Signature du recueil «L'écume des mots»
Les poèmes d'Amina Benmansour sont très appréciés par le milieu universitaire
LE MATIN
28 Janvier 2007
À 16:18
Ils étaient nombreux à assister à la signature du dernier recueil d'Amina Benmansour «L'écume des mots». Professeurs universitaires, intellectuels ou encore des férus de la poésie ont « envahi » la librairie Kalila Wa Dimna où s'est déroulé cet événement.
En effet, une forte présence de professeurs universitaires a accueilli la nouvelle avec un grand bonheur pour « faire revivre ce style extraordinaire », comme l'a bien souligné Rita El Khayat, qui a présenté le recueil et son auteur, Amina Benmasour, à laquelle elle voue un amour particulier.
«Elle est de ceux qui osent affronter le monde actuel par la foi de la littérature dans sa forme supérieure», affirme Rita, éditeur et complice d'Amina dans l'écriture de ses poésies et, de surcroît, contente, également, du fait que les femmes se sont emparées de la poésie plus que les hommes, malgré le retard de celles-ci dans l'accès à la littérature.
Pour Amina Benmansour, faire de la poésie est un désir de l'écriture qu'elle ne peut réaliser qu'en vers. « Je me suis essayée au roman, au théâtre qui est pourtant ma spécialité, sans trop de conviction, mais actuellement je me suis mise à la nouvelle», nous confie la poètesse, dont l'amour de la poésie est ancré dans sa vie depuis son jeune âge.
Encouragée par son milieu familial, avec un père fin lettré et épris de l'art sous toutes ses formes et réceptif à la beauté et à l'originalité des images, ainsi que la mélodie des sons. «Il avait une mémoire prodigieuse pour la poésie, citant des vers à la moindre occasion.
Par exemple, si l'un de ses enfants se plaignait pour des choses futiles ou se sentait gagné par le découragement, son remède le plus efficace venait de ses grands poètes, Ilia Abou Madi, Imrou Al Qais, Tarafa Ibnou Alabd, Abu Firas Al Hamadani, Abu Alqacem Achabbi, Ahmed Chawqi et d'autres», nous confie t-elle.
Mais le répertoire d'Amina Benmansour est beaucoup plus vaste, puisqu'il a englobé aussi bien les grands poètes français que la poésie populaire marocaine, comme Al Malhoun, Mririda N'ait Attik, les Aroubis qu'elle a vu chanter par les femmes de Fès quand elle était enfant. Par ailleurs, Amina n'hésite pas à définir la poésie comme de «la peinture parlante» et la peinture de «la poésie silencieuse».
D'où sa tendance de les associer tous les deux dans ses recueils comme, celui de «L'écume des mots» où les peintures de Karim Bennani ont illustré la couverture et accompagné quelques poèmes. Ces derniers abordent souvent la problématique de la femme qu'elle ne cesse de revendiquer. «Depuis que j'étais enfant, dans les années 50, j'ai été frappée par les inégalités entre hommes et femmes. Il y avait, à l'époque, une discrimination qui paraissait tout à fait naturelle, mais qui m'avait choquée personnellement.
Il y a eu en moi ce sentiment d'injustice que je traduis à travers les écrits, avec, peut-être, une révolte latente, en prêtant ma voix à celles qui ne savent pas écrire et celles qui sont soumises et ignorent leurs droits. Pour moi, c'est une manière de m'exprimer et de donner mon opinion», explique Amina Benmansour, dont l'avis est partagé par son amie Rita, qui «revendique avec elle la féminité de la poésie et la féminité dans cette forme d'art parachevée et gratuite».
Ainsi, le second recueil est un prolongement du premier, où beaucoup de poèmes n'ont pu être édités et ont attendu cette deuxième phase pour le compléter, constituant plusieurs titres comme liberté, le soleil, douleur, chant, femme, les doigts, mots d'amour, sonate, …où la femme est toujours présente et à travers lesquels Amina Benmansour évoque Qaîs et Laîla, Ziryab, l'Atlas et le Saiss.
Sa poésie a eu la chance d'être traduite en arabe par l'homme de lettres et journaliste, Boujamâa El Oufi, qui a révélé de façon manifeste son inspiration et ses acines marocaines. Ayant plusieurs cordes à son arc, Mme Amina, épouse Driss Kanouni est dévouée à beaucoup de choses. Elle est spécialisée dans le théâtre en français et dirige, depuis septembre 1998, le séminaire de théâtre comparé au sein de l'UFR «Langues et cultures maghrébines et comparées» et figure dans le dictionnaire bibliographique des personnalités du Maroc, outre les décorations, prix ou distinction, dont le Wissam du Mérite National qu'elle s'est vu octroyer en mars 1993.
REPÈRES
Parcours
Vice-présidente de l'association Féminin pluriel
Membre du Conseil scientifique de la chaire Unesco «La femme et ses droits»
Membre fondateur du Groupe universitaire d'études féminines en mars 1993
Vice-présidente de l'association Coordination des chercheurs en langue et littératures maghrébines et comparées
Membre de l'association Network recherche action civique
Membre-fondateur du Bureau régional de Rabat de l'association Espace point de départ pour la promotion de l'entreprise féminine.
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Pourquoi écrit-on la poésie?
On écrit la poésie parce qu'on en a envie ou parce qu'un élan irrésistible vous mène vers elle, et sans tomber dans cette vision - ô combien romantique et dépassée - du poète écrivant sous la dictée de la muse, parce qu'un besoin irrépressible vous y pousse.
Parce qu'il faut beaucoup de travail. Certes, cette petite étincelle éblouissante et fulgurante qu'on peut nommer - si l'on veut - inspiration est indispensable, mais tout le reste est du travail.
(Il faut une lueur, mais tout le reste est sueur).