Mondial de l'Automobile 2006

L'armée menace de ratisser le camp de Fatah al-Islam

Des milliers de réfugiés palestiniens fuient leur camp

24 Mai 2007 À 15:17

L'armée libanaise a menacé mercredi soir d'une intervention dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared (nord du Liban), où était retranché Fatah al-Islam, si le groupe ne se rendait pas.
Dans le même temps, un attentat a fait au moins cinq blessés à Aley, une localité druze de l'est de Beyrouth. Il s'agit de la troisième explosion qui frappe la capitale ou ses environs en l'espace de quatre jours. Les deux premières, dans des zones chrétienne et sunnite, avaient fait un mort et plusieurs blessés.

Dans la journée, des milliers de réfugiés palestiniens avaient continué à fuir Nahr al-Bared, assiégé par l'armée, de
peur d'une reprise des combats entre l'armée et les combattants islamistes.

"L'armée ne négociera pas avec le Fatah al-Islam, ils n'ont que deux solutions: soit la reddition, soit l'armée aura recours à l'option militaire", a déclaré le ministre libanais de la Défense Elias Murr dans une interview à la chaîne satellitaire Al-Arabiya.
Il n'a cependant pas fait état d'un éventuel délai imparti à Fatah al-Islam pour prendre sa décision.

Les combats qui ont fait rage de dimanche à mardi , les pires depuis la fin de la guerre civile en 1990, ont fait au moins 68 morts, dont des civils.
L'armée a en outre découvert mercredi le cadavre du numéro deux du Fatah al-Islam, à l'entrée nord du camp, et un membre de ce même groupe a été tué le même jour à Tripoli, a-t-on appris auprès de sources policière et sécuritaire.

Craignant une rupture de la trêve intervenue mardi, mais aussi victimes de la grave détérioration des conditions humanitaires, hommes, femmes et enfants sont partis vers le camp de réfugiés tout proche de Baddaoui, Tripoli ou les villages avoisinants.
Le Comité international de la Croix-Rouge estime qu'entre 13.000 et 15.000 civils, sur un total de 31.000, ont déjà fui le camp.

Preuve de la préoccupation internationale, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner devait se rendre au Liban hier et aujourd'hui pour "réaffirmer la solidarité de la France avec le Liban et avec sa population" dans une "période critique".
De son côté, le Conseil de sécurité de l'ONU a "condamné dans les termes les plus vifs les attaques de combattants en armes du Fatah al-Islam", les qualifiant d'"inacceptables contre la stabilité, la sécurité et la souveraineté du Liban".
Face aux combats meurtriers, Amnesty International a exprimé sa "profonde inquiétude" et réclamé une action "urgente" des Nations unies.

Mais tout en affirmant son engagement à respecter la trêve, Fatah al-Islam avait averti, avant la mise en garde de l'armée, que ses combattants ne se rendraient pas.

Les islamistes du camp de réfugiés palestiniens de Aïn Héloué (sud du Liban) ont annoncé de leur côté sur l'Internet la formation d'unités jihadistes pour riposter aux "crimes ignobles" perpétrés à Nahr
al-Bared. Côté palestinien, le représentant de l'OLP au Liban, Abbas Zaki, a indiqué que son organisation ne s'opposerait pas à une décision du gouvernement libanais d'envoyer l'armée dans le camp qui se trouve, comme les autres camps palestiniens, sous la seule autorité des factions politico-militaires palestiniennes depuis 1969.
"Mais avant un éventuel feu vert à l'armée pour entrer dans le camp, les civils devront en avoir été évacués", a-t-il ajouté.

Et le chef du Fatah, principale faction de l'OLP, au Liban, Sultan Aboul Aynaïn, n'a pas exclu que son mouvement intervienne "militairement" contre Fatah al-Islam, accusé d'être lié au réseau Al-Qaïda.

Fatah al-Islam est également soupçonné par la majorité parlementaire anti-syrienne d'être utilisé par les renseignements syriens pour déstabiliser le Liban, déjà en proie à une grave crise politique liée à la création d'un tribunal international sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri.
Cependant la Syrie, ancienne puissance tutélaire, a nié tout lien avec ce groupe.
------------------------------------------

Canots pneumatiques

Une vedette militaire libanaise a coulé hier à l'aube des canots pneumatiques avec à leur bord des extrémistes du Fatah al-Islam qui tentaient de fuir le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, au Liban nord, a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'armée. "Des canots pneumatiques transportant des terroristes du Fatah al-Islam qui fuyaient Nahr al-Bared ont été coulés jeudi à l'aube par une vedette de la marine libanaise", a déclaré ce porte-parole.


Copyright Groupe le Matin © 2025