Fête du Trône 2006

Guerre des chefs avant le congrès de l'Istiqlal

Parler du patrimoine personnel d'un istiqlalien c'est comme parler d'une corde dans la maison d'un pendu. Le sujet est tabou… Complètement banni, et ce, depuis la création du parti. Et pour cause. Beaucoup de nationalistes de la première heure, fondateurs

18 Juin 2006 À 16:29

Alors aujourd'hui, quand deux barons du parti étalent sur la place publique l'état de leur propriété et celle de leurs familles, c'est un tremblement de terre qui risque de fissurer encore plus leurs relations déjà lézardées avec le secrétaire général Abbès El Fassi. Car, ce n'est plus un secret pour personne que tout ce qu'entreprennent Abderrazak Affilal et Moulay M'hamed El Khalifa exaspère sinon donne de l'urticaire au chef de l'Istiqlal.

D'ailleurs, les deux en veulent à Abbès El Fassi qu'ils accusent de vouloir les évincer de la scène politique. Ainsi, Abderrzak Affilal n'a pas hésité à pointer du doigt le secrétaire général du parti pour le soutien, discret mais néanmoins efficace, qu'il a apporté à ceux qui l'ont renversé de la direction de l'UGTM.

De même pour M'hamed El Khalifa qui avait dans un premier temps reproché à Abbès El Fassi sa sortie du gouvernement. Aujourd'hui, il le soupçonne encore une fois d'être derrière les déboires qu'il vit dans son fief électoral de Marrakech. D'après un vieux militant du parti, jamais, au sein de l'Istiqlal, l'ambiance n'a été aussi délétère… Coups bas, dénigrements, insultes… Tous les coups sont permis.

Et c'est une véritable bataille de chiffonniers que se livrent les barons du parti devant les yeux ahuris des militants plus familiers avec les «notions istiqlaliennes» de dévotion et de vénération des chefs. Il est clair que, depuis l'été dernier, l'affrontement entre certains caciques du parti a atteint, par presse interposée, une violence sans précédent. Ce qui n'a pas manqué de laisser, selon un membre du comité central, des cicatrices indélébiles et qui referont certainement surface le jour du congrès.

D'ailleurs, c'est le prochain congrès qui semble attiser tant de rancœurs et provoquer toutes ces manœuvres. En effet, à la question de savoir si les assises du parti seront organisées dans les délais prévus par les statuts, c'est-à-dire avant les élections, Abbès El Fassi a été on ne peut plus clair.

Il a affirmé solennellement qu'il était pour le respect des statuts avant d'ajouter, malicieusement, que certains militants voulaient se consacrer d'abord aux élections et donc voudraient que le congrès soit tenu après les élections de 2007… Si le conseil national, véritable parlement du parti, décide de l'ajournement du congrès, le secrétaire général ne peut que s'y résigner ainsi que tous les autres... surtout ceux qui sont contre bien sûr et qui pensent que Abbès El Fassi souhaiterait livrer la bataille des prochaines élections à la tête du parti. Si jamais l'Istiqlal est accrédité d'un bon score, le secrétaire général pourrait être appelé à de hautes fonctions, et fort donc de son succès, imposer un dauphin à la tête de l'Istiqlal.

Du coup, la question d'un troisième mandat qui nécessiterait un rafistolage des statuts du parti devient sans intérêt, tandis que la date de la tenue du congrès devient « stratégique».

En attendant, chacun au sein de l'Istiqlal compte ses troupes. Abbès El Fassi est sûr de l'appui de Abdallah Bekkali secrétaire général de la chabiba, de Hamid Chabat, maire de Fès et de six ou sept nouveaux membres du comité exécutif. Par contre, il doit faire face à l'opposition de Abderrazak Affilal et de M'hamed El Khalifa qui, même s'ils sont affaiblis, gardent une certaine capacité de nuisance. Il doit affronter avant tout, la colère des membres du conseil de la présidence qui, selon de nombreux observateurs, feront tout pour barrer la route au gendre de Allal El Fassi… Le compte à rebours a déjà commencé.
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