L'opposition doute de la capacité du gouvernement à appliquer son Budget
L'actuel gouvernement bute sur plusieurs contraintes. D'abord, au niveau national, le retard des pluies augure d'une campagne agricole maigre. Les répercussions sur l'approvisionnement en produits de consommation et même sur l'emploi, ne tarderont pas à se faire jour.
Loi de finances
LE MATIN
13 Novembre 2007
À 22:07
Ensuite, les prix du pétrole continuent leur trend haussier, avoisinant les 100 dollars le baril. C'est dire combien l'équipe Abbas El Fassi doit être clairvoyante pour prendre en considération tous ces facteurs et agir en conséquence. Malgré tout cela, le ministre de l'Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar, a présenté un projet de Budget des plus ambitieux. De quoi laisser perplexe observateurs et députés, surtout de l'opposition, qui n'ont pas ménagé leur critiques sur l'excès d'optimisme de l'argentier du pays, qui a prévu un taux de croissance de 6,8% pour 2008.
Lundi dernier, en commission parlementaire, le président du groupe haraki, Saïd Ameskane, a qualifié le projet de Budget de «difficiles à réaliser». Il a évoqué, à ce propos, la difficulté d'atteindre un taux de croissance de 6,8%, mettant en avant l'inflation et les fluctuations des coûts de l'énergie. D'autant plus que lors de sa présentation de la Loi de finances devant la presse, S.Mezouar s'est basé sur un prix du baril de 75 dollars.
Malgré toutes ces contraintes, c'est la première fois que le gouvernement s'engage pour des investissements publics qui dépassent les 100 milliards de DH (106,93 MMDH). De quoi donner un véritable coup de fouet à la dynamique économique de manière générale. Quant aux ressources nécessaires au financement de ces investissements, le ministre reste confiant. Malgré les baisses apportées à l'IS et à certaines taxes, S.Mezouar ne prévoit aucune diminution des recettes. Sur ce registre, il croit dur comme fer à la dynamique économique que ces encouragements fiscaux sont à même de réaliser.
Sur un autre registre, l'aspect social qui revêt un caractère devenu structurel dans toute Loi de finances, n'est pas en reste, malgré les critiques que l'on peut émettre à ce sujet. Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances l'avait annoncé en grande pompe : «plus de 50% du Budget est dédié aux secteurs sociaux». Or, cette manne se trouve généralement noyée dans les budgets de fonctionnement. A titre d'exemple, l'enveloppe budgétaire allouée à l'Education est de 37,4 milliards de DH dont 31,2 milliards de DH pour les dépenses du personnel, alors que la rubrique investissement ne dépasse pas les 3 milliards de DH.
Il faut, donc, attendre des jours meilleurs pour secouer le mammouth. Idem pour la santé qui doit se contenter d'un budget d'investissement de seulement 1,3 milliards de DH. Toutefois, au-delà des chiffres, le social est d'abord une question de vision. L'INDH a eu le mérite de tracer la voie tout en exhortant la plupart des secteurs gouvernementaux à prendre ses projets en ligne de compte.
Le projet de Loi de finances 2008 a divisé les députés entre majorité et opposition, lundi en commission parlementaire. Tout ce qu'il y a de normal si ce n'est que le Budget général s'avère un peu plus ambitieux que les précédents, malgré un contexte contraignant caractérisé par la flambée des matières premières, en particulier le pétrole. Pour un gouvernement en début de législature, donner de l'espoir à l'économie et à l'investissement reste, toutefois, légitime. Encore faut-il qu'il en ait les moyens.
C'est la première fois, que l'Exécutif s'engage pour des investissements publics qui dépassent les 100 milliards de DH (106,93 MMDH). De quoi donner un véritable coup de fouet à la dynamique économique de manière générale. L'aspect social, un caractère devenu structurel dans toute Loi de finances, n'est pas en reste, malgré les critiques que l'on peut émettre à ce sujet. Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances l'avait annoncé en grande pompe, "plus de 50% du Budget sont dédiés aux secteurs sociaux".
