Yori Djorkaeff, salut l'artiste !
LE MATIN
14 Octobre 2006
À 15:08
Il a décidé de prendre sa retraite en fin de saison. Ce départ met fin à une carrière prodigieuse ponctuée par des titres et des distinctions en tout genre à la tête desquels trônent un titre de champion du monde et un autre de champion d'Europe.
Né un 9 mars 1968 à Lyon de père d'origine Kamlouk (Mongoles de Russie) et de mère d'ascendance arménienne, Youri a hérité cette passion d'un père lui-même ancien joueur international français, surnommé affectueusement par ses coéquipiers «Tchoucki», qui termine sa carrière en 1982.
Cette passion paternelle ne pouvait laisser le petit Youri indifférent. Il fera ses premières armes en division II au sein du club du FC Grenoble avant d'opter pour le RC Strasbourg. Mais la véritable éclosion se fera au sein du club de la Principauté, l'AS Monaco. Là, il va démontrer un sens inné pour les buts et un incorrigible penchant pour l'évolution entre les lignes.
Tantôt attaquant, tantôt milieu de terrain, ce joueur polyvalent ne s'est jamais départi de son amour pour le beau jeu. Ses entraîneurs, s'ils ne savent trop où le mettre, reconnaissent, unanimement, son influence sur le jeu et son inénarrable efficacité à l'approche des buts adverses.
Son réalisme dans les surfaces de réparation a, toujours, fait de lui un joueur craint des défenseurs. Fin technicien, il est en mesure de mettre dans le vent n'importe quel défenseur.
Ses longs et harassants entraînements pour maîtriser les coups francs lui ont valu, au sein de ses coéquipiers, le surnom de «The Snak», le serpent. Ses tirs aux coups francs prennent des trajectoires sinueuses comme le ferait un reptile.
Le monde du football, émerveillé, découvrira, réellement, ce joueur pétri de qualités, lors de la saison 1993-1994. Il va briller de mille feux dans le championnat français éclaboussant, partenaire et adversaire de sa grande classe.
Et comme bonus, il achève la saison à la tête des buteurs du championnat avec 21 buts ! Ces qualités intrinsèques lui ouvriront les portes du «Club France». Les Tricolores accueilleront, comme il se doit, ce joueur dont l'arrivée allait apporter un plus aux Bleus.
Gérard Houllier, lui accordera une confiance sans limites. Sa première sélection, il va l'arracher contre Israël.
Elle ne sera pas de bon augure puisque l'équipe de France sera battue par 3-2 !!
Mais qu'à cela ne tienne ! Youri Djorkaeff est désormais chez les Bleus et il entend y rester en comptant sur ses propres qualités.
Lorsque la sélection française changera de coach (arrivée de Aimé Jacquet, Youri, lui, ne changera ni sa façon de jouer, ni son sens des buts.
Sous l'ère Jacquet, les dieux du football paraissent avoir pris Djorkaeff junior sous leurs ailes. Il va continuer à percer les défenses adverses au grand plaisir du célèbre technicien français. Son sens du placement devant les buts de l'adversaire et son intuition vont occulter son jeu très individualiste et ses replis défensifs.
En 1995, l'ex-Grenoblois ne pouvait pas rester sourd aux appels incessants des sirènes de la capitale lumière, Paris ! Le célèbre club parisien, le Paris Saint-Germain, enrôlera ce joueur fantastique dont le rendement octroiera au PSG le trophée européen de la Coupe des coupes.
Sa complicité avec le meneur de jeu de l'équipe de France, Zineddine Zidane, fera des étincelles. Dommage que cette efficacité n'ait pas atteint les espoirs escomptés. La France sera éliminée en demi-finale de l'Euro-1996, organisée en Angleterre.
L'arrêt de Bosman va être pour beaucoup dans le départ de Youri sous d'autres cieux ! L'Europe étant ouverte à tous les joueurs qui peuvent circuler plus librement, Djorkaeff va monnayer ce talent incommensurable chez le voisin transalpin. C'est à l'Inter Milan qu'il va atterrir ! Le club italien de renom découvrira ce grand joueur.
Il s'imposera, illico presto, comme un titulaire à part entière.
Pourtant, le club italien ne manquait pas alors de stars.
Sur sa lancée, Youri décrochera le titre de champion du monde (1998) et celui de champion d'Europe (2000). Après, l'étoile du «Parisien» commence à perdre de son éclat ! Il n'est plus ce joueur indiscutable chez les Tricolores.
Il quitte l'Inter où il faisait, pourtant, de belles choses en championnat italien.
Il fera des débuts prometteurs avec le champion sortant d'Allemagne, le Kaiserslautern. Mais les blessures répétées vont l'handicaper sérieusement.
Il parviendra à rejoindre, tant bien que mal, le «Club France» en Coupe du monde 2002. Une chance lui fut offerte, celle de devenir meneur de jeu des Bleus après la blessure de Zidane. Mais remplacer Zizou n'est pas à la portée du premier venu (fût-il Djorkaeff !).
Le naufrage collectif de l'équipe de France précipitera sa décision de prendre sa retraite internationale. Il jouera néanmoins pour Bolton et Blackburn Rovers (Angleterre) et Red Bull New York (Etat-Unis)
Aujourd'hui, Youri Djorkaeff quitte définitivement le football en fin de saison. Salut l'artiste !!