Jens Lehmann, le nouveau gardien de l'Allemagne
Jens Lehmann, assuré depuis vendredi d'être le gardien de but de l'équipe d'Allemagne pour le Mondial 2006 de football, a, par ses récentes prestations avec son club anglais d'Arsenal, fait taire ses nombreux détracteurs qui lui reprochaient son inconstance et ses coupables sautes d'humeur.
Il lui aura fallu quitter l'Allemagne et la Bundesliga pour devenir le numéro un ; et encore, après une première expatriation ratée à l'AC Milan (1re div. italienne) en 1998-1999, Lehmann a cru faire à nouveau fausse route la saison dernière à Arsenal (1re div. anglaise).
Champion d'Angleterre pour sa première saison (2003-04), Lehmann, après plusieurs erreurs en Ligue des champions et en championnat, est relégué sur le banc des remplaçants pendant les premiers mois de l'année 2005.
Son entraîneur à Arsenal, le Français Arsène Wenger, avoue alors chercher un nouveau gardien de but, tandis qu'en Allemagne personne ne s'étonne de l'échec largement anticipé d'un joueur dont les déclarations à l'emporte-pièce et à l'attitude frisant l'arrogance n'ont jamais suscité de sympathie.
Gardien de but athlétique, très bon sur ses appuis et sur les centres aériens, Jens Lehmann est un gardien aussi efficace avec les mains qu'avec les pieds.
A Schalke 04, où il fait ses débuts en 1988 en 2e division, puis à Dortmund de 1998 à 2004, Lehmann, champion d'Allemagne en 2002 avec le Borussia et vainqueur de la Coupe de l'UEFA en 1997 avec Schalke 04, laisse un souvenir mitigé. Plus que ses quelques sorties aériennes hasardeuses, Lehmann indispose supporteurs et même dirigeants et coéquipiers par son tempérament orageux qui lui fait perdre sa concentration.
Comme lorsqu'il encaisse six buts lors d'une rencontre de Schalke 04 et abandonne ses coéquipiers pour rentrer chez lui, seul, en train.
« Etre gardien de but, c'est comme pratiquer un sport extrême, il faut savoir se lâcher », se justifie Lehmann qui, une fois sa tenue de gardien de but remisée, cultive l'image d'un père de famille comblé dans les beaux quartiers de Londres.
Transféré à l'Arsenal FC pour un montant inconnu, Lehmann a fini par s'imposer en Angleterre et vient d'établir un record d'invincibilité en Ligue des champions.
Dans un creux sur le plan physique, Lehmann perd sa place de titulaire au milieu de la saison 2004-2005, mais la retrouve en février et termine la saison en trombe.
Il arrête le tir au but de Paul Scholes, qui permet à Arsenal de devenir la première équipe à remporter la FA Cup aux tirs au but.
Toutefois, la grande majorité des experts et entraîneurs allemands reste encore sceptique envers celui qui a été un temps surnommé « Calamity Jens»; mais Lehmann a trouvé en Jürgen Klinsmann un allié de poids.
Comme Lehmann, Klinsmann a dû s'exporter en Italie (Sampdoria Gênes, Inter Milan), Angleterre (Tottenham) et France (Monaco) pour s'imposer aux yeux de ses compatriotes.
Dès sa nomination en août 2004, Klinsmann met sur le même plan Oliver Kahn et Lehmann en instituant une alternance et en enlevant son brassard de capitaine à Kahn. Quitte à s'exposer à la colère des dirigeants du très influent Bayern Munich qui, cette semaine encore, réclamait du sélectionneur qu'il mette fin à cette situation « grotesque ».
Ils ont été exaucés vendredi, mais ne s'attendaient sans doute pas à une telle surprise. Parfois seul à être persuadé de son talent, Lehmann, lui, y a toujours cru.