Naissance de SAR Lalla Khadija

Une nouvelle discipline qui réunit l'art et le sport extrême

Le groupe «Accroche toi !!» utilise le décor urbain pour s'entraîner
>Ils tracent des parcours en hauteur, sur les murs et toits de bâtiments. Pour eux, toute la ville est un terrain de jeux. Ils sillonnent en permanence la cité blanche à la rec

08 Juin 2007 À 15:15

Il s'agit, plus précisément, d'une nouvelle discipline qui consiste à utiliser le décor urbain pour faire de l'exercice. Les joueurs doivent se déplacer d'un point à l'autre tout en combinant rapidité, prudence et économie d'énergie. «C'est un mariage entre l'art et le sport extrême.

De fait, cette activité nécessite une bonne condition physique afin d'avoir une meilleure résistance aux chocs. Elle permet également d'augmenter les capacités, l'agilité, le mental et la confiance en soi», affirme Adil Chadli. Il est à signaler que le parkour est fondé par David Belle, il y a une quinzaine d'années à Evry dans les banlieues de Paris. Depuis, l'architecture semble avoir donné des ailes aux disciples de Belle. En effet, on ne compte plus les jeunes qui s'y lancent parfois à l'improviste. «Le Parkour ne s'improvise pas.

Il est vrai que nous avons découvert ce sport via Internet, mais nous avons suivi, à la lettre, tous les règlements de base. Par ailleurs, nous avions les conditions physiques nécessaires, vu qu'on pratiquait le basket-ball et les arts martiaux», explique Mehdi Sabir. « Depuis le début de notre activité, nous avons reçu beaucoup de demandes de jeunes pour les encadrer, mais il faut avoir une bonne aptitude physique pour pratiquer cet art, notamment que la prise de risque dans notre activité est calculée», ajoutent les autres membres du groupe «Accroches toi !!!».

Pour ces anciens basketballeurs, il faut surtout s'engager dans un cycle d'entraînement régulier sans danger arbitraire. «Le parkour est une autre manière d'appréhender le milieu qui nous entoure alliant efficacité et maîtrise tout en respectant les lieux et les gens», indique Aziz Chadli. «C'est aussi une méthode de se découvrir et de faire face à ses propres appréhensions», ajoute Yahya Bezzat. «Contrairement à ce que pense beaucoup de gens, en pratiquant cette discipline, on évolue. A travers le parkour, notre regard change face à l'environnement. Chaque jour, on apprend de nouvelles choses. On ne saute pas pour sauter, mais pour avancer, autant physiquement que mentalement», indique les membres du groupe «Accroches toi !!».

«C'est de la liberté», précisent-t-ils. Ces jeunes âgés entre 18 et 26 ans prennent leur discipline tellement au sérieux qu'ils s'entraînent jusqu'à 6 heures par jour.
«Les techniques de base sont vraiment fondamentales, on ne peut pas se permettre de rater un saut ou une roulade sur le ciment. Ainsi, on s'entraîne beaucoup sur le sable notamment avant de sauter entre les toits», nous expliquent cet adepte du Parkour qui vient de se casser le bras lors d'un spectacle dans la rue.

Malgré le risque, ces traceurs hors du commun considèrent qu'ils apprennent toute «une philosophie et un art de vivre». Dans ce cadre, ils ont appris à zapper les escaliers, à sauter par-dessus les murs et à faire des détours partout en dépassant les obstacles qui franchissent leur chemin. «Cela fait des années qu'on se balade sur les routes ordinaires. Il est temps de tracer des parcours que personne n'a déjà empruntés», nous confie Anass Naidar qui a découvert la passion du parkour un an avant ses autres partenaires.

Les membres de la troupe «Accroches toi !!», travaillent depuis trois ans sur les murs de la cité blanche. Ils en font leur jardin d'enfant et y exercent des sauts de plus de 5 mètres de hauteur. «Notre terrain de jeux est un ancien dépôt de marchandises fermé depuis des années. On y trouve les obstacles et escaliers qu'il faut pour nous entraîner», indiquent-ils.

Rêves et contraintes

A l'instar des héros du film Yamakasi, réalisé par Luc Besson, Adil et sa bande espèrent vivre de leur cascade. Ils veulent toucher le cinéma, le spectacle, la publicité et les clips vidéo. Bref, ils veulent en faire un métier à part. Pour ce faire, ils ont entamé la procédure juridique afin de monter la première association légale de parkour en Afrique. Par ailleurs, ils multiplient les entraînements et les acrobaties pour avoir droit aux honneurs du showbiz et surtout aux sensations fortes et montées d'adrénaline. A ce propos, les psychologues qui s'intéressent aux prises de risque dans les sports pensent que ce phénomène du 21e siècle est la conséquence de l'hybridation qui marque la société actuelle. Pour ces spécialistes, les jeunes repoussent de plus en plus les limites sociales.

De fait, ils commencent à mélanger les styles musicaux, aspects vestimentaires et même les sports comme dans le cas du parkour où on pratique à la fois gymnastique, arts martiaux et escalade. D'un point de vue psychologique, le fait de traverser des épreuves permet aux gens de se sentir accomplis et adultes. «Quand on fait un saut de 3m ou 5m, c'est pas pour faire les malins, mais pour dire que l'on a accompli quelque chose. On essaie également de franchir les limites et frontières. C'est pour cela qu'on aimerait faire le tour du Maroc et même participer à des manifestations internationales», confirme Samir Chfik, membre du groupe «Accroches toi !!».

Concernant la légalité du parkour, certains pays européens tolèrent la pratique de ce sport dans les lieux publics du moment qu'il ne contrevient à aucun règlement. Cependant, il devient illégal quand les parkouristes sautent des toits de maisons et de bâtiments privés. La question de sécurité dans ce sport récent se pose également de manière incessante malgré le manque de statistiques valables au niveau mondial. Il est à rappeler qu'en mois d'août dernier, un jeune amateur du parkour, âgé de 14 ans, est mort en Grande-Bretagne en tombant du toit de son école. Toutefois, ces dangers sont loin de dissuader les fans casablancais de David Belle qui peut descendre un immeuble de quatre étages en 15 secondes après 10 ans d'entraînement.

REPÈRES
Terminologie
Saut de chat : franchissement d'un obstacle en plongeant et en poussant sur les bras afin de passer ses jambes entre ses bras.
Saut de détente : saut réalisé avec ou sans élan pour franchir une distance.
Saut de précision : saut technique dont la réception se fait sur une petite surface.
Tic-Tac : appui sur un objet ou un mur avec le pied pour passer par-dessus un obstacle ou exécuter un saut de bras.
Passe muraille : consiste à prendre appui sur le mur avec un pied pour atteindre une plus grande hauteur.
Retourné : passer au-dessus d'une barrière ou d'un mur et se raccrocher de l'autre côté, pour ensuite enchaîner un mouvement.
Saut de voleur : consiste à sauter devant un obstacle en lançant les jambes en avant puis à appuyer les mains sur l'obstacle.
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