Beaucoup se déclarent du jour au lendemain antiquaires >Il n'existe probablement plus, à l'heure actuelle dans la ville de Casablanca, qu'une dizaine de véritables antiquaires, ayant une connaissance relativement approfondie du secteur ; capable
LE MATIN
12 Septembre 2007
À 13:51
Au-delà de la tendance de cette profession vers la disparition, c'est le patrimoine culturel marocain qui est en péril. Selon Ali Tazi, propriétaire de la galerie Athena à Casablanca, le métier d'antiquaire est le reflet du stade de développement d'une 116iété.
Actuellement, dit-il, le métier d'antiquaire ne veut strictement rien dire parce qu'on trouve sous cette appellation de tout : des brocanteurs, des bazaristes, des marchands de bric et de broc, des copieurs... au point que la recherche d'antiquités se limite aux ventes aux enchères organisées par les maisons spécialisées. M. Tazi ajoute : «En Europe, les antiquaires connaissent parfaitement leur métier. Ils savent ce qu'ils présentent à leurs clients. Au Maroc, ce n'est pas le cas. Il y a beaucoup de gens qui se déclarent du jour au lendemain antiquaires, sans aucune connaissance préalable du domaine.
Si vous prenez une ville comme Marrakech vous allez trouver 150 antiquaires dont 148 sont en réalité de simples bazaristes», nous a-t-il déclaré.
D'ailleurs, les magasins d'antiquité ont fermé, les uns après les autres. Rares encore ceux qui existent encore. Outre le fait que le métier est profané par les brocanteurs, bazaristes et autres, l'antiquité semble être mal connue à la fois du public et des pouvoirs publics, qui sont jusqu'à présent incapables de protéger le patrimoine culturel du pays. Il existe, certes, des lois de protection de ce patrimoine, mais une loi ne vaut que par la façon dont elle est appliquée.
Or, ce qu'on remarque en particulier ici par rapport aux autres pays, c'est que le patrimoine culturel vient à peine d'avoir le statut de moteur indispensable de l'évolution économique et du développement en général. Preuve en est l'absence de musées dignes de ce nom. Les rares musées qui existent sont d'une pauvreté a affligeante. Selon M. Tazi, l'Etat n'a pas les moyens, même s'il veut jouer un rôle répressif pour protéger ces biens, parce qu'il faut avoir toute une réglementation concernant le contrôle des biens culturels et la définition de ce qu'est un bien culturel.
Il faut avoir des gens qui sont formés à la culture et qui sachent distinguer la différence entre un bien culturel et un objet de bazar. Il faut avoir la possibilité financière de protéger les œuvres, ce qui revient à dire que l'Etat n'a jamais exercé son droit de présomption. Fiscalement, il n'y a pas d'encouragement pour inciter les mécènes à faire des dons aux musées, afin de les enrichir.
Concernant la problématique du vol de biens culturels, Ali Tazi affirme qu'il faut démystifier cet aspect des choses. Le trafic des biens culturels, marocains ou autres est une donnée universellement répandue. Si vous allez à Londres au quartier Porto Bello où il y a énormément d'antiquaires et que vous entrez par exemple dans une boutique qui vend de l'argenterie, le gérant vous sortira de sous son comptoir un manuscrit islamique. Vous allez en Russie, on vous proposera des objets d'art mésopotamiens.
Pour le Maroc, le trésor des biens culturels a été pillé et exporté il y a longtemps.
Il s'agit souvent de portes anciennes, de broderies, de bijoux anciens, de tapis… tout cela est sorti il y a longtemps quand les coopérants étaient là. Ces derniers ont joué un grand rôle dans ce pillage, parce qu'ils avaient une connaissance de la vraie valeur des choses alors que les Marocains ne connaissaient pas encore ce que signifiaient les antiquités. Ils n'étaient pas collectionneurs et ne s'intéressaient pas à leur patrimoine. ----------------------------
Définition
Le commerce d'antiquités est une profession qui a pour caractéristique de rechercher et de présenter à un public averti un éventail d'objets et d'œuvres d'art anciens ou rares. L'antiquaire s'adresse en général à une élite 116iale, pas nécessairement argentée. Une élite qui est en mesure d'apprécier les œuvres et de payer à leur juste valeur des objets rares.
Il doit avoir une connaissance relativement approfondie du secteur très vaste dans lequel il évolue et qui demande une spécialisation très poussée dans de nombreux domaines. Il y a des antiquaires spécialisés dans la vente exclusive de tableaux anciens (16 ou 17e siècle), d'autres sont versés dans un domaine plus large. Ils s'occupent de tableaux, de tapisseries, de meubles, d'objets d'art, de tapis, etc.
Pour cela, l'antiquaire doit avoir une connaissance relativement large et suffisante pour savoir ce qu'il vend. Les antiquités sont des objets et des œuvres d'art qui ont au minimum 100 ans d'âge. Le brocanteur, quant à lui, est un professionnel qui présente un éventail très large de choses usagées.
Ça peut être des cartes postales, des phonographies, des objets en plastique… Il achète et il revend sans avoir une prétention quelconque de jouer un rôle d'expert. Il ne donne pas de garantie sur ce qu'il vend. Souventl, les antiquaires s'approvisionnent chez les brocanteurs, qui sont censés ne pas connaître la valeur des choses qu'ils vendent.