Majda Zahrani, la grande oubliée
LE MATIN
08 Octobre 2006
À 14:07
S'il y a une chose que Majda n'arrive pas encore à comprendre c'est l'indifférence des médias à son égard en dépit d'un parcours glorieux fait de réalisations mirobolantes tant sur le plan national qu'international. La dernière toute fraîche date du 18 septembre dernier quand elle est montée sur le podium à l'occasion de la 17e édition du championnat du monde militaire.
En fait, la carrière de Majda a été semée de difficultés, et ce, dès son entame alors qu'elle venait de souffler sa 10e bougie. Elle s'est intégrée au club Ennoujoum à Meknès, sa ville natale, car elle avait un penchant irrésistible pour le Taekwondo. Ses frères ne pouvaient tolérer que leur sœur fréquente un lieu où il n'y avait que des garçons. Heureusement, elle bénéficiait du soutien de ses parents.
La jeune prodige en herbe tapa dans l'œil de son entraîneur Ali, alias Chinoui, qui la sélectionna pour représenter le club au championnat régional. En 1994, âgée à peine de 12 ans, elle enregistra son premier succès en remportant le championnat de sa ligue. Une victoire qui sera le prélude à une série de succès puisque l'année suivante elle décroche le titre de championne du Maroc cadettes ! Majda frappait fort à la porte de l'Equipe nationale. Ce sera pour douze mois plus tard, en 1996, année où elle remporta le championnat national juniors. Elle est retenue pour les championnats du monde juniors à Barcelone. Grosse surprise, elle termina à la 5e place.
Majda confirma, une fois pour toute, son statut de grosse pointure. Ses frères se rendent à l'évidence que leur sœur a fait le bon choix surtout qu'elle n'a pas abandonné ses études. Bien plus, elle obtint son bac (Lettres) et s'inscrit à la Faculté de droit de Meknès. Grâce à son caractère d'acier, elle parvenait à concilier études et sports malgré la contrainte des entraînements quotidiens. Dans cette même année 1998, elle obtint sa première médaille internationale en s'adjugeant l'or au championnat arabe organisé au Maroc. Et comme cerise sur le gâteau, elle est sacrée meilleure athlète de ces joutes.
Malheureusement, elle ne put récidiver en Jordanie l'année d'après faute d'un arbitrage partial en faveur du pays organisateur lors de la finale. N'empêche que cette année, 1999, marquera sa carrière puisqu'elle eut l'honneur d'être reçue par sa Majesté le Roi Mohammed VI. Un tournant dans sa vie : la réception royale mettra fin à ses soucis sociaux. Elle a été embauchée dans les rangs de la Gendarmerie Royale.
Elle pouvait dès lors se concentrer sur son sport préféré au sein de l'AS FAR qu'elle rejoint la même année. Deux mois plus tard, Majda est la vedette du tournoi France-Maroc puis de l'Open International de Belgique en 2000. En 2001, elle occupa le 4e rang à la Coupe du Monde à Lyon. Il faut le faire. Forte moralement et ayant accumulé assez d'expérience malgré son jeune âge, elle fera sensation aux championnats d'Afrique militaires à Nairobi en 2002, elle est vice-championne puis 4e aux 15e championnats du monde militaires en Croatie, même rang à la 16e édition en Allemagne.
Elle aurait fait encore mieux aux championnats du monde à Madrid sans un arbitrage fantaisiste.
Majda tint bon, en dépit de l'influence négative de facteurs exogènes jusqu'à obtenir gain de cause au mois de septembre 2006. Elle est montée sur la 3e marche du podium aux championnats du monde militaires abrités par la Corée.
Ce fut au détriment d'une combattante coréenne, ce qui n'est pas évident. Cet exploit historique qui plaça le Maroc parmi les meilleurs au monde est passé sous silence par la presse nationale.
Le Matin du Sahara et du Maghreb s'est fait l'exclusivité de ce sacre afin de rendre hommage à une championne qui a défendu le fanion presque une décennie et qui est prête à continuer à le faire pendant au moins deux autres années encore.