Spécial Marche verte

«Les femmes sont souvent à l'origine de l'élaboration des programmes politiques et ce sont les hommes qui récoltent les fruits»

26 Avril 2006 À 15:31

Il n'y a pas de justice sans égalité effective. Voilà donc en résumé le mot d'ordre sur lequel le nouveau Observatoire marocain de l'intégration de la femme à la vie politique, créé samedi 22 avril à Casablanca, entend se battre pour faire avancer la cause féminine. Dans ce sens, les initiateurs (universitaires, juristes, médecins, avocats, ingénieurs et étudiants) de ce programme, venus de divers horizons, souhaitent entreprendre un effort d'éducation à la citoyenneté et de sensibilisation de la population, essentiellement axé sur le milieu rural et périurbain.

Un projet qui, selon les responsables, s'inscrit dans le cadre de l'Initiative nationale de développement humain (INDH), un chantier gigantesque qui ne permet de négliger aucune composante de la société «Tous les Marocains de toutes tendances politiques, d'appartenances idéologiques, de toute confession religieuse et de toutes origines sont admissibles à l'Observatoire sous une seule condition : celle d'adhérer aux valeurs qu'il véhicule.

Il va de soi qu'en franchissant les portes de l'Observatoire, tout membre doit laisser sa casquette idéologique, partisane ou religieuse dans les vestiaires» a indiqué Mohamed Raoudi, fraîchement élu à la tête de l'Observatoire et qui annonce que la liste des nouveaux membres ne cesse d'augmenter depuis sa création. «Nous étions 62 personnes lors de l'assemblée constituante, et, aujourd'hui, nous nous comptons à 86 membres. Il y a même une conseillère marocaine d'un ministre européen qui s'est inscrite dernièrement sur notre site internet en plus de deux Marocains résidant en Chine», a expliqué ce haut fonctionnaire de la douane qui envisage prochainement d'ouvrir d'autres antennes régionales et internationales après celle de Casablanca notamment à Marrakech, Rabat, Fès, Paris, Bruxelles, Pays-Bas et Canada.

Pour mener à bien sa mission, l'Observatoire mettra en place deux instruments de travail à savoir l'élaboration d'un indice d'intégration de la femme dans la vie politique en prenant comme année de référence 2006. «Les éléments qui seront pris en considération dans l'élaboration de cet indice sont l'intégration de la femme dans les instances gouvernementales, partisanes, syndicales et assemblées élues. Souvent, ce sont les femmes qui sont à l'origine de l'élaboration des décisions et programmes politiques et c'est souvent les hommes qui récoltent les fruits, et cela dans la quasi-totalité de nos partis politiques et syndicats», a lancé M. Raoudi, qui considère que le quota de 10 % de femmes au Parlement est bien, mais reste insuffisant, alors que la gent féminine a démontré son dynamisme tout au long de la période de construction de notre pays.
Par ailleurs, l'Observatoire envisage de mener des actions de proximité basées sur l'approche directe en utilisant notamment des prospectus tout en sollicitant l'aide auprès des sponsors. Cette campagne de communication pour la femme a pour objectif de lui faire prendre conscience de sa force électorale et qu'elle peut être architecte de son propre avenir. «Les femmes sont connues pour être plus civiques que les hommes en matière de devoir électoral. D'ailleurs, les statistiques prouvent qu ‘elles votent plus que les hommes. De même, nous allons organiser des stages et des séminaires au profit des futures candidates aux élections», a-t-il poursuivi.

La communication s'adressera aussi aux hautes instances de l'Etat. En effet l'observatoire envisage d'envoyer notamment au Premier ministre Driss Jettou, des propositions de nature à permettre à la femme élue de concilier entre sa vie au foyer et son activité politique. Autre instrument de travail, la publication d'un rapport annuel sur la situation politique de la femme marocaine. Pour ce faire, les partis seront interpellés et ceux qui refusent de répondre au questionnaire auront droit à une page blanche et seront après jugés par l'opinion publique.
D'autres actions sont à venir et déjà quelques idées sont dans l'air, comme l'interpellation des formations politiques lors des échéances électorales pour les inciter à placer leurs candidates femmes dans des positions d'éligibilité et non en candidatures militantes qui n'ont aucune chance de le remporter.
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