Une famille déchirée par l'alcool et la violence
LE MATIN
31 Août 2006
À 16:14
«La Brisure», le dernier de Abdelkrim Derkaoui, est en effet le 37e téléfilm produit par 2M, et la troisième collaboration de la chaîne avec ce réalisateur. C'est un drame social traitant d'un fléau de notre société, la violence domestique et l'irresponsabilité familiale et professionnelle liée à l'alcoolisme. Il relate la vie d'une famille dont le père est un officier de police alcoolique, brutal et sans aucun sens des valeurs, un rôle campé par Mohamed Bastaoui. Il martyrise son petit clan et va jusqu'à menacer son épouse, rôle joué par Houda Rayhani, de son arme si elle ne cède pas à ses caprices.
Il n'hésite pas non plus à exhiber les talents de chanteuse de sa benjamine, Jalila, devant ses compagnons de la bouteille. La perte de son arme de service lui vaut licenciement et prison, suite à quoi il se retrouve à vivre aux dépens de sa famille alors qu'il en était le despote. Sa déchéance causée par l'alcool finit par le faire vivre entretenu par sa fille Jalila adulte, rôle interprété par Siham Assif, obligée de chanter dans un endroit sordide pour subvenir aux besoins du reste de la famille aussi.
Le scénario, pour sa part, a une petite histoire. Fatima Essahel, assistante sociale à la retraite, a éprouvé le besoin d'écrire un récit qui serait inspiré de la réalité de beaucoup de foyer au Maroc. Pour décrire sa démarche, elle s'explique : «...je voulais parler de problèmes que notre société endure sans vraiment vouloir en discuter avec lucidité. Depuis 2000, j'écrivais mon histoire sans connaître les techniques de rédaction d'un scénario, mais j'ai été aidée pour donner forme à ce scénario par des gens du métier. C'était une très bonne expérience pour moi, surtout maintenant que j'en vois le résultat !».
Côté interprétation, les acteurs marocains continuent de donner des preuves qu'ils n'ont rien à envier à d'autres.
La vraisemblance dans leur jeu ne fait aucun doute. Les rôles principaux de cette fiction ont réussi, avec brio du reste, à communiquer des émotions complexes avec un naturel déconcertant.
Cependant, on pourrait reprocher au réalisateur une certaine lenteur quant au rythme de la mise en scène. Des plans qui durent une éternité et qui ne rajoutent pas grand-chose à la trame de l'histoire, des scènes redondantes qui brisent la fluidité de la narration, enfin une panoplie de défauts qui ne pourraient, en aucun cas, être justifiés par l'étroitesse du budget (1million de dirhams), ou les contraintes techniques.
En effet, le public marocain qui reste friand de nouvelles productions nationales, est devenu de plus en plus exigeant quant à la qualité des films. Avec l'ouverture au monde permise par les nouvelles technologies, nos cinéastes n'ont plus le droit à l'erreur. Autrement le public finira par leur tourner le dos compte tenu du choix qu'il a de passer à autre chose. «La Brisure» sera diffusé ce soir en prime time, sur l'écran de la chaîne de Aïn Sbaâ.