La police démantèle à Tanger un réseau de faux passeports

Un commerce qui devient juteux en période estivale où le vol de passeports bât son plein.
C'est aussi durant cette période que les brigades de police spécialisées doublent de vigilance, améliorant les techniques de démantèlement de ce genre d'organisation criminelle.

Selon les premiers éléments d'enquête, c'est à la suite d'informations compilées que la police judiciaire de Tanger a pu arrêter les membres de la bande dans un appartement de location au quartier Dradeb. La perquisition du domicile en question s'est avérée fructueuse.

Les éléments de la PJ ont saisi des passeports marocains avec photos et identités falsifiées, des passeports allemands vierges, des cartes de séjour portugaises falsifiées, de fausses fiches anthropométriques, de faux cachets d'établissements publics.

Ces derniers appartenaient, explique-t-on à la police des frontières et à des consulats. La technique utilisée par la bande pour chercher ses clients est somme toute classique.

C'est en fait par le truchement de plusieurs rabatteurs que les membres de la bande procèdent à la réalisation de faux documents de voyage au profit de candidats à l'immigration clandestine en contrepartie d'importantes sommes d'argent.

Deux membres de la bande, à savoir Noura M. (25 ans) et Youness F. (23 ans) sont les cerveaux de la bande. Les deux maîtrisent l'outil informatique et les techniques de falsification.

130.000 DH pour un document vénézuelien

Selon des sources policières à Tétouan, pas plus loin que la semaine dernière, trois membres d'une bande spécialisée dans les faux passeports ont été arrêtés. Bizarrement, ils étaient en possession de 5 passeports vénézueliens authentiques. Passés aux aveux, les suspects ont affirmé vouloir les vendre à 130.000 DH l'unité.

Un prix jugé faramineux mais qui renseigne tout de même sur la demande qui existe sur ce type de passeport. En effet, le passeport vénézuelien donne accès à l'Espagne sans visa au même titre d'ailleurs que le passeport malien pour le cas de l'Algérie (voir encadré).

Jeudi dernier, autre grosse prise à Tétouan. Cette fois-ci, il s'agit de 18 Bengalais arrêtés par la police judiciaire. Il s'agit de candidats à l'immigration clandestine, interceptés dans la forêt entre M'diq et Fnideq, à quelques kilomètres de la frontière avec l'enclave marocaine de Sebta. Il y a aussi un mois, la PJ de Tétouan a arrêté 25 Asiatiques venant notamment d'Inde, du Pakistan et de Chine.

Comme quoi, le nord du Maroc n'est pas pris d'assaut que par les Subsahariens. La police a pu y mettre la main grâce à une ceinture de suivi, explique un responsable. Elle fonctionne grâce à des opérations de ratissage périodique, effectuées toutes les deux semaines.

A Bab Sebta, par exemple, cinq contrôles ont été mis en place. Autant de filtres pour vérifier l'authenticité des passeports présentés. S'y ajoute, également, une brigade de vigilance qui, à vue d'œil, est capable de déceler de potentiels suspects.

La vapeur pour falsifier

Les techniques pour changer les données d'un passeport sont restées presque les mêmes. Il est rare que la PJ mette la main sur des machines sophistiquées, des scanners ou des ordinateurs dédiés à ce genre d'opération. Selon un spécialiste de la question, les trafiquants utilisent la vapeur ou le fer à repasser pour décoller le plastique du passeport et changer la photo ou le nom. Souvent, l'arc du cachet est refait au stylo de couleur appropriée.

Avec l'entrée en vigueur de la carte biométrique, il sera difficile de passer les frontières avec un faux passeport. Selon une source policière, le pointage se fera systématiquement avec la nouvelle carte d'identité à puce en plus du passeport. Ainsi, toutes les données sur la personne s'affichent en temps réel, permettant ainsi de faire le lien avec celles du passeport. Par ailleurs, la carte biométrique est pratiquement infalsifiable d'autant plus que les techniques en la matière n'ont pas tellement évolué.