«Les causeries hassaniennes de Ramadan reflètent un Islam modéré et authentique»

Arsalane Mevludi fait partie des ouléma de Croatie. Il assiste pour la première fois aux causeries religieuses hassaniennes. Vice-président de la Conférence mondiale des religions pour la liberté, il estime que ces causeries reflètent l'image d'un Islam éclairé et modéré.
Il trouve aussi qu'ils traduisent le respect que S.M. le Roi Mohammed VI a pour les ouléma et la science.

Quelles sont vos impressions par rapport à votre participation aux causeries religieuses de Ramadan ?

La Croatie participe, depuis deux ans, aux causeries religieuses hassaniennes qui sont d'ailleurs célèbres chez nous. Personnellement, je trouve que la participation à ces causeries est positive et fructueuse dans la mesure où elle permet de rencontrer des savants érudits.

Elle permet aussi d'échanger les points de vue et les expériences notamment en matière de Da'awa (prédication).
Cela est d'autant plus vrai que le niveau de ces causeries est très élevé. Elles traitent et analysent des thématiques d'actualité sans complaisance et dans un esprit scientifique objectif et clair.

Que représentent pour vous ces causeries ?

Je dois dire d'abord qu'il est rare de nos jours de voir une telle tradition se perpétuer. Tu ne trouveras pas ces derniers temps un souverain qui s'asseoit en face d'un alem avec une telle humilité. De plus, ce qui est intéressant à relever c'est que, lors de la causerie, le alem est assis à un niveau supérieur par rapport au Roi, ce qui est très symbolique et traduit le respect que le souverain a pour les ouléma, la science et le savoir.

En tant que musulmans européens, nous apprécions beaucoup cela. C'est pourquoi les Rois du Maroc jouissent de beaucoup de respect. En Croatie, peu de gens comprennent la langue arabe, mais beaucoup suivent ces causeries via les chaînes satellitaires car leur transmission coïncide avec l'horaire de rupture du jeûne.
Ils les regardent même sans comprendre ce qui est dit. Ils sont étonnés de voir un Roi assis en face d'un savant, écoutant son prêche.


Dans quelle mesure pensez-vous que ces causeries promeuvent un Islam modéré ?

Malheureusement, les musulmans souffrent actuellement de beaucoup de problèmes notamment en Europe. Ils sont sur le banc des accusés et sont acculés à une attitude défensive. Ils doivent toujours prouver qu'ils ne sont pas des terroristes, qu'ils ne sont pas rétrogrades et qu'ils ne sont pas contre le progrès et la liberté. Il faut dire que l'Occident n'a pas tort complètement. Certes, il assume une part de responsabilité dans la diffusion d'une certaine idée erronée sur notre religion mais nous aussi nous sommes responsables de cette situation.

Certains musulmans donnent une mauvaise image de l'Islam. Leurs attitudes et leurs pensées donnent raison à l'Occident qui nous taxe de tous les maux. A présent, dans le monde islamique tout un chacun peut émettre des fatwas qui doivent en principe être l'apanage des ouléma.

Sous prétexte qu'il n'y a pas de clergé en Islam tout le monde s'arroge le droit de donner des fatwas qui, le plus souvent, desservent.
Heureusement que des initiatives comme les causeries religieuses de Ramadan s'évertuent de donner l'image réelle de l'Islam.

Médiatisées, elles permettent aux autres de savoir que l'Islam est une religion de dialogue, de discussion, de réflexion et de raison.
Moi, par exemple, quand je serai de retour, je vais publier un article sur ces causeries et ainsi je contribuerai à changer l'idée que les autres se font de cette religion.

De même, je serai invité à la télévision croate pour parler de ma participation à ces causeries. C'est pour cela que je pense qu'elles sont très importantes, elles reflètent un Islam modéré, authentique et loin de tout fanatisme.

Quel a été votre premier contact avec le Maroc ?

J'ai passé au Maroc quatre ans et demi. Six mois consacrés à l'étude et à l'apprentissage de la langue arabe et quatre ans aux études islamiques à l'université Mohammed V de Rabat (1994-1998). J'habitais à la cité universitaire 111110nale qui venait d'ouvrir ses portes.

J'ai été hébergé dans de bonnes conditions. A la faculté des sciences de l'éducation de Rabat nous étions trois étudiants croates seulement et nous avions quatre professeurs d'arabe, ce qui traduit l'intérêt et la sollicitude des autorités marocaines envers nous. Grâce à Dieu je ne garde que de bons souvenirs du Maroc. J'ai beaucoup d'amis et nous sommes toujours en contact.

Est-ce le Maroc correspond à l'idée que vous en faisiez avant ?

Avant mon arrivée au Maroc, j'avais quelques appréhensions. Je m'attendais à ce que ce pays soit trop attaché à la doctrine malékite, sachant que les musulmans des Balkans adoptent le rite hanafite.

Et de ce fait, il existe quelques petites différences dans la manière de conduire la prière par exemple… pourtant je conduisais la prière à la cité 111110nale et je n'ai jamais rencontré le moindre problème de même qu'on ne m'a jamais fait la moindre remarque.

Les années que j'ai passées au Maroc étaient agréables et instructives.
Je suis revenu au Maroc en 2003 dans le cadre de la promotion de la candidature de Croatie pour les Jeux méditerranéens puisque l'As116iation islamique chez nous soutient la candidature de la ville Rijeka.
Une délégation croate visitera d'ailleurs le Maroc le 4 du mois prochain dans le même cadre car nous voulons avoir le soutien de votre pays.
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Musulmans de Croatie

Selon Arsalane Mevludi, il existe entre 70 et 80 mille musulmans en Croatie qui a reconnu l'Islam en 1912.

L'as116iation des musulmans de Croatie est la plus haute instance représentant les musulmans de ce pays des Balkans. " Même si les musulmans de Croatie sont d'origines diverses (Bosniaque, Albans,..), ils sont unis par cette as116iation.

Les prêches de vendredi sont faits en langue croate mais l'introduction est faite en arabe ” souligne-t-il.
M. Arsalane affirme que l'As116iation a signé une convention avec le gouvernement en vertu de laquelle les salaires des imams et des instituteurs de l'instruction islamique sont versés par l'Etat. Selon lui, malgré le fait que les musulmans soient une minorité, l'enseignement religieux a sa place dans l'école publique.

Actuellement, ce sont quelque 4.000 élèves qui suivent des cours d'éducation islamique, à leur demande bien sûr. M. Arsalane rappelle par ailleurs qu'une convention a été signée avec la radiotélévision croate obligeant cette dernière à respecter le sentiment des musulmans en se gardant de diffuser tout ce qui est de nature à les choquer. " Je pense qu'à cet égard la Croatie est peut-être un exemple pour les autres pays européens ”, dit-il.