La vaccination chez la femme enceinte
La question de son innocuité pour le fœtus est fréquemment posée
LE MATIN
10 Juillet 2007
À 15:51
La grossesse est une période très sensible aux vaccinations, d'abord parce que les réactions de défense de l'organisme sont modifiées à ce moment-là et ensuite parce que le vaccin concernera deux personnes: la maman et son bébé. La grossesse n'est pas forcément le moment idéal pour entreprendre une vaccination, mais les circonstances peuvent faire que les deux situations se produisent ensemble, soit parce que le médecin estime qu'une vaccination est nécessaire, soit parce que l'immunisation a été faite alors que la grossesse n'était pas encore connue.
Quels sont les vaccins qu'il faut éviter? Et qu'en est-il des réactions fébriles chez les futures mamans ?
Avant de cerner les vaccins contre-indiqués, il faut savoir qu'il existe plusieurs catégories de vaccin : les vaccins dits "vivants" parce que produits avec des virus dont la virulence a été atténuée par des procédés particuliers, les vaccins «tués» que l'on produit avec des virus «tués», et les vaccins produits avec une fraction de virus ou de bactérie (inactive) récupérée sur des virus ou des bactéries fragmentées. Cette fraction qui est généralement une protéine peut dans certains cas être produite artificiellement (elle sera alors beaucoup plus pure).
Cependant, tous les vaccins à base de virus vivants atténués sont contre-indiqués au cours de la grossesse, en raison du risque théorique que le virus traverse le placenta et infecte le fœtus. Sont concernés les vaccins contre la rougeole, la rubéole, les oreillons, la varicelle, la fièvre jaune et le vaccin antipoliomyélitique par voie orale. Le BCG, réalisé à partir de bacilles vivants atténués, est également déconseillé.
En revanche, d'autres vaccins peuvent être réalisés pendant la grossesse mais sur indication du médecin. Il s'agit du vaccin anti-hépatite B.
En effet, bien que le vaccin soit sans aucun danger pendant la grossesse, on vaccine habituellement les femmes enceintes quand il existe un risque non négligeable d'attraper la maladie (toxicomanie, contact avec un sujet atteint).
Le vaccin garde une bonne efficacité pendant la grossesse, il est fabriqué avec une fraction du virus inactif.
Le vaccin antigrippal est aussi toléré lors de cette période, cette vaccination est efficace et protège aussi l'enfant jusqu'à l'âge de 6 mois environ. Elle est produite avec un virus tué. Le vaccin antitétanique n'expose pas à des risques particuliers. Une vaccination dans le mois qui précède l'accouchement suffit généralement à éviter la maladie à ce moment-là. Ce vaccin est fabriqué avec l'anatoxine du bacille donnant le tétanos.
Quant au vaccin antipoliomyélite, il peut être réalisé pendant la grossesse mais doit être réservé aux femmes qui voyagent dans des zones d'endémie, il a une bonne efficacité. L'immunité protégera l'enfant jusqu'à l'âge de 6 mois environ. La forme injectable est constituée d'un virus tué.
D'autres vaccins n'entraînent aucun risque d'infection fœtale, car ils sont réalisés à base de virus ou de bactéries tués ou inactivés, ou de fractions antigéniques, mais sont néanmoins déconseillés aux femmes enceintes car ils sont mal tolérés et peuvent provoquer des fausses couches. Il s'agit des vaccins anticoquelucheux, qui peuvent entraîner des réactions fébriles importantes et antidiphtériques. Pour conclure, il faut savoir que la vaccination est envisagée chez la femme enceinte en fonction du risque infectieux encouru.
Quel que soit le niveau de recommandation (possible, à éviter ou déconseillé), si la vaccination est justifiée du fait d'un voyage imprévu en zone endémique, d'un contexte épidémique ou professionnel, elle doit être réalisée. Le plus sage serait évidemment de maintenir les vaccinations recommandées à jour et de vérifier que l'on est bien protégé contre certaines maladies notamment la rubéole (si l'on n'a pas été vacciné dans l'enfance), avant d'envisager une grossesse.
----------------------------------------------------------------
Attention à la rubéole et la varicelle
Le risque d'atteinte foetale associé à ces infections au cours de la grossesse est bien connu. La vaccination contre la rubéole est donc recommandée pour les femmes non immunisées et il en sera peut-être bientôt de même pour la vaccination contre la varicelle.
Toutefois ces vaccins ne doivent être réalisés, chez les femmes en âge de procréer, que si l'absence de grossesse est confirmée par un test négatif et si ces femmes évitent d'être enceintes dans les deux mois suivant la vaccination. Amis que faire s'il s'avère que la femme était malgré tout enceinte au moment de la vaccination ? Cette éventualité ne doit pas inquiéter outre mesure.
Le vaccin contre la rubéole est pratiqué depuis longtemps et les cas de vaccinations réalisées chez des femmes enceintes n'indiquent pas de risque particulier pour le foetus.
En ce qui concerne le vaccin contre la varicelle, plus récent, un registre de grossesses a été mis en place en 1995 aux Etats-Unis, qui n'a révélé aucun cas de varicelle congénitale.
Une interruption de grossesse ne peut donc être conseillée
en raison d'une vaccination, quelle qu'elle soit, au cours de la grossesse.
Dernier point très important: si les examens réalisés systématiquement en début de grossesse ont montré l'absence d'immunité contre la rubéole, il est impératif de se faire vacciner après l'accouchement pour être protégée lors des
grossesses ultérieures.