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«Une culture jeune et libre émerge»

111VIEW : Mobydick, jeune rappeur marocainR>Après avoir raflé un prix au Boulevard, l'artiste enchaîne les succès
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24 Août 2007 À 15:32

Le Matin : Qui est Mobydick ?

Mobydick :
Je suis un jeune rappeur, âgé de 29 ans, issu de la ville de Rabat.
En effet, je réalise des morceaux en français et en darija. La première fois que j'ai commencé à m'intéresser au rap, c'était en 1990, quand j'ai regardé un vidéo clip du rappeur américain Vanilla Ice. J'étais charmé par son look qui me paraissait bizarre, par sa coiffure et surtout par sa façon de danser. J'ai essayé alors de l'imiter et c'est ainsi que j'ai commencé à travailler sur ma chorégraphie.

Toutefois, je n'ai pas négligé le rap français. Je regardais souvent les clips de Solaar et Shurik'n (IAM). D'ailleurs, c'est grâce à ces artistes que j'ai saisi l'importance et la force
des mots.

Après plusieurs années en tant qu'amateur, vous avez pu faire votre place sur la scène urbaine.
Comment cela s'est-il passé ?


En fait, la période pendant laquelle j'étais encore amateur m'a été d'une grande utilité. J'ai pu accumuler un vrai background sur le mouvement du rap en cherchant des titres français… C'était très difficile à l'époque, vu qu'il n y'avait ni Internet ni CD gravés. Cependant, j'ai persévéré afin d'atteindre mon but. Je suis passé à la pratique en participant dans des booms et des parties. Mais mes débuts en tant que rappeur ont commencé quand j'ai formé un groupe avec un ami, NGM (Nouvelle génération marocaine).

Malheureusement on n'était pas connus, puisqu'on avait à notre actif un seul morceau, «C'est ça le choc».
Je n'ai pas cédé à cet échec. Au contraire, je l'ai considéré comme une expérience importante dans ma carrière.

Vous avez formé un autre groupe en 2000.
Pouvez-vous nous en parler ?


Effectivement, j'ai formé un groupe «Le Sekte» avec deux amis (Icare et Jem's). Depuis, on a travaillé d'arrache-pied afin de nous faire une place dans le monde artistique national. Notre style était trop hard core par rapport aux autres. En fait, on a toujours essayé de vivre nos morceaux et non de les chanter, à l'instar des rappeurs américains et français. Mais malheureusement, ça n'a pas marché.
Toutefois, et grâce à notre volonté, on a réussi à passer en 2003 un morceau, «Radioactive» sur les ondes de la radio 2M, chose qui nous a beaucoup encouragés.

Vous avez reçu le prix du meilleur rappeur au
festival «Boulevard 2006». Quel effet cela vous
a-t-il fait ?


J'ai toujours entendu parler du Boulevard et j'avoue que je n'avais jamais eu l'idée d'y participer. C'est par l'intermédiaire d'un ami que j'ai pris part à l'édition 2006 de cette manifestation. Je me suis bien préparé pour mon premier show live… J'avais le trac, mais c'est grâce au public et à l'ambiance qui a été 100 % hip hop que j'ai pu rafler ce prix. J'ai réussi également à avoir
beaucoup de contacts, ce qui est de bon augure pour ma carrière.

Votre titre «toc toc 1», que vous avez interprété sur la scène du Boulevard, ainsi que «toc toc 2» ont fait un vrai tabac. Quel en est le secret ?

«Toc Toc» est une comédie dramatique qui raconte une histoire inspirée du réel. Je ne dis pas que c'est une histoire vraie, mais ça peut facilement être le cas. A travers cette histoire, j'ai relaté le quotidien d'un jeune Marocain plongé dans l'univers de la drogue. J'ai fait de mon mieux afin de décrire tout ça sans sortir du contexte, avec une darija crue qui va parfaitement avec le thème.

C'est mon tout 1er morceau en darija, et ce ne sera sûrement pas le dernier. Je pense que c'est bien le thème abordé et la ténacité des paroles qui ont fait la réussite de ces deux titres. A cela s'ajoute la médiatisation des deux titres via le Boulevard et la radio.

La culture urbaine prend de plus en plus d'ampleur au Maroc. A votre avis, à quoi cela est dû ?

La musique urbaine ne fait que commencer à prendre de l'ampleur, beaucoup d'artistes, inconnus jusqu'à présent, vont remonter à la surface.

En fait, cette musique gagne du terrain pour une seule raison: elle est réalisée d'une façon aussi libre que l'américaine, sauf qu'il s'agit d'un produit 100% marocain. Cela permet aux jeunes de se sentir libres…
Vous savez, il ne s'agit pas que de la musique, c'est toute une culture jeune et libre qui refait surface.

•Journaliste stagiaire
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Le rap hardcore

Le rap hardcore est un style de rap aux paroles crues, traitant essentiellement d'agression, de conflits. Le terme peut désigner plusieurs sensibilités musicales, telles que le gangster rap, le rap politique. Les origines de ce style de rap viennent du rap East Coast de la fin des années 80 à Philadelphie.

Les premiers artistes étaient Schoolly D, ainsi que des rappeurs originaires de New York, tels que Public Enemy ou Boogie Down Production. Ce sont les premiers à avoir parlé de la pauvreté, de l'abus d'alcool, de la drogue, des violences de rue, des guerres de gangs et des crimes dans leurs textes.

Le rap français n'est pas en reste, beaucoup d'artistes comme Seth Gueko, Alibi Montana, sont reconnus comme hard core, par leurs paroles crues, violentes et parfois assez extrêmes... Beaucoup de ces artistes critiquent le système, la police ou encore la justice, ce qui explique la difficile promotion de leurs albums.

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