Fête du Trône 2006

Goumiers, spahis et tirailleurs face à Hitler

25 Septembre 2006 À 16:43

De nombreux Marocains ont combattu sous les drapeaux français, en particulier lors de la Seconde Guerre mondiale. Au cours de cette guerre et suite à un appel de feu le Sultan Mohammed V, les Marocains se sont engagés massivement à défendre le camp de la liberté et soutenir la France dans cette nouvelle épreuve.

La contribution du soldat marocain, au cours de ces années de guerre, et son rôle décisif dans les différentes phases et sur les divers théâtres d'opérations, ont été mis en exergue à travers les confrontations les plus déterminantes. En ces temps, les troupes marocaines stationnées sur le territoire national étaient composées de quatre régiments de tirailleurs, de trois régiments de spahis, de deux régiments d'artillerie, de deux bataillons de génie, de 25 compagnies du train et de 57 goumiers.

Celles qui étaient en territoire français se composaient de quatre régiments de tirailleurs et d'un régiment de spahis. Soit 38.000 hommes au moment de la mobilisation de septembre 1939, que des centaines d'autres conscrits rejoindront par la suite. De 1939 à 1945, ils furent de tous les combats et vécurent l'humiliation de la défaite et l'ivresse de la victoire.

De la campagne de 1939-1940 où le Blitzkrieg démontrera sa toute puissance, à celle de Tunisie (1942-1943), en passant par les campagnes d'Italie (1943-44), de France, d'Allemagne et d'Autriche, le sang marocain a balisé les chemins qui ont conduit vers la défaite nazie.

Toutefois et contre toute attente, en 1959, une loi française gèle leurs pensions les obligeant à vivre dans la misère et dans l'indifférence totale. Au fil des ans et des négociations, les anciens combattants ont certes gagné certains droits sociaux, mais pour en bénéficier, encore faut-il qu'ils demeurent la majeure partie de l'année en France. Ils seraient plus de 1.500 Marocains à vivre dans cette situation en France. Autrement dit, la question de leurs pensions n'est toujours pas complètement réglée.

Agés, ne parlant pas toujours français, ils se construisent tant bien que mal une seconde vie en France tout en poursuivant leurs démarches administratives. Enrôlés de force dans l'armée française, ils perçoivent aujourd'hui une pension militaire dix à vingt fois plus faible que celle des vétérans français.

Le montant se situe entre 66 à 150 euros par trimestre. Vétérans de la Seconde Guerre mondiale, des guerres d'Indochine ou d'Algérie, les anciens tirailleurs africains réclament toujours, après plus de quarante ans de lutte, l'égalité de traitement avec leurs frères d'arme français pour avoir partagé «un même bain de sang».

Alors que la valeur du point de pension de retraite est de 52.13 euros pour un Français, elle n'est que de 6.23 euros pour un Marocain ayant rendu les mêmes services à la République. Au Maroc, l'ancien combattant touche actuellement une insignifiante pension de 600 dirhams (54 euros). Les anciens combattants marocains de France espèrent qu'elle soit alignée prochainement à au moins 50% du montant des 800 euros versés à un ancien combattant français.

Le gouvernement français refuse toujours d'appliquer l'égalité de traitement pour les pensions malgré les condamnations, en 2001, pour discrimination par le Conseil d'Etat en violation de la Convention européenne des droits de l'Homme. La loi dite de décristallisation ou de revalorisation ne met pas fin à cette injustice et n'apporte que des avancées minimes au niveau financier.

Aujourd'hui, environ 34.000 Marocains, dont 20.000 anciens combattants, 8.000 invalides et 6.000 veuves demandent la mise en œuvre rapide de cette promesse de valorisation des pensions. Et c'est la sortie en France d'«Indigènes» qui a relancé la demande d'égalité des pensions versées par la France aux anciens combattants français et à ceux des colonies.
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