Moralisants et dérangeants, ils influencent nos enfants. Décryptage d'une ambivalence
LE MATIN
06 Décembre 2007
À 16:46
Nos enfants grandissent à une époque où les mass media sont facilement accessibles et extrêmement influents. Ainsi, télévision, Internet, radio et jeux vidéo sont disponibles dans la majorité des foyers.
Une disponibilité qui peut être à la fois une bénédiction et une malédiction, car si les médias peuvent instruire et divertir, informer et inspirer, ils peuvent également avilir et corrompre. Où s'arrête donc l'utilité de ces moyens ? Que dire de leurs inconvénients et qu'en est-il de la lecture? Analyse d'un cercle vicieux. "Nous n'aurions jamais l'idée de permettre à nos enfants de jouer, avec des fils électriques non isolés de peur, bien évidemment, qu'ils se fassent électrocuter. De même, nous devons savoir isoler et surveiller les contacts négatifs que nos enfants peuvent avoir avec la télévision, la radio, les films, la musique, les jeux vidéo, l'Internet, les magazines et les journaux", c'est ainsi que Ghizlaine Benjelloun juge avec modération l'utilisation des différents moyens médiatiques. Elle poursuit : "De tous les médias, la télévision est peut-être celle qui a l'influence la plus répandue.
C'est pour cette raison que nos enfants restent le plus longtemps scotchés devant les écrans. Ils se projettent dans les héros et imitent leurs aventures". Jusque-là tout paraît bien, car si un enfant tire profit d'un quelconque média, c'est qu'il ne court aucun danger. "Certes, les programmes offerts de nos jours par la télévision locale ou autre permettent à un bon nombre de personnes de découvrir la bonne musique, le théâtre et l'art, et de connaître les opinions et la vie de personnalités éminentes. Mais malheureusement, trop peu de familles profitent de ces excellentes émissions", déduit notre spécialiste.
Faut-il comprendre alors que les raisons pour lesquelles nous ratons ces moments, c'est que, peut-être, les émissions de moindre valeur, sont soutenues par une promotion exceptionnelle (passage en prime time) et attirent davantage l'attention aussi bien des parents que des enfants ? En effet, c'est là où se situe le problème: "Les producteurs de télé nous inondent de tant de choses ignobles et indignes de notre nature qu'il est impossible à ceux qui regardent la télévision sans discernement d'échapper à la violence et aux autres comportements déplacés", témoigne Nadia, maman d'un jeune enfant de 5 ans. En fait, les émissions en vogue dites de "téléréalité" font paraître la vie des jeunes adolescents et des personnes ou familles en difficulté. "Elles dépeignent des personnes faibles et malheureuses dans leur vie. Ces émissions déforment la réalité et peuvent donner aux enfants des attentes infondées. Les spectacles laissent entendre que les problèmes complexes de la vie ont toujours une solution simple et rapide trouvable en une émission d'une demi-heure", déclare notre maman-témoin. Ajoutons à tout cela les programmes violents (films, musique et même les dessins animés). Rappelons que la violence dans les médias est à l'origine d'un débat de société qui, en 30 ans, n'a toujours pas trouvé de réponses définitives. Concrètement, le débat se concentre sur la "culture de la violence", la normalisation de l'agressivité et du manque d'empathie dans nos sociétés.
Et la radio ? Musique, débats et shows sont tous des genres qui passent à la radio. L'enfant capte tout, via son baladeur, son portable ou son iPod, il ne laisse rien échapper. Il écoute, apprend, saisit et répète, sans modération. Certes, on trouve rarement quelque chose de néfaste à la radio, mais avec la prolifération de certains genres musicaux, l'adolescent se perturbe, apprend un nouveau langage et se fond dans cette masse communicative. Le rap marocain, à titre d'exemple, véhicule plusieurs messages, et ce n'est surtout pas un hasard si lors des élections les candidats ont eu recours aux jeunes troupes de la scène underground pour promouvoir leurs campagnes ! Pour conclure, il faut dire que parents et enfants peuvent apprendre à éviter les assauts des offres négatives des médias et s'engager dans des activités plus productives.
Selon certaines expériences, les familles qui maîtrisent les médias dans leur foyer s'apercevront que leurs membres parlent davantage entre eux, écoutent mieux les uns les autres et se découvrent mutuellement plus que jamais. L'expérience d'une mère française en témoigne. Il y a quelques années, cette jeune mère souhaitait réduire le temps que la télévision enlevait aux enfants d'âge scolaire de son quartier. Elle lança une campagne visant à encourager à passer davantage de temps, loin de la télévision. Sa campagne s'intitula "Débranchez la télé, branchez votre esprit". Elle lança aux élèves de l'école, où vont ses propres enfants, le défi d'arrêter pendant un mois de regarder la télévision - sauf deux à trois heures par semaine pour des émissions d'actualité ou d'éducation.
Elle obtint aisément le soutien du directeur de l'école et des professeurs. Ceux-ci firent des suggestions sur la façon dont les élèves pourraient utiliser leur temps, et les enfants entreprirent des projets spéciaux. Depuis, cette expérience est qualifiée comme louable. La façon dont nous maîtrisons ces "divertissements" déterminera si nous sommes des serviteurs utiles ou des maîtres dominateurs de notre temps et de notre énergie mentale. ----------------------------------------------------------
Maîtriser l'influence de l'Internet
Comme la télévision, l'Internet peut être une source d'information de grande valeur. Mais les personnes qui recherchent l'obscénité, la violence et la dépravation peuvent les trouver sans grand effort sur la toile. Toutefois, les parents peuvent prendre plusieurs mesures pour maîtriser l'influence de l'Internet sur leur famille. L'une d'elles consiste à installer un logiciel qui bloque l'accès aux sites inappropriés du réseau, ou encore à contrôler l'accès par un mot de passe connu des seuls parents.
Aussi, l'une des meilleures précautions consiste à placer les ordinateurs connectés à l'Internet aux endroits de grand passage et à limiter leur accès aux heures où les autres membres de la famille sont éveillés et peuvent surveiller l'activité sur l'ordinateur.
"Les parents doivent savoir quand, où et comment leurs enfants se servent d'Internet. Et s'ils savent, eux-mêmes comment s'en servir, c'est tant mieux, car ils guideront leurs enfants pour qu'ils l'utilisent convenablement", précise Ghizlaine Benjelloun. Quant aux parents qui ne savent pas utiliser l'Internet, ils peuvent généralement trouver des personnes disposées à les aider.