Spécial Marche verte

Profession, bodyguard

Au Maroc, la demande est de plus en plus importante

09 Mai 2007 À 14:22

Profil : 1m 90, 120 kg, costume cravate et lunettes de soleil, le personnage du garde du corps, plus connu sous les appellations de (gorille) et bodyguard (film avec Kevin Costner et Whitney Houston oblige) est aussi charismatique que mystérieux. Les traitements cinématographiques qui s'y sont intéressés de près lui ont également attribué une pincée de charme, de romantisme et de sacrifice.

Mais qu'en est-il en réalité? La profession de garde du corps a-t-elle gagné ses lettres de noblesse? Comment se comporte le secteur au Maroc? Quels sont ses clients et les établissements nationaux sont-ils bien gardés?

Selon, Rachid El Mounacifi, directeur général et fondateur de Dreampart Security (agence de sécurité privée basée à Marrakech) et bodyguard pendant plusieurs années en Suède, le secteur de la sécurité privée au Maroc est encore nouveau. Selon ce professionnel, la plupart de ceux qui désirent engager un garde du corps, cherchent à le faire de la manière la moins coûteuse possible.

Les clients ne cherchent pas la qualité, puisqu'ils font souvent appel à de simples gardiens qui n´ont aucune notion de la sécurité rapprochée, souligne El Mounacifi.

Un garde du corps est d'abord quelqu'un qui doit avoir une culture générale, parler plusieurs langues pour mieux communiquer et comprendre ce qui se passe autour de lui pour pouvoir agir de façon
adéquate.

Il doit également avoir des notions en secourisme, en gestion des conflits, en activité de self défense etc. «C'est quelqu´un qui est en développement et intégration continus avec son client. Un garde du corps ne veut pas dire un physique et des lunettes de soleil mais également intelligence, intégration, discrétion, responsabilité, calme, sang-froid, politesse, discipline et sens aigu de l'observation.

Au Maroc, la demande est de plus en plus importante, selon El Mounacifi. Ce sont les personnalités importantes notamment des hommes d´affaires, des politiciens, des artistes étrangers qui font appel aux gardes du corps. Parfois, ce sont des personnes qui ne courent pratiquement aucun risque, mais qui engagent quand même des bodyguards dans le cadre de ce que la profession appelle «le show».

Selon El Mounacifi, globalement, le garde du corps et de plus en plus sollicité surtout à cause du sentiment d'insécurité qui s'accroît chez les gens. En effet, l'évolution du marché de la sécurité privée a été, avant tout, le résultat d'une forte demande dans les sociétés modernes, forts préoccupées par les nombreuses menaces qui pèsent sur elles.

Ces menaces sont devenues plus graves et plus complexes que par le passé. Le terrorisme international est l'un des exemples concrets.
Ces menaces, notamment par le traitement médiatique qui leur a été accordé, ont pu contribuer au développement du marché de la sécurité privée aux Etats-Unis, en Europe et même en Afrique.

Le Maroc n'échappe pas à cette tendance surtout après les attentats de Casablanca et à la violence qui touche parfois le pays. Ces derniers ont véritablement donné lieu à une montée palpable du sentiment d´insécurité.

Nos établissements sont-ils bien gardés? Généralement, il y a un grand manque de sécurité surtout dans les banques. Pas de caméras de surveillance, le caissier n'est pas protégé derrière des vitres blindées, on entre et sort facilement d'une banque et il n'y a pas de vigiles professionnellement formés pour cette mission. «Les banques sont des coffres forts grand ouverts.

N´importe qui peut y pénétrer et se servir. Beaucoup reste à faire au niveau de leur sécurité», affirme El Mounacifi. Une affirmation corroborée par plusieurs autres experts.

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L'expérience scandinave

Après de longues années d'études et une expérience réussie dans ce domaine en Suède, Rachid El Mounacifi rentre au bercail pour fonder sa propre agence de sécurité privée Dreampart Security. Basée à Marrakech, Dreampart Security est une société de droit marocain, avec un personnel marocain et un savoir-faire suédois.

Elle compte à ce jour quelque quatre-vingt employés, tous recrutés selon des critères de sélection intellectuelle et psychologique assez professionnels. Très enclins au professionnalisme, El Mounacifi et son collaborateur Mohamed Samiri font confiance à leur expérience d'outre-mer pour recruter leurs personnel.

Déplorant la pratique «assez amatrice» du métier de la sécurité rapprochée au Maroc, il rappelle que «ce n'est pas parce qu'on est costaud et qu'on a des épaules larges qu'on fera un bon agent de la sécurité rapprochée». Rachid El Mounacifi a exercé dans le cadre de dossiers brûlants, dont, entre autres, celui concernant l'assassinat d'Anna Lindh, ministre suédoise des Affaires étrangères, et l'accident de la princesse Diana. Dans ce dernier dossier, il était chargé d'assurer la protection de certains témoins.
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