Mondial de l'Automobile 2006

Al Gore et le panel de l'ONU sur le climat gratifiés

Un pédagogue et des chercheurs qui tirent le signal d'alarme sur les effets dramatiques du réchauffement
>Le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi à l'ancien vice-président américain Al Gore et au panel de l'ONU sur le climat (Giec), un p

13 Octobre 2007 À 16:00

La défense de l'environnement "est vraiment une urgence planétaire et nous devons réagir rapidement", a déclaré M. Gore depuis la Californie, en jugeant indispensable de "trouver un moyen de changer la conscience du monde".
La distinction de M. Gore, avocat d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre, ne changera en rien la politique américaine en matière d'environnement, a toutefois indiqué la Maison Blanche.

Les deux lauréats ont été récompensés "pour leurs efforts de collecte et de diffusion des connaissances sur les changements climatiques provoqués par l'homme", permettant de réfléchir aux mesures
à prendre contre ces changements, a déclaré à Oslo le président du comité Nobel, Ole Danbolt Mjoes.

Vice-président de Bill Clinton et candidat démocrate malheureux à la Maison Blanche en 2000 face à George W. Bush, M. Gore, 59 ans, a contribué à vulgariser le sujet complexe du réchauffement avec son documentaire "Une vérité qui dérange" primé aux Oscars.
"Il est probablement l'individu qui a fait le plus pour que l'on comprenne mieux à travers le monde les mesures qui doivent être adoptées", a estimé M. Mjoes.

"La crise du climat n'est pas un sujet politique, c'est un défi moral et spirituel pour l'ensemble de l'humanité", a expliqué dans un communiqué M.
Gore, deuxième démocrate américain à recevoir le Nobel en cinq ans après l'ex-président Jimmy Carter (2002).

A New Delhi, le président du Groupe 111gouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), l'Indien Rajendra Pachauri, a de son côté exprimé l'espoir que le prix créerait un "sentiment d'urgence" face au réchauffement.

Faisant un travail de fourmi, le Giec expertise et compile les recherches de milliers de scientifiques 111110naux. Ses rapports fournissent un 116le de connaissances aux décideurs politiques. Le Giec a prédit notamment une hausse de 1,1 à 6,4 C de la température moyenne planétaire d'ici à 2100, "très probablement" à cause de l'homme.

Aux Etats-Unis, certains font des conjectures sur la possibilité que le Nobel ravive les anciennes ambitions d'Al Gore à un an de la présidentielle. "Cela ne nous intéresse pas de savoir ce que le lauréat fait par la suite", a déclaré M. Mjoes, 111rogé à ce propos. Rare voix discordante dans le concert de louanges, le président tchèque Vaclav Klaus s'est dit "un peu surpris" de la distinction d'Al Gore "car les liens entre ses activités et la paix mondiale sont indistincts et peu clairs".

En récompensant Al Gore et le Giec parmi 181 candidats, le comité Nobel lance un message fort à la communauté 111110nale à quelques semaines de la conférence de Bali, du 3 au 14 décembre, qui doit se pencher sur de nouvelles réductions des émissions de gaz à effet de serre au-delà de 2012, après l'expiration de la première phase du Protocole de Kyoto.

Un texte que M. Gore a négocié pour les Etats-Unis, aujourd'hui le principal émetteur de CO2 de la planète avec la Chine, mais non ratifié par le Sénat américain et foulé aux pieds par le président Bush. "L'action est nécessaire maintenant, avant que le changement climatique n'échappe au contrôle de l'homme", a précisé M. Mjoes.
Mais, 111rogé pour savoir si le Nobel allait exercer une pression accrue sur l'administration Bush pour changer de politique en matière d'environnement, un porte-parole de la Maison Blanche a répondu par la négative.

En s'attaquant à la question climatique, le comité étend une nouvelle fois le champ couvert par le Nobel de la paix. L'an dernier, le Nobel avait privilégié la lutte contre la pauvreté avec le Bangladais Muhammad Yunus et sa Grameen Bank en 2006. "D'importants changements climatiques pourraient altérer et menacer les conditions de vie d'une grande partie de l'humanité.

Ils pourraient déclencher des migrations massives et déboucher sur une concurrence accrue sur les ressources", a expliqué M. Mjoes. "Il pourrait y avoir un risque accru de conflits violents et de guerres entre et au sein des Etats", a-t-il ajouté. Le Nobel -un diplôme, une médaille d'or et un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1,08 million d'euros) que se partageront à part égale les deux
lauréats- sera remis le 10 décembre à Oslo.
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Bush maintient sa politique climatique

L'attribution vendredi du prix Nobel de la paix à l'ancien vice-président américain Al Gore ne fera pas changer la politique de George W. Bush en matière d'environnement, a prévenu la Maison Blanche. L'administration Bush a certes salué cette récompense attribuée conjointement à M. Gore et au Groupe de l'ONU sur le climat (Giec) comme une "reconnaissance importante".

Mais, 111rogé pour savoir si le Nobel allait accroître la pression sur l'administration Bush pour changer de politique en matière d'environnement, le porte-parole de la Maison Blanche Tony Fratto a répondu clairement: "Non". L'ancien vice-président démocrate Al Gore a déclaré que s'il avait été élu en 2000, il aurait fait du climat l'une de ses priorités à la Maison Blanche. Mais son rival républicain George W. Bush qui s'est vu offrir une victoire sur le fil du rasoir par la Cour suprême a rejeté en 2001 le protocole de Kyoto. Lorgnant sur les grands groupes et l'industrie automobile, le président Bush a rejeté ce protocole qui fixe des limites contraignantes aux émissions de gaz à effet de serre, responsables en grande partie, selon la majorité des scientifiques, du réchauffement de la planète.

Mais ces derniers mois, et sous une pression 111110nale de plus en plus forte, George W. Bush a tenté d'aborder le problème du climat, tout en ménageant une 110n très gourmande en énergie et ses puissantes multi110nales.

Le mois dernier, il a ainsi organisé une conférence 111110nale réunissant les 16 plus gros pollueurs de la planète, et a proposé une réunion de chefs d'Etat pour réduire à long terme les émissions polluantes. Au cours de la conférence sur le climat, M. Bush avait admis que les 110ns unies avaient un rôle à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais avait refusé de céder à ceux qui demandaient à ce que Washington impose des mesures contraignantes.
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