Andrea Pirlo, le nouveau prodige de la Squadra
Longtemps considéré comme un éternel espoir sans grand caractère, Andrea Pirlo est devenu, après le Mondial 2006, le pivot indispensable de la Squadra Azzurra. Le nouveau champion du monde a fait montre lors de ce grand rendez-vous planétaire qu'il est l'un des meilleurs joueurs du Calcio, secoué récemment par l'affaire des matches truqués, dont l'AC Milan, le club de Pirlo, est un protagoniste.
En reculant d'un cran pour évoluer comme une sorte de meneur-relanceur positionné juste devant sa défense, Pirlo a relancé sa carrière, à peine entamée. «Depuis que j'ai demandé à Carlo Ancelotti de me faire jouer plus derrière, j'ai plus d'espace pour évoluer. En fait, cette idée m'était venue quand je jouais à Brescia sous les ordres de Mazzone, où il y avait Baggio devant moi. Ancelotti, qui m'a fait confiance, a eu un rôle fondamental dans cette évolution tactique », explique un Pirlo rayonnant.
Pourtant, Pirlo a mis longtemps à s'imposer au plus haut niveau. D'un gabarit modeste (1,77 m pour 68 kilos), il est longtemps resté un «bon milieu à l'ancienne», doté d'une excellente technique. D'autant plus que son passage à l'Inter Milan, où il a passé beaucoup de temps sur le banc des remplaçants, ne lui a pas permis d'exprimer son talent. «Si j'avais joué davantage, j'aurais pu démontrer toute ma valeur. Cela ne m'a pas fait plaisir de demander à partir», souligne Pirlo pour qui cette expérience reste «une blessure ouverte».
Il lui a fallu attendre sa quatrième saison au Milan AC, et son repositionnement tactique, pour franchir un pallier décisif. Il est désormais devenu indispensable au club milanais qui bégaie son football en son absence comme cela fut le cas à Livourne et Sienne où Milan a laissé des points précieux dans la course au scudetto. « Pour jouer de cette manière, il n'y a pas de secret.
Il faut jouer simplement et faire tourner rapidement le ballon pour ouvrir des brèches. Il m'arrive encore de le garder un peu trop longtemps », avoue pourtant Pirlo en souriant. Pour Adriano Galliani, vice-président de Milan, «quand il est absent nous devons changer de schéma tactique car personne ne peut évoluer comme Pirlo qui est un joueur unique et irremplaçable». Mais Pirlo, qui offre un contraste aussi saisissant que complémentaire en évoluant à côté de son complice Gennaro Gattuso aussi bien avec Milan qu'en « Nazionale », n'est pas uniquement un grand chef d'orchestre. C'est également un tireur de coup franc hors pair qui a marqué 16 de ses 55 buts en club sur des coups francs directs et 3 sur 3 avec l'équipe nationale.
« C'est un don naturel que je cultive depuis mon enfance. Deux fois par semaine, à la fin de l'entraînement officiel, je consacre une demi-heure à cet exercice.
Je fais de nombreux essais. Je me corrige sans cesse. Je travaille beaucoup la position de mon corps et de mes pieds, afin de trouver le bon impact avec le ballon en dosant la puissance de frappe en fonction de la distance et de l'angle. C'est avant tout une question de travail et d'analyse. Si un coup franc est bien tiré, il est imparable.
Pour ma part, je cherche surtout à faire redescendre le ballon le plus vite possible. J'ai étudié longuement Michel Platini à la télévision et puis, à Brescia, je m'entraînais avec Roberto Baggio », précise le Milanais.
« Je sais depuis longtemps que la classe d'un joueur comme Pirlo peut faire basculer un match. J'ai trouvé un leader silencieux qui parle avec ses pieds», a lancé l'ex-sélectionneur de la Squadra Marcello Lippi, laissant clairement entendre que le Milanais était devenu un rouage essentiel de la sélection, peut-être au détriment d'Alessandro Del Piero.
Aujourd'hui, le jeune joueur devra surmonter les sanctions prises à l'égard de son club chéri, l'AC Milan.
En sera-t-il capable ?