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Les écrivains et artistes noirs célébrés à Paris

15 Septembre 2006 À 15:45

En collaboration avec l'Unesco et l'Organisation internationale de la francophonie, «Présence Africaine», la Communauté Africaine de la Culture et le W.E.B. Dubois Institute for African and American Research, rattaché à l'université de Harvard, célèbrent à Paris du 19 au 22 septembre 2006 le cinquantenaire du 1er Congrès international des écrivains et artistes noirs.

Plusieurs personnalités, écrivains et intellectuels figurent parmi les participants à cette commémoration, notamment Edouard Glissant, Aminata Traoré, René Depestre et Abdou Diouf, ainsi que Alioune Diop, créateur de la revue «Présence Africaine» et initiateur de la rencontre. Vingt-cinq pays sont représentés, par soixante-dix délégués issus de l'Afrique sub-saharienne, des Etats-Unis d'Amérique et des Caraïbes.

Les travaux de la réunion, qui se déroulent à la Sorbonne, commencent par une journée en hommage à Césaire, Soyinka et Mandela, et sont suivis de débats et de réflexions sur les principaux apports de ce Congrès à l'évolution de la pensée politique et littéraire au cours des dernières décennies, et sur les problèmes et les perspectives du monde noir aujourd'hui.

De nombreux thèmes ont été abordés lors des discussions, et ont fait l'objet de polémiques parmi les participants, notamment le sujet de l'unicité de la civilisation négro-africaine et le rapport entre le culturel et le politique. Néanmoins, le congrès reste un lieu privilégié pour contester la domination culturelle coloniale et pour affirmer l'identité africaine, ainsi que la reconnaissance du peuple noir comme producteur de sens et de culture.

La rencontre, qui réunit des intellectuels noirs de différentes idéologies, a permis de donner un sens unique à leurs œuvres et créations tout en développant le concept de «l'homme de la culture noire» et en leur octroyant la «tâche historique de faire revivre, de réhabiliter et développer ces cultures (noires) afin de favoriser leur intégration à l'ensemble de la culture africaine». Rappelons que la première édition du Congrès des écrivains et artistes noirs avait eu lieu en 1956 à Paris. Une rencontre qui a contribué à l'évolution de la culture noire dans le monde, et a participé à installer le concept du dialogue des cultures et le faire ériger universellement.

«Nous étions partagés entre l'espoir et le désespoir. On ne savait pas jusqu'à la dernière minute si on pourrait finalement obtenir l'amphithéâtre Descartes de la Sorbonne. Il y avait beaucoup de méfiance à l'égard des Noirs, «qui ne savaient que danser», pensait-on à l'époque ! Nous étions davantage pris au sérieux à Rome, quand on a voulu organiser le deuxième congrès dans la Ville éternelle.

Sans doute parce que la rencontre de 1956 avait permis de révéler la qualité intellectuelle des penseurs et des écrivains noirs», affirme Yandé Christine Diop, la cheville ouvrière du 1er Congrès des écrivains et artistes noirs. Ce 1er Congrès représente un moment de l'histoire que les jeunes générations noires ne peuvent oublier.

Et la commémoration reste le moment favorable pour transmettre à ces jeunes la responsabilité de continuer le parcours qu'ont commencé leurs prédécesseurs. «Les célébrations de 2006 sont aussi le moment de passage de témoins, comme le rappelle Césaire dans le discours qu'il nous a fait parvenir. Je suis d'accord avec lui, il est plus que temps pour que les gens de ma génération passent enfin le flambeau aux plus jeunes», conclut Yandé Christine Diop.
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