirmant qu'il n'avait pas été mis «au courant» de cette opération. Mais l'Etat hébreu, parlant d' «acte de guerre», l'a rendu responsable et s'est engagé à faire payer «le prix fort» au Liban. Dans ce contexte de graves tensions, le Président d'Iran Mahmoud Ahmadinejad a mis en garde Israël contre toute agression contre la Syrie.
«Si Israël commet une autre idiotie et agresse la Syrie, cela sera synonyme d'une agression contre l'ensemble du monde musulman et il recevra une réponse cinglante».
L'ambassadeur de Syrie à Washington, Imad Moustapha, a souhaité que les Etats-Unis «prennent leurs responsabilités de superpuissance» et fassent pression sur Israël qu'il a «blâmé» pour l'escalade dans la région. Cependant l'Arabie Saoudite, un allié du gouvernement libanais, a critiqué indirectement les agissements du Hezbollah, les qualifiant «d'aventurisme».
Israël se bat en outre depuis plus de deux semaines sur son front sud, dans la bande de Gaza où il a lancé une offensive meurtrière pour retrouver son soldat enlevé le 25 juin par trois groupes palestiniens. Les Etats-Unis ont mis leur veto au Conseil de sécurité à un projet de résolution appelant à la fin de l'offensive à Gaza. Aussi bien le Hezbollah que les groupes palestiniens exigent la libération de prisonniers détenus en Israël en échange de celle des soldats dont la capture a plongé dans l'embarras son armée. Mais Israël a refusé.
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Israël menace d'éliminer le chef du Hezbollah
Le ministre israélien de l'Intérieur Ron Bar-On a menacé hier de mort le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, annonçant à la radio qu'il avait lui-même "tranché son destin". "Nasrallah a lui-même tranché son destin" a déclaré le ministre à la radio publique.
"Nous règlerons le moment venu nos comptes avec lui", a-t-il ajouté.
Le ministre de la Justice Haïm Ramon a déclaré pour sa part à la radio militaire qu'Israël lutterait contre le Hezbollah par les mêmes moyens que ceux "utilisés par les Américains contre Oussama Ben Laden", le chef du réseau terroriste Al-Qaïda.