L'humain au centre de l'action future

«Assaha Acharafia» d'Abdelkader Chaoui traduit en espagnol

02 Mars 2006 À 15:07

C'est un public subjugué par la nouvelle image que projette le Maroc qui a assisté, vendredi soir à Cartagena dans le sud de l'Espagne, à la première présentation de la traduction en castillan du roman d'Abdelkader Chaoui «La place d'Honneur» (Assaha Acharafia), sous le titre «Patio de Honor».

Chaoui a présenté un témoignage à la première personne sur l'évolution de la situation des droits de l'Homme au Maroc et l'effort colossal qui a été fait pour la récupération de la mémoire collective à travers l'Instance Equité et Réconciliation (IER), certes, mais aussi à travers la publication d'un ensemble d'écrits sur les «années de plomb», communément appelés «littérature carcérale».

Chaoui a évoqué «l'image d'un Maroc possible transformé à travers ses symboles dans la mémoire individuelle», faisant un crochet par sa propre «expérience de plomb» et s'attardant sur le livre objet de la présentation et sur l'évolution de la «littérature carcérale» au Maroc depuis le livre pionnier de Thami Wazani (Zaouia), publié en 1942 à Tétouan jusqu'à son dernier ouvrage paru en 2006 «Qui dira moi?».

«La Place d'Honneur», dira l'auteur, est scindé en deux parties distinctes. La première est un Feed-back d'images d'enfance dans une contrée imaginaire, probablement le village natal du narrateur, qui est un univers inhospitalier où les légendes et les croyances populaires servent de trame à l'explication d'événements insolites et la mise en avant d'un temps qui «engendre l'impossible».

La deuxième partie, nettement contrastée par rapport à la première, relate l'itinéraire d'une bande de camarades de bagne récemment libérés, qui affrontent une réalité différente et font de «vaines tentatives» d'adaptation à leur nouvelle vie de liberté récupérée.

La présentation du roman a été marquée par la projection d'un documentaire de 12 minutes sur l'évolution, «sans égale dans le Monde Arabe», de la situation des droits de l'Homme depuis l'indépendance à nos jours.
Le film, préparé par un avocat hispanophone du barreau de Rabat, Mohamed El Manira et une aficionada de la culture marocaine, Carmen Navarro, est une kaléidoscopie d'images depuis les moments d'euphorie au lendemain de l'indépendance jusqu'aux auditions publiques organisées par l'IER, en passant par les souffrances endurées pendant les «années de plomb» et que les Marocains, de toutes conditions, ne veulent plus voir se reproduire.

L'ouvrage de Chaoui, pour lequel il a obtenu en 2000 le Prix du Maroc de la créativité littéraire, fait partie de cette vague littéraire née à la fin des années 80, qui se veut un mode d'expression destiné à exorciser les démons d'un passé récent, afin de prendre un nouveau départ dans une société ouverte, tolérante, démocratique et réconciliée avec elle-même.

Sa version arabe a été rééditée en 2002 à Ramallah en Palestine.
La traduction à l'espagnol, éditée dans la collection «Algarabia», a été assurée par Ignacio Ferrando Frutos, arabisant de renom et directeur de l'école de traduction de Tolède. Elle a été préfacée par Gonzalo Fernandez Parrilla, professeur des études arabes et islamiques à l'Université de Cadix (Andalousie).
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