L'humain au centre de l'action future

Bouquiniste, un métier en voie d'extinction

La profession mise de plus en plus sur la rentrée scolaire pour sa survie
>Malgré un marché du livre plus ou moins déprimé, les bouquinistes de Rabat ne lâchent pas. Ils sont rares à pratiquer réellement ce métier et ils résistent tant bien que m

27 Août 2007 À 14:57

Pour inciter les gens à lire et stimuler l'accès aux livres à un public plus large, les bouquinistes de la capitale sont installés dans des endroits très fréquentés par la population (Agdal, les Orangers, la médina…), qui retrouve ainsi facilement le goût du livre.
Malheureusement, les Marocains lisent très peu, et le livre est loin d'être un produit de consommation courante. Les meilleures ventes dépassent rarement les deux mille exemplaires. Les libraires, ainsi que les bouquinistes, doivent leur survie à la rentrée scolaire.

«Je ne sais pas si je pourrais continuer à exister dans ce contexte» nous confie Hassan, bouquiniste depuis bientôt dix ans. «Je vends à15 et 20DH des livres qui se vendent neufs à plus de 300DH. Au fait, je ne gagne pas grand-chose», ajoute-t-il. Néanmoins, ce passionné de lecture refuse de céder à la tentation d'exercer un autre commerce. En effet, plusieurs bouquinistes de Rabat ont changé de métier pour devenir vendeurs de matériel informatique ou de portables.

Dans une boutique riche en livres, et malheureusement vide quant à la clientèle, se trouve Hassan. Fier de son métier et de sa clientèle, il affirme : «J'ai une clientèle fidèle : des professeurs, des médecins, des étudiants, des retraités….Bref, ce sont des gens qui ont du goût. Ils choisissent soigneusement ce qu'ils lisent».

Ainsi, l'objectif principal de Hassan est de présenter à ses clients les livres dont ils ont besoin. Un grand choix de livres de tous genres : dictionnaires, encyclopédies, manuels scolaires, livres de sciences, romans, revues … tout cela pour inciter les gens à lire. «Ce qui se vend le plus, ce sont les œuvres qui se rattachent aux sciences sociales : philosophie, sociologie… les livres d'écrivains marocains tels que Driss Chraïbi. Les livres d'histoire sont aussi très demandés», explique le jeune bouquiniste. A Bab El Hadd, se tient la boutique de Ba Ahmed.

Cet octogénaire est bouquiniste depuis près de 50ans. Il évoque avec douleur et nostalgie le passé. «Ma clientèle a disparu. Les gens qui lisaient n'existent plus». Du temps du protectorat, les Marocains lisaient beaucoup, même plus que les Français. Malheureusement aujourd'hui, les Marocains ne connaissent plus l'importance de la lecture. Ils la considèrent comme un passe-temps, mais la réalité est différente. Depuis l'apparition des cyber-cafés, même la petite minorité qui lisait a disparu. Les jeunes préfèrent surfer sur le net, regarder la télévision… plutôt que de lire.

Les Marocains lisent très rarement a contrario des autres pays arabes. La majorité des livres présentés dans les librairies sont des livres universitaires et scolaires.
En effet, la vente des romans classiques représente un faible pourcentage dans le chiffre d'affaires des bouquinistes, ainsi que des libraires.

Cette situation s'explique de plusieurs façons. Déjà, près de 70% des Marocains sont analphabètes. Reste 30%. Pour un grand nombre d'entre eux, l'accès au livre est quasi impossible vu les conditions de leur vie. S'ajoute à cela la faiblesse du pouvoir d'achat chez les jeunes et plus encore, l'influence des médias, ainsi que de l'Internet.
Pour ces raisons, malheureusement, le métier de bouquiniste disparaît jour après jour. Pourtant, il offre un grand choix de livres à un prix abordable.

•Journaliste stagiaire
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L'union fait la force

Dernièrement les bouquinistes de Casablanca ont pu constituer «l'association des bouquinistes», un projet qui leur tenait à cœur.

Cette association organise plusieurs activités culturelles et conférences, ainsi que des débats où ils invitent des intellectuels. Ba Ahmed a toujours rêvé de voir les bouquinistes de Rabat se rassembler dans une association. Comme leurs confrères casablancais, ils pourront, à travers cette association, organiser des activités culturelles.

Pour le moment, ce rêve n'est toujours pas réalisé, mais les espoirs des bouquinistes ainsi que des professionnels sont portés sur une action pour mettre en avant les bouquinistes ainsi que les livres, d'autant plus qu'il s'agit d'un métier qui risque de disparaître si les responsables ne font pas d'effort. Car seule l'union fait la force.
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