La baie de Sablette serait-elle menacée ?

Cette menace, disent-ils, se dessine à travers l'installation d'une conduite d'eaux usées en direction de la mer (voir photo). Pour le moment, on ne sait pas s'il s'agit effectivement d'un déversoir d'égout qui se jette en plein air de la plage ou juste d'une conduite d'eau pluviale.

De toute façon les avis divergent. D'un côté, les associations qui répondent par l'affirmative, de l'autre, le promoteur immobilier qui assure qu'il s'agit ni plus ni moins d'une conduite d'eaux pluviales. A en croire les habitants de la Siesta, la baie est plus que menacée. Une canalisation avec un diamètre pareil ne peut être qu'un égout, disent-ils. Au vu de tous les déchets qui ont infecté la plage, les habitants ont saisis les autorités compétentes pour stopper cette atteinte à l'environnement, ce n'est qu'après plusieurs courriers envoyés et surtout après avoir alerté les médias que le conseil de la ville a ordonné l'arrêt momentanément du chantier.

Cette décision ne satisfait que moyennement les revendications des associations précitées qui craignent que le promoteur immobilier continue l'installation de la conduite, une fois que la saison estivale se termine. « S'il s'agit effectivement d'une canalisation d'eau pluviale, pourquoi veut-il la jeter directement à la mer ? Il pourra la laisser découverte puisqu'il s'agit des eaux pluviales », nous a confié un autre habitant.

D'autres s'interrogent sur le plan d'évacuation des eaux usées. «Ils nous a présenté un plan d'évacuation des eaux pluviales, mais pas celui des eaux usées pour qu'on sache où elles se déversent», se demande Mustapha Souizi, vice-président de l'association Baie de Sablette. De toute façon, les habitants sont déterminés à livrer bataille à toute tentative de polluer la plage de Sabellete et les autres plages environnantes.
«On ne pourra jamais accepter une chose pareille», déclare un autre habitant.

Sur place, on pourrait effectivement voir toute la saleté qui s'est échappée de cette conduite. La partie du sable sur laquelle se sont répandues les eaux de la conduite était noirâtre comme si quelqu'un l'avait arrosée de mazout. La crainte des habitants est justifiée par le fait que la zone de la Siesta ne dispose pas d'un réseau d'assainissement liquide. La quasi-totalité des maisons de cette partie de la ville de Mohammedia ont des fosses sceptiques. Ce n'est pas tout.

La conduite orientée directement vers la mer n'est pas le seul pépin qui gêne les habitants. Un autre problème, et non des moindres, les faits bondir de colère : l'empiètement sur le domaine maritime. Le parking de la résidence est quasiment construit sur le domaine maritime. Et du coup, les gens ne peuvent plus passer d'un côté à l'autre de la plage quand il y a la marée haute.

Outre les habitants, les surfeurs qui exerçaient leur activité à Sablette se disent également lésés par cette fameuse conduite. «Nous sommes ici une trentaine de moniteurs qui enseignent le surf et chaque année nous recevons quelque 450 surfeurs étrangers.
Ces gens- là ne vont plus venir ici si la plage est souillée par cette conduite», nous affirme, avec un pincement au cœur, un surfeur.

Contacté à ce sujet, Fatah Azizi, un responsable au groupe Yasmine, nous a déclaré que la conduite, objet de la polémique, n'est pas une conduite d'eaux usées, mais juste une canalisation pour les eaux pluviales.

«C'est absurde de penser que nous allons rejeter les eaux usées dans la mer. On n'est pas fou pour faire une chose pareille», nous a-t-il déclaré. M. Azizi affirme que les eaux usées du projet Marina Beach seront acheminées vers le réseau d'assainissement du bd Hassan II dans le cadre de l'aménagement de la zone de la Siesta et qu'un collecteur sera bientôt installé. Concernant la nature des eaux sales qui ont échappé de la conduite objet de litige, M. Azizi a affirmé qu'il s'agissait ni plus ni moins des eaux pluviales longtemps stockées dans la conduite.

La même source a catégoriquement nié l'idée de vouloir enterrer la conduite au milieu de la mer comme il est avancé par les habitants.
D'après une note de synthèse de la Lydec que nous nous sommes procurée, il existe un projet de collecteur hors site qui servira à évacuer les eaux pluviales dans le lotissement Sablette et Marina Beach, en particulier, et tout le bassin versant en amont d'une superficie de 35 hectares. La note affirme qu'un tronçon est déjà réalisé par le promoteur à la charge de la Lydec dans le cadre des travaux in-site du lotissement et l'autre sera réalisé par la Lydec cette année.

D'après toujours la même note, les travaux consistent à poser un collecteur d'assainissement d'eau pluviale de section en amont et de section carrée en aval et un ouvrage de rejet vers la mer. Le montant du projet 1,6 million de DH.

Ce problème remet au-devant de la scène le problème
d'évacuation des eaux usées vers la mer. Sans oublier, en outre que Sablette est candidate pour le pavillon label bleu pour 2008. n
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Cas similaire

Ce n'est pas la première fois que la ville de Mohammedia est confrontée à un problème pareil. Il y a déjà trois ans, un égout déversait directement dans la plage Mohammedia-centre. A l'époque, tout le monde aussi croyait qu'il s'agissait d'une conduite d'eau pluviale.

Mais à la surprise générale, il s'avérait que c'est un égout. Ce tunnel de saleté a failli porter un coup de grasse à ce magnifique site à cause des eaux domestiques, huiles de vidange, médicaments périmés, matières fécale qu'il achemine quotidiennement au bord de la mer. Il a fallu que la presse s'y mêle pour que les autorités publiques résolvent le problème.

Aujourd'hui, la plage de Sablette est, semble-t-il, sur le point d'être confrontée à un problème similaire à moins que les autorités se montrent fermes en obligeant le promoteur et la Lydec à réaliser les investissements nécessaires pour évacuer les eaux usées vers le réseau d'assainissement.