Or, cette manne se trouve généralement noyée dans les budgets de fonctionnement. A titre d'exemple, l'enveloppe budgétaire allouée à l'Education nationale est de 37,4 MMDH, dont 31,2 MMDH pour les dépenses du personnel, alors que la rubrique investissement ne dépasse pas les 3 MMDH. Il faut donc attendre des jours meilleurs pour secouer le mammouth. Idem pour la Santé, qui doit se contenter d'un budget d'investissement de seulement 1,3 MMDH. Les partis de l'opposition sont allés encore plus loin en doutant même de l'applicabilité du projet de Budget. Le président du groupe haraki, Saïd Ameskane, l'a qualifié de "difficiles à réaliser".
Il a évoqué, à ce propos, la difficulté d'atteindre un taux de croissance de 6,8%, mettant en avant l'inflation et les fluctuations des coûts de l'énergie. D'autant plus que lors de sa présentation du projet de Budget devant la presse, S.Mezouar s'est basé sur un prix du baril à 75 dollars, alors que les courts affichaient des prix frôlant les 100 dollars.
Le mur qui sépare les ambitions de la réalité est d'autant plus épais que les ressources budgétaires restent tributaires d'une hypothétique dynamique économique devant compenser les baisses et cadeaux fiscaux. Selon S.Ameskane, "malgré les efforts consentis, le Maroc continue de faire face à des problèmes comme la pauvreté, la précarité et le déficit en développement humain", estimant que le budget consacré aux secteurs sociaux privilégie la gestion au détriment de l'équipement. Pour sa part, Said Dor, du groupe UC, a déploré que le projet n'ait pas affiché certains chiffres importants, notamment en ce qui concerne le déficit actuel et le taux de croissance pour l'année 2007.
Dans ce projet, a-t-il affirmé, le groupe UC "ne voit pas la volonté réelle de parvenir aux objectifs tracés". Quant au président du groupe Justice et développement, Mustapha Ramid, il a estimé que la Loi de finances étant un moyen de développement, celui-ci demeure tributaire de la démocratie, de l'Etat de droit, des droits de l'homme et de la bonne gouvernance. Dans cette perspective, il a appelé à la moralisation de l'administration et à la lutte contre l'économie de rente. Un sujet cher aux députés du parti de Saadeddine Othmani. Il s'est également prononcé en faveur d'une révision de la réglementation des finances nationales, de façon à les adapter aux normes internationales. -------------------------------------------
La majorité solidaire
Les groupes de la majorité à la Chambre des représentants ont été solidaires avec le ministre de l'Economie et des Finances. Pour eux, le projet de Loi de finances 2008 s'inscrit dans la continuité des grands chantiers. La présidente du groupe istiqlalien pour l'Unité et l'égalitarisme, Mme Latifa Bennani Smirès, a salué l'allègement de l'impôt sur les sociétés (IS) pour la promotion de l'investissement et de l'emploi.
Elle a également mis en relief le projet de réflexion sur une stratégie de développement agricole, indépendamment des aléas climatiques, de la sécheresse structurelle et de la rareté récurrente des ressources hydriques. Dans son intervention, le président du groupe socialiste, Ahmed Zaidi, a estimé que la politique des barrages, qui a eu des effets positifs dans le passé, est maintenant dépassée, et qu'il faudrait réfléchir à la mobilisation de nouvelles ressources en eau à bas prix, notamment par dessalement d'eau de mer.
Enfin, le président du groupe RNI, Abdelaziz El Hafidi El Alaoui, a mis en exergue les dimensions sociales, régionales et économiques du projet sans perdre de vue la nécessité d'inciter les banques à investir et à prendre un certain nombre de mesures d'ordre fiscal, comme l'allégement de la pression, l'élargissement de l'assiette et l'intégration de l'économie formelle dans le système.