Le comité pour la bonne gouvernance appelle à un congrès extraordinaire
Il compte faire retentir sa voix au prochain comité central, dimanche prochain
LE MATIN
25 Novembre 2007
À 16:12
Après son basculement inattendu à l'opposition, le Mouvement populaire est secoué par une lame de fond qui risque d'éroder sa cohésion. Depuis la réunion de son bureau politique, mardi dernier, les rumeurs n'ont pas cessé de nourrir une imminente montée des tenants du changement tous azimuts. Ces derniers s'en prennent directement à la personne de Mahjoubi Aherdane, accusé d'avoir fait rater à son parti une participation gouvernementale à laquelle il s'attachait.
Justement, la réunion de mardi dernier a donné lieu à deux commissions, la première dédiée à l'évaluation politique de la non-participation et la seconde planche sur les législatives du 7 septembre dernier. Les résultats de ces deux commissions seront soumis à la prochaine réunion du comité central, prévue le 2 décembre prochain. Contacté par Le Matin, Mohamed Fadili, ancien secrétaire général de l'UD et adjoint du secrétaire général du Mouvement, reconnaît l'existence de signaux forts quant à la nécessité du changement au sein de la présidence, mais également parmi l'élite du parti de manière générale.
Quant à l'existence d'une mouvance qui appellerait de ses vœux le départ d'Aherdane, le responsable préfère rester prudent. Pour lui, «ces personnes ne représentent pas une entité décisionnelle et ne peuvent de ce fait imposer une vision qui doit, avant tout autre considération, être soumise à l'appréciation des instances officielles du parti».
Pourtant, Mohamed Mansouri, coordinateur du comité élargi pour la bonne gouvernance, créé au lendemain du basculement du MP dans l'opposition, ne l'entend pas de cette oreille. «Nous ferons retentir notre voix au sein du comité central. Nous appellerons à la tenue d'un congrès extraordinaire en mars prochain», confie-t-il au Matin. M. Mansouri fait allusion à la nécessité «d'élection démocratique au lieu des désignations aux grés du bon vouloir de la présidence».
L'ex-président du groupe des conseillers du parti ne trouve aucune gêne à qualifier M. Aherdane de dictateur à la mentalité dépassée. «Nous aurions aimé qu'il devienne une sorte de référentiel, une personne avec laquelle on peut se concerter sur les grands choix», indique-t-il.
Outre la critique frontale de la gestion du parti, qui n'omet pas son secrétaire général Mohand Laenser, le comité élargi appelle à la démocratisation des structures élues et à la clarification de leurs attributions. Le lien est clair avec la manière dont les propositions des ministrables lors de la formation du gouvernement ont été formulées.
L'on reproche toujours à la présidence son accaparement de la prise de décisions quant aux profils des candidats. Le comité pour la bonne gouvernance avait reproché à M. Aherdane sa tentative de parachutage d'un de ses enfants au secrétariat général du parti.
A la lumière de ces tiraillements, peut-on en déduire une proche implosion du pôle haraki ? Difficile d'être affirmatif puisqu'il conviendrait d'abord de sonder la réelle représentativité des mécontents. A la présidence, l'on conteste l'existence même de ces nouveaux maquisards. Dans une de ses déclarations à la presse, Mohand Laenser, secrétaire général du MP, a signifié que M. Mansouri a gelé son action au sein des instances du parti. Allégation que le concerné dément, expliquant qu'une telle décision doit suivre le processus normal de démission à travers une lettre soumise à la présidence.
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Rapports avec le PJD ?
Le rapprochement entre le MP et le PJD a récemment défrayé la chronique pour deux partis aux référentiels pas forcément mariables.
De part et d'autre, des courants ont contesté cette coordination dictée par l'existence des deux formations à l'opposition.
«Nous avons convenu d'accorder nos violons sur les sujets qui nous rapprochent et ajourner ceux qui nous séparent», explique Mohamed Fadili, troisième homme du MP. Si par exemple les deux pôles critiquent la manière dont la loi de Finances est discutée au Parlement, l'exacerbation de la dette intérieure, les chiffres sur le chômage ou encore la politique agricole, ils remettent aux calendes grecques leur différence de vue sur l'amazighité et l'usage du référentiel religieux en matière de gouvernance.