Spécial Elections 2007

Mauresmo, championne fragile devenue «la plus fière des femmes»

28 Janvier 2006 À 16:58

Championne aux qualités athlétiques exceptionnelles mais longtemps réputée trop fragile mentalement dans les grands rendez-vous, Amélie Mauresmo est devenue «la plus fière des femmes» en remportant samedi l'Open d'Australie de tennis.

«Finalement la persévérance et le travail paient», a dit la Française après sa victoire en finale sur la Belge Justine Henin-Hardenne.
Le sacre de Melbourne va permettre à Mauresmo de se défaire de l'image de perdante qui lui collait à la peau depuis son éclosion au plus haut niveau en 1999, année de sa première finale à l'Open d'Australie.

Il était temps car la délivrance intervient après 32 tentatives en Grand Chelem et à 26 ans, un âge où la plupart des grandes ont déjà étoffé leur palmarès depuis longtemps. A part la Tchèque Jana Novotna, titrée à Wimbledon à 29 ans à sa 45e participation, aucune joueuse n'a remporté son premier trophée majeur après une si longue attente.

Installée dans le Top 10 depuis 1999, à l'exception d'une courte interruption en 2000, Mauresmo semblait ne jamais devoir sortir de la catégorie des sportives inaptes à se transcender dans les grandes occasions.

Capable de battre n'importe qui dans une épreuve secondaire, comme en témoignaient ses 19 titres sur le circuit WTA, la N.1 tricolore semblait incapable de passer le cap en Grand Chelem. Pourtant Mauresmo avait tout essayé pour s'imposer enfin dans les seules épreuves qui comptent vraiment lorsqu'on veut marquer l'histoire du tennis.

En 2004, elle avait mis en péril sa cote d'amour auprès du public français, alors qu'elle est selon les sondages une des sportives les plus aimées dans l'Hexagone, en sacrifiant l'équipe de Fed Cup qui s'apprêtait à aller défendre son titre en finale à Moscou.
Objectif: se ménager une période de repos et de préparation plus longue pour attaquer dans les meilleures conditions l'Open d'Australie, où le Rebound Ace convient bien à son jeu tout en lift. Deux mois plus tard, elle perdait en quarts de finale contre Serena Williams.

Au printemps suivant, pour préparer Roland-Garros, elle avait fait équipe avec Yannick Noah, l'idole qui lui avait donné envie de prendre sa première raquette, à l'âge de quatre ans, l'année où il avait lui même remporté le Grand Chelem sur terre battue. A la clé, une défaite cinglante dès le troisième tour.

Après tant de revers, Amélie Mauresmo a commencé à se demander si son heure finirait par sonner un jour. «Toutes ces questions ont trotté dans ma tête, même si je disais le contraire», a-t-elle avoué samedi. Le tournant psychologique ne date que de novembre dernier. Alors qu'elle était au fond du trou quelques semaines auparavant, Mauresmo remporte un peu à la surprise générale le Masters à Los Angeles.

«Je me suis prouvé que j'étais capable de gagner un grand tournoi contre de grandes joueuses. Avant ce n'était pas le cas à 100%», a-t-elle expliqué.
Avec sa victoire à Melbourne, Mauresmo n'espère pas avoir fait taire toutes les critiques d'un seul coup. «Il y en a qui vont dire que j'ai gagné parce qu'elle a abandonné. Ca ne sera jamais parfait. Mais ma satisfaction intérieure est très grande», a-t-elle dit.

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