L'humain au centre de l'action future

«Bientôt un partenariat entre les académies de Fès et de Versailles»

De mémoire de notre génération, et depuis pratiquement toujours ou presque, le français aura inconditionnellement été une tradition. R>
>C'est là pour plusieurs, un outil linguistique primordial dont ils se servent pour communiquer avec le monde exter

28 Février 2006 À 15:38

Le Matin : Mais alors quel constat précis de ces activités pour ces dernières années.
Pierre Raynaud :
L'Institut français de Fès s'est beaucoup développé en quatre ans, notamment grâce à la convention que nous avons signée avec la ville de Fès, qui nous a permis de développer nos projets relatifs a la programmation artistique au Complexe culturel Al Houria. Ce merveilleux outil dont dispose la ville de Fès, sans doute l'un des plus beaux lieux culturels du Maroc, avec une scène magnifique, de très bons espaces d'expositions, un rapport scène -salle parfait …

Trois grands domaines y sont mis en valeur la coopération éducative, les cours de langue et le secteur culturel, celui-ci étant l'aspect le plus visible et le plus symbolique de l'Institut français. D'ailleurs nous avons battu le record historique de billetterie depuis plus de dix ans sur l'année 2005.

Ce succès est dû, en grande partie, grâce au Complexe Al Houria et son équipe, et à l'engagement de notre équipe qui s'est mobilisée corps et âme. Avant, on avait surtout exprimé notre projet artistique à la Médina de Fès par la rénovation de Dar Batha et l'accueil de compagnies en résidence qui rassemblaient un public somme toute averti, bien que modeste dans sa quantité. Le concert de Rachid Taha a été notre véritable point de départ de nos retrouvailles avec le grand public. L'artiste n'avait pas seulement mobilisé notre équipe, il a su attirer le grand public venant de tous les quartiers de Fès, de toutes les couches sociales et de toutes les générations.

Nous sommes aussi associés au Festival de Fès des musiques sacrées du monde, contribuant notamment aux concerts d'ouverture avec William Christie et Les Arts Florissants, et de clôture du chœur d'enfants avec Enzo Enzo et Romain Didier.

Dans le champ de la coopération linguistique et éducative, notre partenariat avec l'Académie de Fès-Boulemane a permis un net re-démarrage de nos actions dans ces domaines. C'est ainsi par exemple que nous disposons désormais de deux établissements scolaires, lycée Ibn Rochd et collège Salah Eddine, pour dispenser nos cours de langue française.

Cette coopération touche aussi aux techniques modernes de gestion et d'information, ainsi qu'à la formation des proviseurs, des inspecteurs, et des enseignants. Par ailleurs, nous travaillons d'arrache -pied avec les services culturels de l'ambassade de France à la mise en place d'un partenariat inter- académique entre l'Académie de Fès-Boulemane et l'académie de Versailles … Du 11 au 14 mai, nous accueillons au Batha les Rencontres de la Mobilité Artistique Euro- méditerranéenne, impliquant des représentants de tout le Bassin méditerranéen où nous pensons évoquer la question de la mobilité des artistes.
Ces rencontres sont organisées par le Fonds Roberto Cimetta, basé à Bruxelles.

Quels rapports avec les artistes et écrivains marocains de langue française ?
L'Institut français de Fès c'est aussi – et surtout – une porte ouverte aux artistes marocains, qu'ils vivent ou non au Maroc.


Ainsi ils viennent présenter leurs projets, leurs ouvrages, comme ce fut le cas de Mohammed Nadif qui a récemment présenté L'Impromptu de Casablanca.

Et le grand public alors .

Nous avons deux projets importants dans ce domaine. Je viens de proposer aux élus de Fès de les associer pour organiser les spectacles de rues présentés gracieusement dans l'espace public. Les maudits sonnants aura lieu le 22 mars sur la Place Boujloud, en collaboration avec mon collègue de l'Institut français de Casablanca, un carillon devant une dizaine de milliers de spectateurs.

Le 22 avril, un projet de création, Fantasia Mécanique en partenariat avec l'ISADA , avant que ces artistes en herbe marocains n'aillent se produire dans les grands festivals de théâtre de rue de France, un spectacle dédié aux grandes migrations estivales des résidents marocains de l'étranger.
Ce spectacle fera le tour des Instituts français au Maroc et poursuivra son aventure en Europe .

Un Forum international du Livre de Jeunesse.

Je crois que le gros enjeu de la société marocaine réside dans sa jeunesse.
Nous avons créé l'année dernière le Forum du Livre et de la Jeunesse que nous allons recommencer cette année en le développant grâce à notre partenariat avec la Fondation Aïcha, qui souhaite accompagner l'ensemble des projets culturels et éducatifs pour jeunes publics au Maroc.
Ce forum se tiendra du 18 au 21 mai, avec des spectacles, des projections, des Expos, et des lectures.

Pour anticiper ce forum, nous organisons dès le mois d'avril des séminaires de formation pour les enseignants marocains autour de l'édition jeunesse, ce qui devra aboutir à un livre réalisé par les enfants et édité par un éditeur marocain.

Le vent de modernisation qui souffle sur le Maroc touche plusieurs secteurs dont nos partenaires de l'éducation. Nous essayons d'être des partenaires attentifs et disponibles pour ces réformes.

Je crois aussi que dans l'ensemble du dispositif français au Maroc, l'Institut français de Fès, que je quitterai avec beaucoup d'émotion dans tout juste six mois, de par son histoire, de par l'histoire de cette ville, et de par les événements qui s'y déroulent, a un merveilleux avenir devant lui…
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