Naissance de SAR Lalla Khadija

Rien ne se perd, tout se récupère

A la ferraille de Sbata Hay Salmia, les prix des pièces de rechange varient de 50 à 15.000 DH.
>La ferraille de Sbata, située à proximité de Hay Salmia, dans l'arrondissement de Sbata, est un immense dépotoir pour les véhicules en fin de cycle. I

03 Mai 2007 À 14:26

L'odeur des gaz d'échappement des véhicules en marche empeste l'air. Partout, les épaves de vieilles carcasses sont entassées les unes sur les autres : voitures allemandes, japonaises, américaines et françaises. Comme celles de Haj Ahmed.

Ce sexagénaire est un mordu de la marque Citroën. Ses collègues l'appellent le patriarche. Inutile d'aller chercher ailleurs que chez lui une pièce de la marque aux chevrons. Les modèles présents dans son dépôt retracent presque toute l'histoire de la marque : 2CV, DS, CX… "La première voiture que j'ai eue était une Citroën.

Depuis, c'est presque un mariage entre nous. Il a débuté surtout à l'époque où le général de Gaule roulait en DS. C'est la voiture que j'aime le plus. Il y en a encore deux qui circulent : l'une est chez un avocat et l'autre chez un toubib". En plus de ce véritable musée, il dispose de toutes les pièces de rechange des différents modèles de la marque. "Si vous avez besoin un jour d'une pièce pour, une Citroën, n'hésitez pas à venir, je vous ferai un bon prix", conclut-t-il dans un grand sourire.

Toutes ces épaves achetées pour une bouchée de pain sont découpées pour être revendues pièce par pièce. Les ferrailleurs fournissent toutes les pièces de rechange nécessaires pour les mécaniciens, les tôliers, les électriciens de voitures et même pour certains particuliers renseignés par leur mécano. Sur place, on vend de tout : les moteurs de voitures complets toutes marques confondues, des tableaux de bord, des clignotants, des jantes, des arbres à cames, des batteries, des volants, des poignées, des pneus, des radiateurs... Chaque jour, ce marché aux allures de dépotoir est pris d'assaut par des dizaines de clients venus chercher une pièce de rechange qu'ils ne retrouvent pas au marché du neuf.

Dès qu'ils pénètrent dans l'enceinte de cette brocante impressionnante, ils sont vite repérés par les marchands qui viennent à leur rencontre: "Vous cherchez quoi exactement monsieur, demande le fils de Haj Kebbour. - Un moteur Mitsubishi Galant modèle 1997, diesel, répond un homme d'une quarantaine d'année".

Les revendeurs vendent des pièces et se proposent même de les monter sur le véhicule, histoire de vérifier si la pièce achetée est de bonne qualité ou pas. Ce service est aussi facturé au client, le tout à des prix abordables. C'est ce qui explique l'engouement des citoyens pour cet endroit. Parfois, on peut trouver des pièces qui ne sont pas disponibles à la maison mère. Mais en fait, ce qui attire les consommateurs, c'est les prix bon marché pratiqués à la casse.

Les clients sont également des garagistes qui viennent acquérir des pièces de rechange qu'ils revendront par la suite à leurs clients à des prix un peu plus chers que ceux pratiqués à la ferraille. Seulement pour acheter une pièce, explique l'amine de la casse (chef de corporation), il faut être un connaisseur de la mécanique, sinon il vaut mieux être accompagné d'un mécanicien, au risque de se faire arnaquer. Ici, dit-il, il existe certains commerçants qui n'ont pas de scrupules. Ces gens là n'hésitent pas, si l'occasion se présente, à arnaquer l'acheteur.

A ce propos, il affirme qu'il faut acheter la pièce quand elle est détachée et jamais l'acheter alors qu'elle est encore montée sur une voiture. Celle-ci, dit-il, pourrait subir des dégâts lors du démontage. Et d'ajouter qu'il faut toujours opter pour la méthode dite "biâ ou mqal" (satisfait ou remboursé). Comme ça, si la pièce ne convient pas, l'acheteur peut récupérer son argent.

La ferraille n'est pas uniquement un marché de la pièce de rechange. C'est aussi un marché pour la vente de ferraille. Toutes les épaves vidées de leurs pièces sont découpées et vendues au kilo pour les industriels.
Cet amas de fer est recyclé et ressuscité sous une autre forme.

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Un commerce juteux

Il existe quatre ferrailles à Casablanca : Salmia, Sbit, Dallas et Sidi Moumen. A première vue, ces lieux donnent l'allure d'immenses dépôts de vieilles voitures qui ne servent plus à rien ou plutôt d'un dépotoir de déchets métalliques (acier, fer, fonte, etc.) qui n'ont pratiquement pas de valeur. Ce sentiment que peut rsessentir le visiteur non avisé se dissipe au fur et à mesure que l'on découvre les lieux qui regorgent de véritables objets de valeur.

A première vue, il n'y a que des véhicules accidentés, mais ces mêmes véhicules sont une mine d'or des pièces de rechange. En dépit des allures de dépotoir d'acier et de fer, la casse regorge d'objets d'une valeur inestimable. Selon l'amine, le dépôt le plus démuni renferme au minimum une marchandise d'une valeur de 200.000 dirhams.
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